Devin Townsend
Salle : Coopérative de Mai (Clermont Ferrand)
Première partie :
Sur le conseil de Franck et renseigné sur les performances scéniques de l'artiste, je décide de prendre ma place pour aller voir Devin Townsend à Clermont-Ferrand, l'occasion était trop belle d'autant plus que la salle n'est pas très éloignée de mon domicile. Je m'y rends par pure curiosité, comprenez que je ne connais presque rien de sa désormais longue discographie. Ayant horreur de me rendre seul aux concerts, je fais chauffer mon répertoire pour trouver un compagnon, mais personne n'est disponible ... ni motivé pour aller admirer le Canadien. Cela commence bien.
Direction la Coopérative de mai dont le parking, que je traverse pour me rendre sur les lieux, est désespérément vide. Certes, nous sommes en semaine et la salle est plutôt bien placée (on peut s'y rendre sans voiture), mais tout de même ... L'entrée dans la salle confirme cette première impression : seule la fosse est ouverte, les gradins sont masqués par un rideau, et les lieux sont davantage à moitié vide qu'à moitié plein ... Ainsi, l'arrivée des Norvégiens de Fixation se fait face à une foule éparse. Peu importe, le combo jouera comme si nous étions des milliers et offrit un show énergique, dans un style qui doit à la fois au Metalcore et à une orientation Metal accessible (notamment au chant), pour une petite demi-heure assez convaincante.
Setlist Fixation
Neurosis
Stay Awake
Ignore the Disarray
Violent Tendencies
Bloodline
What We Have Done
Le deuxième round est assuré par un groupe français à l'aura indéniable : le combo de Metal atmosphérique et progressif Klone. Habitués des lieux puisqu'il s'agit de leur deuxième show dans cette salle depuis le début de l'année, les musiciens se sont montrés à l'aise et motivés pour chauffer la salle qui s'était un peu remplie entre temps. C'est peu dire qu'il y avait dans la foule des connaisseurs très enthousiastes à l'annonce de chaque titre, notamment "Yonder" en fin de set. Pour ma part, sans n'avoir rien à redire sur la qualité de la prestation, je suis un peu resté à côté de leur style monolithique, tout amateur de rock progressif que je suis pourtant. C'est le genre qui veut ça, et nous avons assez de laudateurs de Klone sur le site pour que ce jugement subjectif soit contrebalancé. J'étais malgré tout très heureux d'avoir pu les voir sur scène tant ils comptent désormais dans la paysage français.
Setlist Klone
Elusive (Meanwhile, 2023)
Rocket Smoke (The Dreamer's Hideway, 2012)
Bystander (Meanwhile, 2023)
Keystone (Le Grand Voyage, 2019)
Night and Day (Meanwhile, 2023)
Immersion (Here Comes the Sun, 2015)
Army of Me (Black Days, 2010)
Yonder (Le Grand Voyage, 2019)
Le début de la soirée était annoncé à 20h, mais avec deux premières parties conséquentes, Devin Townsend ne débarque sur scène qu'à 21h45, pour 1h30 de concert ; depuis, la salle est pleine et je fus surpris de trouver autour de moi un public qui connaissait les titres jusqu'au bout des doigts. Les pieuvres en peluche occupent l'espace et semblent attendre leur maître, un grand chauve en costume avec une guitare illuminée en bandoulière, l'air affable et le sourire communicatif. Visiblement, le public n'est pas le seul à être content d'être là. Dès les premières secondes, j'ai adoré le personnage, toujours prêt à faire une blague dans un anglais très compréhensible, complice avec le public, et surtout, un showman hors-pair qui sait rendre sa performance explosive. Musicalement, le concert était beaucoup plus violent que je ne m'y attendais : d'une qualité sonore imparable, les riffs robuste et la puissance de l'ensemble donnaient un ton résolument metallique, alors que Devin n'hésitait pas à chercher ses notes au fond de la gorge pour les hurler.
Parfois associé au rock progressif, Devin Townsend propose en effet une musique complexe et intelligente, pleine de subtilités et de facéties, d'une virtuosité remarquable. C'est un exploit d'arriver à articuler humour, mélodies accessibles, saturation exacerbée avec une composition alambiquée. Il faut mentionner son acolyte qui pratique la guitare acoustique, la guitare électrique et les claviers au sein d'un même morceau, et s'adonna même à un solo durant lequel il alternait sans cesse les passages au synthé à la six-cordes : impressionnant ! En outre, Townsend, aussi expressif sur son visage que dans ses lignes mélodiques, ne manque jamais de jouer au guitare-hero avec beaucoup de sobriété, sans entrer dans la démonstration technique superflue. Quant à l'humour, il dépasse les petites phrases et les paroles pour intégrer la prestation : faire jouer du thérémine à une pieuvre en peluche permet d'inscrire dans les esprits un souvenir de concert inoubliable.
Après de longues salutations, Devin Townsend quitte la scène mais le sourire que j'ai aux lèvres a du mal à partir. Ce fut indéniablement un excellent concert et je ne peux que conseiller à tout amateur de rock au sens large, de prendre une place pour passer un tel moment aux côtés d'un musicien généreux et brillant. La curiosité n'est pas un vilain défaut quand il s'agit de musique.
Setlist
Lightworker (Lightworker, 2022)
Kingdom (Physicist, 2000)
Dimensions (Lightworker, 2022)
The Fluke (Terria, 2001)
Deadhead (Accelerated Evolution, 2003)
Deep Peace (Terria, 2001)
Heartbreaker (Lightworker, 2022)
Spirits Will Collide (Empath, 2019)
Truth (Infinity, 1998)
Bad Devil (Infinity, 1998)
Rappel :
Call of the Void (Lightworker, 2022)
Love? (Alien, 2005)