Rhys Marsh
October After All
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1- River / 2- Long Way Back / 3- Golden Lullabies / 4- Ride the New Wave / 5- The Butterflies / 6- Let It Be Known! / 7- One Hundred Memories / 8- The Summer Days / 9- '22' / 10- (It Will Be) October after All
Si comme l'expose admirablement George Sand, "l'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver", on comprend dès lors pourquoi le second album de Rhys Marsh, multi-instrumentiste anglais qui a élu domicile dans les paysages gelés de la Norvège, rend particulièrement hommage au mois d'octobre.
Saison marquée par une forme de douce langueur nostalgique, à mesure que la grisaille et le brouillard s'installent et que la durée du jour ne cesse de se réduire pour laisser la place à des nuits plus tristes et froides, l'automne est le parfait vecteur des mélodies douces-amères de Rhys Marsh, toujours sublimées par des arrangements mélancoliques subtils et délicats. Il faut dire que le chanteur, musicien, compositeur et producteur n'en est pas à son premier coup d'essai. Celui qui cultive la ressemblance avec un certain Tim Bowness (ce dernier pose d'ailleurs sa voix sur quelques titres de l'album) porte depuis de nombreuses années, outre sa carrière solo dont il est ici question, de nombreux projets musicaux avec les groupes The Autumn Ghost, Kaukasus ou Mandala.
Instrumentiste complet capable d'officier aussi bien à la guitare qu'aux claviers et aux percussions, Rhys Marsh possède une signature vocale particulièrement intéressante qui rappelle Tim Bowness dans sa manière de poser la voix, et qui se révèle capable de délivrer des émotions palpables avec un chant vibrant et pétri de spleen.
Après Sentiment, paru en 2014, Rhys Marsh livre sur ce October After All des paysages musicaux figés dans une vaine impassibilité, sur le point d'être dépouillés de leurs couleurs par la complainte élégiaque d'un saxophone, d'un air de mellotron plaintif ou au contraire entraînés dans une fuite en avant désespérée, comme pour garder un pied dans l'été mourant, par des chansons légères aux allants pop irrésistibles.
L'Anglais livre une partition aérienne en 10 titres aux contours mélodiques élégamment tracés, parfaitement composés, joués et interprétés par lui-même (mis à part les passages au saxophone). L'album recèle des titres à mi-chemin entre la pop mélancolique au charme léger et direct, à l'image de l'introductif "River", diablement efficace avec son refrain entraînant et accrocheur, et le rock progressif avec des structures mélodiques plus complexes, inattendues et audacieuses comme le superbe morceau de conclusion de près de 7 minutes particulièrement sombre et hanté.
Rhys March joue habilement du mariage entre les sonorités modernes de l'électro, les interventions teintées de jazz du saxophone et l'atmosphère atmosphérique qui se dégage des compositions assez lentes, marquée par un travail délicat sur les harmonies vocales et les textures de claviers, à l'image du très beau "Golden Lullabies", du titre "22" et sa flûte virevoltante ou encore sur "The Butterflies", également porté par de discrets accords de guitare acoustique. Le mélange de styles est particulièrement réussi sur "Long Way Back" qui parvient à la fois à évoquer avec sa boucle au synthétiseur le thème de "All I Need" de Radiohead, l'électro-pop entraînante de Metronomy et les ambiances mid-tempo plus feutrées développées par Tim Bowness.
Rhys Marsh se livre également de façon sporadique à des poussées de fièvres dramatiques donnant une ampleur majestueuse au spleen qui habite l'album, comme ce chorus en forme de crescendo glacial sur "Ride The New Wave" ou ces claviers analogiques conquérants sur "Let It Be Known !". Et que dire encore une fois du titre final, marche funèbre à l'intensité dramatique pétrifiante qui laisse place à un pont tout en douceur avant de revenir à la charge avec un solo de saxophone conclusif.
Malgré quelques titres un peu plus faibles ("One Hundred Memories" ou "The Summer Days"), Rhys Marsh confirme son talent pour écrire et interpréter de belles mélodies qui marquent l'auditeur par leur sensibilité et qui feront mouche pour tous les amateurs de paysages sonores mélancoliques qui affectionnent particulièrement les atmosphères feutrées du spleen automnal.