The Kills
Keep On your Mean Side
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1- Superstition / 2- Cat Claw / 3- Pull A U / 4- Kissy Kissy / 5- Fried My Little Brains / 6- Hand / 7- Hitched / 8- Black Rooster / 9- Wait / 10- Fuck The People / 11- Monkey 23 / 12- Gypsy Death and You
L'année 2003 aura été pour le rock synonyme de retour aux sources, de (re)plongée dans les années soixante et soixante-dix. Au premier plan des formations issues de ce "revival", on a pu découvrir toute une série de groupes en "The", dont la production s'est révélée de qualité extrêmement variable : pour un Keep on your Mean Side ou un Elephant, combien de Up the Bracket, de Room On Fire ou d'avatars encore moins glorieux ?
Disons-le d'emblée, le premier album de The Kills est un petit chef d'oeuvre. La musique de VV et de Hotel, alias Alison Mosshart et Jamie Hince, oscille entre un minimalisme qui attirera les amoureux d'un rock sale et jubilatoire, constamment sur la corde raide ("Fuck the People"), et une profondeur et une densité qui satisfairont les amateurs de mélodies entêtantes et d'harmonies vocales parfaitement maîtrisées ("Hitched", "Black Rooster"). Car l'atout de The Kills, c'est d'abord ce duo de voix parfaitement assorties : celle de VV, qui n'est pas sans rappeler de façon troublante celle de PJ Harvey à ses débuts, accompagnée et soulignée par celle de Hotel.
Si Keep on Your Mean Side s'inscrit indéniablement sous le signe de l'unité, si les douze titres de l'album s'enchaînent parfaitement grâce aux riffs de guitare acérés de Jamie Hince et à la voix sensuelle de VV, à aucun moment on ne s'ennuie. The Kills savent maintenir nos oreilles en état d'alerte permanente par des changement de tempo ou de tonalité toujours les bienvenus. On passe ainsi de titres colériques comme "Cat Claw" ou "Superstition" - qui s'achève sur une toux de tuberculeuse - à des morceaux plus mélancoliques comme "Hand" ou "Monkey 23". Entre temps, The Kills nous aura fait pénétrer la psychologie d'un couple de tueurs poursuivis par les autorités façon Bonnie and Clyde dans des textes tour à tour optimistes ("Kissy Kissy") et désespérés ("Fried My Little Brains"). La pochette et les lettres qu'elle contient entretiennent cet univers à la fois morbide et fascinant, et contribuent à faire de Keep On Your Mean Side un album-concept à la fois original et nostalgique. Comme des White Stripes adultes, The Kills sont parvenus à sucer la substantifique moëlle de l'esprit rock.
Même si naturellement on se demande bien à quoi ressemblerait un éventuel second disque du couple anglo-américain - cette musique doit tant à la période où elle a été composée qu'elle ne résistera certainement pas à l'usure des jours -, il serait dommage de bouder Keep On Your Mean Side, parfaite collection d'odes à la déviance qui fera très certainement fantasmer ceux qui s'aiment un peu trop facilement sur fond de rock FM.