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Critique d'album

The Tallest Man on Earth


Henry St.


(14/04/2023 - Anti- - - Genre : Chanson / Folk)
Produit par Pat Sullivan

1- Bless You / 2- Looking For Love / 3- Every Little Heart / 4- Slowly Rivers Turn / 5- Major League / 6- Henry St. / 7- In Your Garden Still / 8- Goodbye / 9- Italy / 10- New Religion / 11- Foothills
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Flames et erreurs d'une seconde jeunesse"
Valentin, le 01/05/2023
( mots)

Après plus de 10 ans de travail solitaire, Kristian Matsson a finalement décidé de former un groupe autour de lui et de sortir un premier album en collectif, toujours sous le nom de scène The Tallest Man On Earth. Ce ralliement aurait pu étonner s’il ne s’était pas réalisé dans un contexte de climatisation sociale lié à la pandémie mais aussi de contradictions de plus en plus apparentes dans la carrière du suédois : Dark Bird is Home tentait de densifier la folk brute et intime des albums initiaux avec un bricolage d’arrangements souvent maladroit qui déséquilibrait des compositions autrement minimalistes, tandis que I Love You. It’s a Fever Dream. forçait un retour un peu amer vers la simplicité sans pour autant retrouver l’inspiration originelle. La dure vérité demeure pourtant que, jusqu’à aujourd’hui, la folk de l’homme le plus grand du monde a toujours paradoxalement brillé dans sa forme la plus sobre et personnelle, c’est à dire taillée avec le moins de manœuvres possibles pour ensuite être doucement accueillie au fond d’un chalet. 


On s’émerveille rapidement devant la restauration de cette vieille cabane avec "Bless You", le premier titre dévoilant la nouvelle équipe au complet. La folk autrefois élémentaire et très associée à l’inévitable Bob Dylan se voit donc élargie d’une guitare électrique, d’une section rythmique amplifiée et de quelques gouttes de piano, mais c’est davantage le traitement du son résolument moderne qui va dessiner l’illusion du rajeunissement de Matsson. Même si le morceau se construit à nouveau autour de la guitare sèche du suédois et de son chant passionné, "Bless you" se revêt ici d’une enveloppe radieuse et sereine afin de célébrer les passions retrouvées et l’abolition de l’isolement, qu’il soit musical ou non. Le visuel de ce septième album et les réalisations de cette introduction semblent alors en parfaite harmonie, avec ce cœur fiévreux au teint sépia bordé d’une verdure épaisse et rassurante. Sur les mêmes thématiques mais dans un registre plus feutré, on sera de nouveau ébloui lorsque les premiers rayons de lumière de "New Religion" s’appliqueront délicatement sur sa pelouse couverte de rosée. Les arrangements de cordes et de vents y sont notamment remarquables de par leur pudeur malgré leur centralité dans le développement émotionnel  de cette composition qui devient facilement un incontournable dans le catalogue du plus américain des suédois. Henry St. constitue à ce jour la meilleure intention de Kristian Matsson face à cette impasse créative qui l’empêchait de trouver seul les conditions de son renouvellement. "Every Little Heart" laisse s’envoler quelques braises de sa rythmique flamboyante, "Major League" trouve une forme d’urgence dans son jeu de banjo insondable, "Goodbye" et "Italy" se permettent d’être plus contemplatifs et crépusculaires : on enchaîne alors les détours agréables tout au long de la promenade et les premières écoutes paraissent d’une rare générosité. 


Ce septième album ne montre ses faiblesses que lorsque l’on tente de s’y plonger avec le même élan qu’autrefois, et on ne remarque donc que tardivement les lacunes sérieuses du disque en termes d’écriture : sans doute que l’on aimait se complaire dans l’idée que la poésie du suédois avait quelque chose d’éternel, tant elle résistait vigoureusement à chaque nouvelle itération de sa musique comme un repère fondamental et incontestable de son art. Pourtant, ce disque s’inflige régulièrement des poncifs inexplicables sur des thèmes déjà assez peu stimulants, tournant principalement autour de la joie retrouvée dans le collectif et d’une réflexion sempiternelle autour du rôle du musicien pour finalement atteindre des enseignements d’une lourdeur digne du dépaysant mais candide Into The Wild de Sean Pean. “Looking for Love” dépeint sans charme une énième quête d’amour désespérée ("We are tied to the wind / and everything must blow / Oh, these humbling old wings / Suddenly we're gone") en plus d’être embarassé par un piano simplet et “Henry St.” n’est qu’un avertissement basique pour une imminente crise de la quarantaine, beaucoup trop générique pour être engageant. La production moderne peut également contribuer à la déconvenue lorsqu'elle polie à outrance les aspérités des enregistrements, particulièrement sur le piano du dernier titre cité qui souffre d’une comparaison facile avec les autres trêves mélancoliques de la discographie du suédois – par exemple "Kids on the Run" sur The Wild Hunt.


Sans atteindre un point de non retour, on regrette donc parfois ces désormais lointaines cascades d’images insaisissables teintées de rêve et de nostalgie – surtout lorsque l’on doit subir ce qui peut ressembler à un romantisme bucolique de seconde zone ("Can we just sing our song / Until we sing it right? / You'll be the rolling cloud / I'll be the endless sky") – mais on reste globalement séduit par le virage stylistique entamé par Matsson, tant il montre des premiers signes encourageants pour une nouvelle folk tendre et versatile à laquelle il ne manque qu’un soupçon d’âme ou de personnalité pour donner envie d’y retourner. C’est comme si, dans un excès d’enthousiasme pour ce nouveau paradigme, The Tallest Man on Earth s’était un peu laissé emporter et avait accidentellement redéfini ses priorités – ce qui semble finalement assez facile à corriger pour la suite. On continuera donc de se passionner pour ce nom tant que son souffle restera aussi enivrant, tout en espérant qu’il n’abandonne pas définitivement ce qui rendait sa vocation si intense en premier lieu.


A écouter : "Bless You", "New Religion", "Italy"


 

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