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Critique d'album

Rest In Furia


Rising Confusion


(18/09/2020 - - Groove métal, thrash métal, de - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- The View (From the Top of a Redwood) / 2- Never Strong Enough / 3- Passion / 4- Not Me / 5- Overstimulated
Note de 5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Rest In Furia affine son groove avec un second EP aussi rentre dedans que fédérateur"
Olivier S, le 22/10/2020
( mots)

1 an et 10 mois, dont une phase de confinement. C'est le temps qu'il aura fallu à Rest In Furia, quatuor Val-d'Oisien formé en 2015, pour passer d'un premier EP (Welcome), prometteur, mais néanmoins perfectible, à Rising Confusion, nouvel EP en date. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la formation a mis ce temps à profit.

Mettons les choses au clair tout de suite. Welcome, était une production tout à fait honorable pour un thrash/groove métal produit avec les moyens du bord. Mais telle une chenille n'ayant pas opéré sa transformation en un magnifique papillon, certains de ses atours les plus flamboyants n'étaient pas mis en lumière à la mesure de leurs valeurs réelles. Un constat qui n'a rien de surprenant pour un premier EP de cinq titres auto-produit. Néanmoins, une oreille attentive ne serait certainement pas passée à côté de ce diamant brut, réalisant l'énorme potentiel de ce jeune combo.

En parlant de potentiel, rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Rest In Furia, au-delà de ses qualités instrumentales de plus en plus évidentes et de moins en moins discutables (nous allons y revenir), c'est avant tout une voix, porteuse d'une intention. Thomas Valentin, en bon frontman, assène ses diatribes éclairées sur une plèbe victime de la fatalité ambiante, mais non moins complice de son sort, par son apathie. Ses propos, empreints d'une lucidité inconfortable,  portent un éclairage cru sur une société en dérive. La technologie (“Overstimulated”) avec la complicité des médias modernes (“Passion”), influençant nos comportements, n'aurait pas le même pouvoir si nous n'étions pas aussi attachés à notre confort matériel (“The View (From The Top of a Redwood)”). Autant de thèmes qui font mouche et parlent aux consciences, tant ils se montrent (encore plus sur ce second effort), en phase avec les troubles actuels que traversent nos sociétés.

Si Thomas excellait déjà, sur certaines pièces du premier effort, dans la transmission de cette énergie, vectrice d'une colère désabusée (on pense en premier lieu à “Stuck (in the Ambiguity of Life)” et “Air in Void”); ce n'était pas tant grâce à son timbre vocal growlé/éraillé propre au thrash métal. Non, ce qui faisait déjà la différence il y a de ça bientôt deux ans, c'est cette capacité naturelle à lui adjoindre un supplément mélodique aux moments opportuns, rendant son propos incroyablement fédérateur et par extension, à la pièce tout entière. Non-content de descendre plus bas dans le growl pour assener à l'auditeur, des rugissements à la hauteur de sa colère, le frontman se paie le luxe de monter dans les aigus en voix claire au cours d'un même phrasé. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais ce sont les petits détails de ce genre qui dote “The View (From The Top of a Redwood” et “Overstimulated” d'un supplément d’accessibilité propre à embarquer un auditeur peu enclin à s'enquiller un chant growlé monocorde sur l'ensemble du disque. Autant de petites subtilités qui misent bout-à-bout, confèrent au chant une évolution flagrante. L'autre évolution de taille est l'ajout de cœurs en chants clairs, çà et là, parfois même en superposition du phrasé éraillé du lead vocal. Autant d'évolutions qui donneront au très hardcore “Never Strong Enough”, des faux airs de Bad Religion période Suffer.  

Si cette seconde piste donne davantage dans le punk mâtiné de thrash métal, le reste de cette livraison, s'encanaille bien plus volontiers avec un groove métal saupoudré de touches death mélo/hardcore. Même si les dernières notes de guitare d'“Overstimulated” évoquent toujours certains passages instrumentaux mélodiques chers à Metallica, il faudra désormais davantage chercher leurs influences du côté de Gojira. Cette métamorphose ne pouvait se faire sans un lifting complet de la production, qui accorde désormais une plus grande amplitude sonore aux instruments. La basse de Mélanie Bardano trouve enfin les moyens de s'exprimer en se détachant du spectre sonore de ses comparses guitaristes. Elle s'autorise même quelques belles percées saturées (“Not Me”, “Stuck (in the Ambiguity of Life)”) ainsi qu'une brève respiration funky sur “The View (From The Top of a Redwood)”. Mais le grand gagnant de cette production plus costaude, est très certainement Sébastien Léger, cogneur de la formation, qui fait plus que jamais mentir son patronyme sur ce second effort, au gré de ces cinq leçons de groove : lourd. La richesse de son jeu, aux changements de signatures rythmiques constants ainsi qu'une plus grande part accordée aux cymbales, n'auraient très certainement pas trouvé la lisibilité et l'impact souhaités avec le déficit en basse propre à la production de Welcome.

Les compositions de Rising Confusion sont un autre bon en avant à souligner. D'une diversité et d'une richesse bien plus poussées, elles ne font que renforcer l'impression de maturité de la formation et inscrivent clairement le groupe dans une dynamique de courant ascendant. Car si quelques trous d'air pouvaient déséquilibrer l'équipage sur Welcome (citons l'intro de “Poor Killer”, donnant l'impression que la basse et la batterie sont lâchement abandonnées par les guitares), aucun titre n'est enclin ici à montrer le moindre signe de faiblesse. La batterie de Sébastien prouve même ici que non-contente de suivre et souligner les élans rageux des guitares, elle est à présent capable de donner le sentiment de porter une composition à elle toute seule et d'insuffler une dynamique aux autres instruments (drummer rules, ok ?). On pourra à ce propos difficilement passer sous silence “Not Me”, véritable vitrine du savoir-faire actuel du cogneur en la matière. Le groupe se montre également très habile à exercer, lorsque le riffing et le martelage de batterie se sont avérés plus particulièrement arides, un contrepoids mélodique salutaire. On reconnaîtra à ce propos bien volontiers à Quentin Lagache, son aptitude à poser ses solos, pile au moment où l'auditeur pourrait commencer à manquer d'oxygène. D'une grande lisibilité, ils brillent par-dessus tout par leurs qualités mélodiques, capables de reprendre à leurs comptes et de prolonger la charge émotionnelle initiée par le vocal du frontman (la conclusion de “Passion” en étant la meilleure illustration).

Rest In Furia, en s'éloignant de ses racines thrash métal, tout en absorbant des mouvances plus diversifiées, s'offre un espace de liberté plus à même de contenter son appétit créatif. La capacité du groupe à fédérer et abreuver aussi bien un public métal, féru de riffs marqués au fer rouge et un public rock, capable de s'acoquiner occasionnellement avec des sonorités plus rugueuses, est admirable pour une formation de naissance aussi récente. D'autant que le quatuor n'est pas tombé dans le piège de la consensualité opportune, au risque d'entacher sa crédibilité auprès d'une fan base métal flambant neuve. Au lieu de ça, Rest In Furia, droit dans ses bottes, délivre son message avec une force et une hargne décuplées, tout en offrant quelques bouées de sauvetage supplémentaires, aux voyageurs clandestins qui s'aventureraient malgré la houle, sur cette mer démontée.   

Une jeune formation à surveiller de très près et qui pourrait bien, à terme, finir par peser dans le renouveau de la scène métal française. On prend les paris ?

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