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Critique d'album

Kurt Vile


(watch my moves)


(15/04/2022 - - - Genre : Rock)
Produit par

1- Goin on a Plane Today / 2- Flyin (like a fast train) / 3- Palace of OKV in Reverse / 4- Like Exploding Stones / 5- Mount Airy Hill (Way Gone) / 6- Hey Like A Child / 7- Jesus On A Wire / 8- Fo Sho / 9- Cool Water / 10- Chazzy Don't Mind / 11- (shiny things) / 12- Say the Word / 13- Wages of Sin / 14- Kurt Runner / 15- Stuffed Leopard
Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un parterre de feuilles coloré, chaud et réconfortant."
Mathieu, le 01/02/2023
( mots)


L’exercice du double album a, de nos jours, raison de questionner. A l’heure de la dispersion du contenu musical et son accessibilité massive, les motivations et la pertinence de cet exercice de style interrogent.


En vogue dans les années 60/70 pour désigner un album nécessitant le pressage de deux disques vinyles (l’album blanc des Beatles, Exile on Main St. des Stones parmi les plus cités), le terme est aujourd’hui employé pour désigner un album avoisinant l’heure et quart de musique. Bien souvent choisi pour orienter le tout – on parle des fameux concept album (le on ne peut plus célèbre Mellon Collie and the Infinite Sadness des Smashing Pumkins) - il peut également, sans fil conducteur prédéfini, être prétexte à un sursaut d’orgueil créatif (en conséquence à une pandémie mondiale, simple exemple). Ne nions en effet pas le fait que depuis cet évènement international inédit, les doubles se sont bousculés dans nos bacs, tout du moins au sein de notre sphère rock. Citons entre autres le lumineux diptyque DAY/NIGHT des Parcels, l'ambitieux Dragon New Warm Mountain I Believe In You de la bande à Adrianne Lenker, les Big Thief paru en début d’année dernière ou encore le condensé de savoir-faire proposé par nos stakhanovistes Aussies préférés : les King Gizzard and the Lizard Wizard (comme s’il n'était déjà pas surhumain de s’engager dans leur discographie, déjà des plus denses...). Nos chers Red Hot Chili Peppers ont même poussé le vice encore plus loin en proposant, à 6 mois d’intervalle, deux massifs doubles albums, soit près de 2 bonnes heures et demi de musique !


L'exercice peut donc s’avérer concluant (ou pas), lorsque le groupe possède une fanbase d’auditeurs fidèle et assidue, capable d'ingurgiter une telle quantité de nouveau contenu. Qu’on se le dise d’emblée, aborder un double album n’est pas chose aisée, et nos vies bien remplies ne facilitent clairement pas l’exercice. Qu’il est compliqué de nos jours de consacrer un quinzième de sa journée à un album de rock, sachant qui plus est, que l’appréhension complète de l’œuvre nécessite inévitablement bien plus qu’une paire d’écoutes attentive.


Intéressons-nous ici au cas Kurt Vile, notre vieux briscard du slacker rock (un rock “à la cool” - un petit coucou à Courtney Barnett et Mac DeMarco) qui ne fait désormais qu’un avec le concept de double album, ayant proposé depuis 2013 quatre disques franchissant sans problèmes l’heure d’écoute. Pour ne pas faire entorse à cette désormais quasi tradition, notre joyeux luron était de retour en sortie de pandémie avec (watch my moves), toujours aussi détendu, quoiqu’un tantinet plus rêveur et nostalgique. C’est après avoir frappé un grand coup en 2018 avec Bottle it In (en plus d’avoir intégré la short list de Barack Obama avec “One Trick Ponies”), que le Philadelphien a quitté la crème du label indé (Matador), pour rejoindre l’historique label jazz Verve Records. Alors que certains songeaient à un revirement stylistique, il n’en est finalement rien à la découverte de ce nouvel opus, imaginé, maturé et auto-produit par l’intéressé dans son petit home studio (le OKV central), érigé en conséquence de la pandémie.


Ce 9e album studio se présente à nous comme une véritable ode mélodique à la contemplation et embrasse pleinement les influences les plus indie-folk de l’intéressé, palpables dès la ritournelle introductive. “Going on a Plane Today”, ses quelques notes de pianos et son agréable nappe cuivrée, amorcent, la tête dans les nuages, un périple aérien virevoltant autour de l’esprit occupé de notre slacker sudiste préféré. N’espérez guère de folles envolées électriques ici (bien que “Fo Sho” fasse le job), l’ensemble fait essentiellement dans le low/mid tempos et se voit magnifié par les touches psychés habituelles et toujours d’aussi bon goût. Rêveur usant de ses boucles synthétiques hypnotisantes (“Palace of OKV in Reverse”) et ses nappes de guitares blindées de reverb’ (“Like Exploding Stones”), le père fondateur des excellents The War and Drugs façonne ici une véritable fresque musicale aux nuances multiples, tel un parterre de feuilles mortes au début de l’automne, riche de ses couleurs réconfortantes.


Question réconfort justement, le disque tape en plein dans le mille. Qu’il est bon de se laisser emporter par la chaleur éphémère d’une profonde ligne basse, un malin et sautillant doigté en arpège (“Say the World”, qui élève un peu le tempo) ou par le phrasé toujours aussi nonchalant de l’artiste, fidèle à lui-même (on n'est pas slacker pour rien). Prenez “Mount Airy Hill (Way Gone)” en parfait condensé de ce savoir-faire solide qui n'est désormais plus à démontrer.


Au détour de cette coolitude dominante, on appréciera d'autant plus les compositions un brin plus édulcorées, permettant de ne pas égarer l’auditeur en plein vol. La superposition de guitares bien sentie sur “Hey Like a Child”, le wah wah de “Cool Water” ou la production délicate de “Jesus on a Wire”, guitare acoustique sous le bras, en harmonie avec une Cate Le Bon prêtant sa voix pour l’occasion et déversant son aura chaleureuse, ramènent un certain dynamisme appréciable nécessaire à la cohésion de l’ensemble.


Pas le temps de regarder sa montre qu’une heure s’est déjà écoulée. Le dernier quart d'heure s’avèrera cependant un peu plus laborieux et brin lassant, la faute à un minimalisme un peu trop poussé, ébréchant la consistance de l’album (pourquoi “Kurt Runner” est tiré sur plus de 3 minutes alors qu’il sonne comme un simple interlude ?). Un arrangement différent de la tracklist aurait peut-être permis de surmonter ce facteur lassitude qui s’installe doucement et malgré nous. Nous parlions en début de chronique de la prise de risque de l'exercice, notre cher Vile semble justement avoir été un brin trop gourmant sur ce coup-ci.


Une chose reste néanmoins certaine, la pandémie n’a pas empli notre Philadelphien de pensées négatives en le plongeant dans la déprime la plus totale. Celui-ci semble plutôt avoir vécu cet évènement comme un simple parenthèse lui permettant de se consacrer pleinement à son art, un peu comme un trip solitaire contemplatif, mais celui du genre à ne pas vous foutre le cafard, bien au contraire. Et nous aurions tort de ne pas en profiter.


 




A écouter : “Mount Airy Hill (Way Gone)”, “Jesus On a Wire”,  “Cool Water” 


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