Les dix albums de rock préférés de Guillaume
Nos lecteurs ont aimablement suggéré à chacun d'entre nous de leur faire part de nos dix meilleurs albums de rock de tous les temps. Tâche apparemment facile mais qui constitue pour les mélomanes que nous sommes de véritables cas de conscience. On retrouve un peu la même indécision qu’on avait quand on "faisait une cassette" pour un copain ou pire, pour une fille… L’envie de tout faire connaître, quoi sacrifier, à quel dose inclure du mainstream… Bref, j’ai eu la joie de retrouver toutes ces sensations en faisant ma sélection.
Passons aux choses sérieuses...
Et d’abord voici ce que je n’ai pas fait : chercher à lister la discothèque rock idéale, de très nombreux ouvrages traitent déjà le sujet en profondeur. Soyez donc prêts à ne trouver aucun album des Rolling Stones, de Pink Floyd, de Queen, des Beatles ou de Led Zeppelin. L’enjeu ici consiste plutôt à faire ressortir les disques plus ou moins méconnus de notre panthéon personnel.
Il y a évidemment des blockbusters qui ont compté dans mon parcours de fan de rock, et les doigts des deux mains ne suffiraient pas à les énumérer. A l’époque de leur sortie évidemment il était impossible de savoir que Smash de The Offspring ou Californication des Red Hot Chili Peppers deviendraient cultes, mais je vais volontairement écarter tous ces albums - à deux exceptions près - pour éviter les redondances entre rédacteurs.
Compte tenu de la haute subjectivité qui nous est demandée, il y a une forte part d’histoire personnelle dans la liste qui suit. Je partage donc avec vous ce coup d’oeil dans le rétroviseur par ordre chronologique de découverte.
Les commentaires sont ouverts, notre plus belle récompense serait de vous avoir fait faire une ou deux belles découvertes...
Et n'oubliez pas d'écouter toute cette musique de chez vous!
Bad Company - Bad Company (1974 - Island Records)
Mes parents écoutaient souvent des disques le samedi matin à la maison et ça n’avait jamais éveillé d’intérêt particulier chez moi jusqu’à ce que mon père passe le premier Bad Company. C’était déjà un disque un peu vieux sorti presque quinze ans auparavant. Autant j’aimais regarder les disques tourner sur la platine autant cette fois ci j’étais fasciné par ce que j’entendais. Je n’avais pas même dix ans donc j’étais loin des considérations de style, toutes ces années après la vibration reste la même. Il y a pire que Bad Company pour tomber amoureux du rock.
Suggestion : "Can’t Get Enough"
Al Stewart - Time Passages (1978 - RCA)
Petit je fixais la pochette pendant de longues minutes, une caravane en plein grand canyon aspirée, pixélisée, et qui m’a longtemps fait croire qu’Al Stewart était américain. Time Passages c’était la musique douce et élégante que ma mère mettait au petit déjeuner en alternance avec Teaser And The Firecat de Cat Stevens, mais je préférais Stewart, figure majeure du soft rock en vogue à la fin des années 70. Time Passages, produit par Alan Parsons, servi par ce qui se faisait de mieux parmi les musiciens britanniques du moment, plus Jeff Porcaro qui joue sur un titre, s’était taillé un beau succès lors de sa sortie. Aujourd’hui il est un classique plus confidentiel que j’écoute toujours avec le même bonheur.
Suggestion : "Time Passages"
Rage Against The Machine - Rage Against The Machine (1992 - Epic)
Voilà un blockbuster que je retiens dans ma liste. Album essentiel pour des millions de gens, il l’est pour moi car c’est le disque fondateur de ma culture rock personnelle. C’est à partir du moment où j’ai entendu RATM que je me suis émancipé des vinyles de mes parents et de la musique qui passait à la radio et à la télévision. Un copain m’avait copié une cassette de l’album et je l’écoutais en boucle dans un objet aujourd’hui disparu, un baladeur Panasonic de grand luxe puisqu’autoreverse. A ce moment, moi qui ne jouait de rien j’ai su que je voudrais jouer du rock, sans fixette sur un instrument. Et même si par la suite Brad Wilk ne m’a pas beaucoup influencé dans mon jeu de batteur je dois à RATM beaucoup de mon envie de devenir musicien.
Suggestion : "Know Your Enemy"
NOFX - I Heard They Suck Live (1995 - Fat Wreck Chords)
A l’époque de la préhistoire, avant internet, certains groupes bénéficiaient d’une sorte d’aura mystique. NOFX, mais aussi Lagwagon, No Use For A Name, Satanic Surfers, Milencolin, leurs disques étaient beaucoup moins bien distribués que leurs t-shirts et coûtaient le double d’un cd normal mais leur musique était attirante, joyeuse, tonique, tout l’inverse du grunge dont on sortait ; il fallait avoir la chance d’avoir dans ses potes quelqu’un qui avait un disque. Ainsi j’ai récupéré ce live qui m’a scotché par la vitesse et l’attitude des musiciens qui ont représenté à ce moment le summum du cool.
Suggestion : "You Drink, You Drive, You Spill"
Ska-P - El Vals Del Obrero (1996 - RCA)
Il ne faut pas renier ses premières amours! Et même si j’ai rangé aujourd’hui cet album dans la catégorie des plaisirs coupables El Vals Del Obrero reste une référence du ska punk. La dimension politique de leurs textes ne m’importait pas beaucoup à l’époque, j’ai d’ailleurs fini par être plutôt en accord avec eux. Une chose certaine, en français ma mère m’aurait interdit d’écouter ça à quatorze ans!
Suggestion : "El Vals Del Obrero"
Nada Surf - The Proximity Effect (1998 - Elektra)
A la fin des années 90 les fans de rock se donnaient rendez-vous vers 18h30 sur Canal+ pour le live. Case devenue mythique , les plus grands groupes sont venus pendant quelques années offrir un titre en direct, parfois deux les jours de grande cuvée. Pas de replay, peu de magnétoscopes il fallait être présent au bon moment. Et le lendemain on parlait de la claque qu’on avait pris ou pas. J’ai donc pris le choc de "Firecracker" en direct. J’avais évidemment en mémoire "Popular", leur tube carte de visite, mais "Firecracker" m’est apparue une chanson encore meilleure. De la puissance certes, en particulier un final rugueux, mais aussi un côté moins rutilant, plus technique en batterie. Cet album a bâti une passerelle entre rock indé et power pop et offert au monde treize bijoux musicaux dont je redécouvre encore la richesse à chaque écoute.
Suggestion : "Firecracker"
Pantera - The Great Southern Trendkill (1996 - EastWest)
Faisons simple je n’avais jamais rien entendu d’aussi violent au moment où j’ai pris en pleine face le hurlement introductif de Phil Anselmo sur le morceau titre. Ressenti comme un véritable tour de grand huit, je suis sorti de l’expérience surexcité et impatient d’y retourner! Quel défouloir, et quel batteur que ce Vinnie Paul!
Suggestion : "The Great Southern Trendkill" (attention ça part vite)
Muse - Absolution (2003 - EastWest)
En 2003 le trio anglais s’était déjà forgé une solide réputation mais restait encore parfois assimilé à Jeff Buckley ou Radiohead. Absolution, leur troisième album les a imposé comme un groupe majeur du rock. Toujours considéré comme leur chef d’oeuvre par les fans de la première heure, ce disque a représenté pendant quelques années pour moi une sorte d’idéal musical, l’alignement parfait des planètes.
Suggestion : "Time Is Running Out"
Burning Brides - Leave No Ashes (2004 - V2)
Formé autour du couple à la ville Dimitri Coats et Melanie Campbell les Burning Brides aurait du connaître un autre destin. Leur deuxième album reste après quinze un de mes disques de rock les plus estimés, dégageant une sorte de rage macabre plutôt positive au final.
Suggestion : "Alternative Teenage Suicide"
Brian Wilson - SMiLE (2004 - Rhino Records)
J’ai toujours aimé les Beach Boys mais d’un peu loin, me contentant des tubes et en étant vaguement au courant d’une histoire mouvementée. Mieux vaut tard que jamais j’ai véritablement fait la connaissance de ce chef d’oeuvre en rédigeant ma chronique pour Albumrock. Disque à la fois génial, anachronique au moment de sa sortie, intemporel, SMiLE a tout du compagnon idéal en cette période où la morosité nous menace.
Suggestion : "Good Vibrations"