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Compte-rendu de concert

Iggy Pop


Date : 13/08/2015
Salle : Foire aux vins (Colmar)
Première partie : Dropkick Murphys

L'Iguane a fait le zouave, déclenché la colère de Zeus et déchainé les éléments, mais qu'est ce que c'était bon.

Etienne, le 20/08/2015
( mots)

La foire aux vins d'Alsace. L'occasion de se renseigner (en toute modération bien sûr) sur les qualités des délicieux nectars provenant des vignobles bas-rhinois et haut-rhinois, aux sons des whistles irlandais des Dropkick Murphys ou des accords gras et du lyrisme graveleux d'Iggy Pop. Une belle affiche en somme que cette association entre les représentants émérites du punk celtique et le légendaire père du punk / garage rock. C'était sans compter sur la présence de Fauve, qui vient clairement plomber une affiche aux airs de grande fête de rock et qui, au grand dam du plus grand nombre, sera programmé en fin de concert. La cohérence de la programmation laisse un peu à désirer sur ce point...

Impossible donc d'être présent à 19h pétantes pour le début du show des Dropkick Murphys et c'est donc depuis le parking qu'on entend résonner les premiers refrains fédérateurs des irlandais d'adoption: "The boys are back, the boys are back, the boys are back and they're looking for trouble". "Prisoner's Song" commence en même temps qu'on pénètre dans un théâtre bien moins bondé que l'an dernier pour le concert de Simple Minds et Texas. Autant dire que la bonne humeur est de mise à Colmar et les mélodies des boys du Massachussets déclenchent instantanément claquements de mains, sourires en coin et reprises en choeurs des refrains braillés avec ces raclements vocaux si singuliers du pays des Leprechaums. Al Barr et son indéboulonnable béret se partagent le chant avec un Ken Casey très en forme, les deux compères n'hésitant pas à arpenter la scène de long en large pour arranguer une fosse déchainée. Une sympathie sincère pour un public réceptif aux sons des bodhràns, accordéons, banjo et autres mandolines.

Les Dropkick Murphys font, pendant une heure durant, étalage de toute une palette d'instruments aussi singuliers que rares et maitrisent parfaitement les enchainements de chansons et changements de matériel à vive allure. La setlist a beau être axée principalement sur le récent (et tout bonnement excellent) Signed and Sealed in Blood ("Rose Tattoo", "Jimmy Collins Wake"), les boys de Quincy délivrent quelques perles de Going Out of Style (le traditionnel "The Irish Rover") ou The Meanest of Times ("Johnny, I Hardly Knew Ya" avec un accent à couper au couteau). La toute petite heure qui leur a été allouée ne leur permet malheureusement aucune interlude singificative pour échanger avec le public mais les mains claquent sans demande dès l'introduction du culte "State of Massachussets" et "I'm Shipping Up to Boston", chansons rendues célèbres par leur utilisation dans les Infiltrés de Scorsese. Mention spéciale pour la reprise avinée de "Jailbreak" de leurs célèbres aïeux de Thin Lizzy: un régal.

Ce sont d'ailleurs ces deux chansons qui conclueront à merveille un set endiablé, inspiré, viril et parfaitement exécuté: la foire aux Vins d'Alsace s'est transformé le temps d'un concert en immense pub géant. On en aurait bien voulu plus mais à défaut d'être rassasié en irish punk, le théâtre de Colmar est chauffé à blanc pour la venue de l'Iguane.

Avant de décortiquer la performance d'Iggy Pop, un peu d'Histoire s'impose. Avec un grand "H" oui, car il est de ces artistes marquants, l'égal d'un Bowie, d'un Lou Reed ou d'un Joe Strummer. Iggy Pop, c'est le précurseur du punk rock, celui qui avec les Stooges, a tout explosé à la fin des années 60 et qui mérite, autant que Black Sab' ou Led Zep', qu'on lui voue un culte irrationnel. Mais les Stooges (et Iggy Pop donc), c'est aussi une mentalité proche de l'anarchisme scénique, noyée dans un océan de substances diverses, où un saxophone éraillé côtoie un chanteur exhibitionniste et dont le vocabulaire se résume à F*CK. Repenti de ses années noires, et passé par de longues périodes de disette musicale entrecoupées de séjours plus ou moins longs en cure de désintoxication, l'Iguane s'est relevé et assume son statut de père du punk en venant ruiner les scènes (dans une proportion moindre que dans sa jeunesse quand même) du monde entier. Iggy Pop est toujours debout (c'est un miracle soit dit en passant) et il est bien décidé à s'amuser.

C'est donc tout sourire et sautillant malgré un gêne notoire à la hanche (jambe ?) qu'il fait son entrée sous un tonnerre d'applaudissements et entonne un "No Fun" épique. Le son est dantesque, lourd, gras, un poil fort mais qu'importe, c'est un monument du rock qui s'érige devant un public particulièrement jeune. Le gain dans la voix d'Iggy semble trop présent et sa gouaille vocale singulière transparait mal dans cette distorsion ambiante trop prononcée. Pourtant Iggy semble avoir appris à chanter (si si) et on se réjouit de le voir tenter quelques vocalises improvisées sur le cultissime "I Wanna Be Your (Fucking) Dog". Le blouson de cuir est déjà par terre et le fauve est lâché: cri d'animaux, jeté de pied de micro, défrocage, usage de son mot préféré à tort et à travers, lancer de micro, pas de doute Iggy n'a rien perdu de sa fougue d'antan. C'est un jeune homme de 68 ans qui fait le show, bien aidé par un batteur d'un formidable feeling et un bassiste en trans' totale.

Débarassé du poids du patrimoine musical de son ancienne formation, l'Iguane lance "The ¨Passenger" et emporte la foule qui, debout, est aux anges. Il faut dire que la chanson n'a pas pris une ride malgré des paroles d'une simplicité enfantine et un refrain tout en "La La LaaaaLa Laaa Lalala" repris joyeussement en choeur par un théâtre noyé sous les trombes d'eau s'abbatant sur Colmar. A croire que les élucubrations salaces et les déhanchés explicites d'Iggy ont déclenché la colère des dieux... Néanmoins le répertoire solo du chanteur est particulièrement bien mis en avant ce soir et ses deux premiers (excellents) albums font écho encore en 2015, The Idiot et Lust For Life. Les énergiques "Sixteen" ou "Sister Midnight", où l'influence de Bowie est omniprésente, sont très réussis et s'accordent parfaitement aux plus récents "Skull Ring" ou "Real Wild One". "1969" en remet une couche pour les fans des Stooges et force est de constater que le groupe d'Ann Arbor était plus qu'un précurseur, mais d'une inspiration quasi-divine tant l'interprétation moderne rend justice à la puissance du titre. Pas un seul instant le décalage entre l'interprète et son jeune public ne s'installe, ni même une distance pudique rédibitoire et inhérente aux monstres sacrés du rock: ici, Iggy cherche du regard, descend dans la fosse pour toucher son public et demande (non, pas poliment) à allumer toutes les lumières pour voir la foule. Pas de fioritures, Iggy devient le temps d'un show, le bon copain, le joyeux luron qui fait rire tout le monde: géant du rock oui, sacré bon gars avant tout.

On pardonnera même à Iggy un son très moyen dans la longueur, sa voix s'effaçant peu à peu derrière une batterie bourrée de testostérone, et une fin de show étrange, lente et clairement impromptu. "Some Weird Sin" et "Mass Production", qui ne comptent clairement pas parmi les meilleures chansons de l'artiste, conclueront brutalement ce concert, où un rappel était plus que nécessaire. En à peine une heure et dix minutes, l'impression de gâchis prédomine en sortie de cette foire aux Vins tant le rappel proposé à Fourvières voilà un mois était alléchant ("I'm Bored", "Down in the Street").

En attendant, c'était un moment d'une grande intensité, une sorte de fête du rock menée par un showman d'une incroyable juvénilité. A croire que jouer très fort et très gras reste la meilleure cure de jouvence qui soit.

Setlist: 01. No Fun / 02. I Wanna Be Your Dog / 03. The Passenger / 04. Lust For Life / 05. Skull Ring / 06. Sixteen / 07. Five Foot One / 08. 1969 / 09. Sister Midnight / 10. Real Wild Child / 11. Nightclubbing / 12. Some Weird Sin / 13. Mass Production

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