Gojira
Salle : Zénith d'Auvergne (Clermont Ferrand)
Première partie :
C'est un Gojira triomphant qui survole une tournée française en 2025 passant par les zéniths de province, soit les plus grandes salles du territoire en dehors de la capitale et des quelques stades ouverts aux musiques vivantes. Triomphant parce que sa prestation lors des Jeux Olympiques de Paris lui a offert une visibilité exceptionnelle en 2024, confirmant de façon définitive que le combo est le plus gros phénomène français de l'histoire du Metal (je parle ici en termes d'audience, notamment internationale).
Il fallait tout de même remplir ces vastes palais du spectacle et le pari est globalement remporté : en ce qui concerne Clermont-Ferrand (ou plutôt Cournon d'Auvergne), le taux de remplissage est plus que satisfaisant sans que l'événement soit sold out.
La soirée commence à 19h30, mais Gojira n'apparaîtra sur scène qu'à 21h30. Entre temps, les deux heures seront comblées - outre les installations/désinstallations - par deux premières parties : les Danois de Neckbreakker déploient un set Death Metal moderne mais enraciné avec des pièces tirées de leur album Within the Viscera (2024) ; les Canadiens de Comeback Kid, petite gloire du Punk Hardcore, assurent un show énergique servi par l'aura sympathique de son leader. Je n'insisterai pas outre mesure sur ces deux formations qui s'inscrivent dans des genres dont je suis peu familier (et reconnaissons-le, peu amateur), mais la durée de cette mise en bouche m'a paru un peu excessive.
Tout vient à point à qui sait attendre, et Gojira finit par apparaître sur scène dans une formation élargie puisque Joe Duplantier n'assure que le chant du fait d'une blessure à la main (il ne prendra la guitare qu'à deux reprises) : il est donc brillamment remplacé par le guitariste américain Greg Kubacki qui assure une prestation impeccable. Dès les premières secondes, il est évident que le groupe a vu les choses en grand, que ce soit dans le soin des visuels projetés ou dans les effets pyrotechniques intempestifs tout au long du show. Seule limite, les guitares sont un peu trop en retrait alors qu'elles font partie intégrante de l'identité du groupe, certes avant construite autour de la rythmique.
S'il fallait décrire l'économie interne au concert, il faudrait distinguer une première partie plus brutale que la seconde, dont la violence culmine avec le terrible "Wisdom Comes", alors que les acclamations du public sont adressées aux tubes comme "Backbone" ou "Stranded". "Flying Whales" vient un peu apaiser la setlist, d'autant plus qu'une baleine volante (au cœur de polémiques) survole la fosse en offrant un moment de grâce. De nombreux extraits de From Mars to Sirius sont joués durant la soirée, l'album fêtant ses vingt ans cette année : pour l'occasion, un meddley est même proposé pour rendre hommage à cet opus ayant marqué l'histoire du groupe (et du Metal). C'est d'ailleurs sur "Global Warming" que s'achève le concert. Si la deuxième moitié de la setlist apparaît comme un peu plus apaisée, c'est parce qu'elle pioche beaucoup dans l'excellent Fortitude, un dernier album plus mélodique et accessible que le reste de leur discographie. La qualité de cet opus est évidente quand sont joués "Another World", "The Chant" (qui est l'occasion d'une parenthèse participative), l'immense "Amazonia".
Sans surprise, l'un des passages les plus intenses est l'interprétation de "Mea culpa (Ah! Ça ira!)", sans chanteuse lyrique hélas, signe que quelque chose d'important s'est passé en 2024 : comme si une révolution musicale française déjà ancienne était enfin devenue visible aux yeux de tous.
Setlist
Only Pain (Magma, 2016)
The Axe (L'Enfant sauvage, 2012)
Backbone (From Mars to Sirius, 2005)
Stranded (Magma, 2016)
The Cell (Magma, 2016)
Wisdom Comes (The Link, 2003)
Flying Whales (From Mars to Sirius, 2005)
From the Sky (From Mars to Sirius, 2005)
Another World (Fortitude, 2021)
Silvera (Magma, 2016)
Mea culpa (Ah! Ça ira!) (single 2024)
Born in Winter (L'Enfant sauvage, 2012)
Born for One Thing (Fortitude, 2021)
Where Dragons Dwell / To Sirius / Ocean Planet / In the Wilderness (From Mars to Sirius, 2005)
The Chant (Fortitude, 2021)
Amazonia (Fortitude, 2021)
Rappel
L'enfant sauvage (L'Enfant sauvage, 2012)
Global Warming (From Mars to Sirius, 2005)







