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Critique d'album

Dio


The Last in Line


(02/07/1984 - Vertigo - Classic heavy - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- We Rock / 2- The Last in Line / 3- Breathless / 4- I Speed at Night / 5- One Night in the City / 6- Evil Eyes / 7- Mystery / 8- Eat Your Heart Out / 9- Egypt (The Chains Are On)
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Watch the damned, They're gonna break their chains"
François, le 03/08/2024
( mots)

Si je devais être honnête – n’est-ce pas mon devoir de chroniqueur ? -, il faut que j’avoue comprendre les raisons du succès de Dio et en même temps, reconnaître qu’elles m’échappent un peu. En effet, le chanteur est doté d’une voix exceptionnelle et possède un flair aiguisé pour saisir les ressors d’une bonne composition, qui sait être à la fois purement Heavy et très accrocheuse avec ses mélodies et refrains imparables typés US. Ajoutez à cela la carrière prestigieuse de Ronnie James Dio, en particulier au sein de Rainbow et de Black Sabbath (Elf compte un peu moins), et vous obtenez un argumentaire plus que solide. Sauf que, des chanteurs talentueux, la scène Metal (et la scène hard-rock auparavant) en a compté des centaines dès les années 1980 et globalement, la plupart des morceaux du combo sont peu innovants voire très calibrés. Il en va de l’histoire des musiques saturées comme des tomates : le calibrage compte parfois plus que le goût ou l’originalité du produit – règle auparavant formulée par AC/DC et Kiss.


C’est pourquoi le premier album du groupe, Holy Diver (1983), était à la fois un album instinctivement séduisant, très immédiat, et tout aussi frustrant par ses facilités ou son manque de singularité. The Last in Line n’allait pas fondamentalement changer la donne en basculant le démon sur une planète infernale, comme un écho extra-terrestre et futuriste à Powerslave, et l’arrivée de Claude Schnell aux claviers s’avérait sans effet pour faire évoluer les choses.


Alors il est vrai que la cavalcade de "We Rock" fait au moins aussi bien qu’"Holy Diver", et que l’album propose une série de titres très réussis en tant que parfaits petits exemples de compositions Heavy avec des soli virtuoses et des interprétations dévastatrices… Auxquelles il manque néanmoins un supplément d’âme : "Breatless", le speed "I Speed the Night", les (peut-être trop) caricaturaux "Evil Eyes" et "Eat Your Heart Out", et enfin "Mystery", le passable "Rainbow in the Dark" de la galette. Le problème vient principalement de l’absence de particularités qui permettraient de démarquer le combo : de la part d’une foule de petites formations anonymes, de tels morceaux auraient suffi à crier à l’injustice pour un tel manque de reconnaissance, mais on a le droit (et même le devoir) d’être très exigeants avec un groupe mené par Ronnie James Dio, non ?


Et pourtant… Et pourtant, on finit par céder à la tentation, comme lors du mid-tempo shakespearien "One Night in the City" aux thèmes éculés et aux détours presque FM (les claviers – xylophones). En outre, l’album fait mieux qu’ Holy Diver en ajoutant un soupçon d’épique avec "The Last in Line" d’abord - ses quelques arpèges, ses riffs et claviers cérémoniaux, son solo magique – puis, de façon beaucoup moins sobre, avec "Egypt (The Chains Are On)", qui a pu servir de patron aux futurs opéras metaliques d’Avantasia.


Qui peut se vanter de ne jamais être victime des produits calibrés dans des manufactures ? Je n’ai pas de Nike aux pieds et je ne mange pas de Nutella, mais j’avoue céder au plaisir d’un bon album de Dio. Et s’il fallait n’en conserver qu’un, ce serait sans hésiter The Last in Line.


À écouter : "We Rock", "The Last in Line", "One Night in the City"

Commentaires
FrancoisAR, le 07/08/2024 à 13:11
Je pensais me prendre des critiques pour ma position mitigée à son égard, je vois que tout le monde est d'accord...
Sébastien, le 07/08/2024 à 12:12
Dio était avant tout un excellent chanteur. Son groupe est globalement une déception malgré quelques bons morceaux. Il était loin de pouvoir concurrencer Iron Maiden ou Judas Priest.
DanielAR, le 03/08/2024 à 14:48
Dio a été Dieu pour les petits rockers. Il avait fait partie de deux des trois monstres du hard-rock (Black Sabbath puis la variante Rainbow de Deep Purple). Nous avons tous attendu sa carrière solo avec impatience. Et, dans l'ensemble, nous avons tous été déçus (à des degrés divers) par la production discographique du maître. Mais le bonhomme maîtrisait l'art de la punchline ("Nous saurons pour la première fois si nous sommes démoniaques ou divins. Nous sommes les derniers"), était respecté par tout le monde, fédérait les extrêmes (son projet "We're Stars") et avait une identité forte (son fameux signe italien du "cornu"). Sur scène, il faisait partie de ces très rares conteurs (avec Dickinson et Mercury) qui captivent un public depuis l'ouverture du rideau jusqu'au dernier rappel. Mais il n'a pas vraiment écrit des titres définitivement déterminants. Comme il s'est souvent entouré de seconds couteaux. Mais quelle voix, quelle charisme et quel sourire. Trois ingrédients qui ne peuvent pas être imprimés dans le vinyle. Snif. Merci de le mettre à l'honneur dans le webzine !