The Temperance Movement
The Temperance Movement
Produit par Sam Miller / The TEmperance Movement
1- Only Friend / 2- Ain't No Telling / 3- Pride / 4- Be Lucky / 5- Midnight Black / 6- Chinese Lanterns / 7- Know For Sure / 8- Morning Riders / 9- Love And Fighters / 10- Take It Back / 11- Smouldering / 12- Serenity
De tous les groupes apparus au sein de la vague revival des 2010’s, The Temperance Movement est sûrement l’un de ceux dont on peut le plus fortement déplorer la disparition, intervenue beaucoup trop tôt. Certes, leur troisième opus montrait déjà une baisse de régime et n’égalait en rien ses deux prédécesseurs, mais le départ du chanteur Phil Campbell était inattendu. La personnalité de ce dernier était tellement affirmée et sa voix si spécifique qu’il paraissait en effet difficilement remplaçable. Après deux albums en 2021 et 2022, faisant plus office d’archives qu’autre chose, The Temperance Movement met la clef sous la porte et l’aventure touche brutalement à son terme – il ne reste que la gueule de bois.
Pourtant, quel talent que celui de ce combo écossais bercé au classic-rock des 1970’s, piochant dans le blues-rock, le hard-rock, la scène sudiste, tout en y apportant une touche de modernité dans le choix de certaines mélodies. Formé en 2011, le groupe bénéficie de l’expérience de ses membres qui ont auparavant circulé dans plusieurs combos. Il profite également du chant caractéristique de Phil Campbell, touchant et rauque, qui évoque celui d’un autre rockeur écossais, Dan McAfferty de Nazareth, formation avec laquelle le groupe partage une forte influence US.
Paru en 2013, leur premier album braqua rapidement les projecteurs vers lui, quoique trop peu en France. La maturité du propos impressionne pour un essai de début de carrière, si bien qu’il comporte des morceaux aisément qualifiables de tubes en puissance. "Only Friend", sorte de blues-rock enraciné mais interprété avec modernité, un peu sudiste lors des refrains, accumule une mélodie addictive et des riffs plein de classe et de groove. Très accrocheur dès les premiers accords, "Midnight Black" est plus énergique et bascule intelligemment sur un refrain rock’n’roll entraînant.
Globalement, The Temperance Movement a troqué la pluie britannique pour celle du Bayou : sa musique suinte le sud des États-Unis, dans la veine des Black Crowes ou des Blackberry Smoke. C’est du moins ce qu’on est amené à se figurer à l’écoute d’"Ain’t No Telling", du groovy "Be Lucky" au refrain culte, du sautillant "Know For Sure".
Cette inspiration dixie est très sensible sur les slows tournés vers l’Americana. Ceux-ci sont un peu sirupeux et tendent à tirer exagérément les larmes des glandes lacrymales, notamment la ballade acoustique "Chinese Lanterns" et plus encore "Lovers and Fighters", mais "Pride" s’avère plutôt séduisant et gagne en consistance à mesure qu’il monte en puissance (à l’image de "Serenity", tandis que "Smouldering" est moins mémorable). Il s’agit du seul bémol selon moi mais je dois avouer qu’il est trop personnel pour ne pas être relativisé : en toute objectivité, ce sont de bons morceaux qui trouveront leur public chez les amateurs de folk et d’indie-rock.
Ce que ne peut pas montrer l’album, c’est la puissance de The Temperance Movement en live, même si un hard-rock classique mais pêchu comme "Morning Riders" ou les "ohoohoh" et les accords heurtés de "Take It Back", laissent présager du meilleur. En effet, le groupe brille face à la foule et Phil Campbell s’avère être une bête de scène complétement habitée et déchainée.
Distillé avec soin, l’acte fondateur de The Temperance Movement avait tout pour hisser le groupe parmi les plus belles révélations des années 2010’s. La critique, le public, les programmateurs de festivals, tous s’étaient à peu près accordés à leur sujet. À défaut d’avoir survécu à la décennie, ils font désormais partie de l’histoire.
À écouter : "Only Friend", "Midnight Black"