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Critique d'album

The Wytches


Three Mile Ditch


(13/11/2020 - Cable Code Records - - Genre : Rock)
Produit par Luke Oldfield

1- Cowboy / 2- Three Mile Ditch / 3- Midnight Ride / 4- Fly Inside / 5- A Love You'll Never Know / 6- Meat Chuck / 7- Everyone's Friend / 8- White Cliffs / 9- Silver Trees / 10- You Looked Happy To Me
Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"The Wytches règnent en maître de l'art obscur"
Julien, le 11/01/2021
( mots)

Il aura donc fallu attendre quatre années pour que les Anglais de The Wytches publient le troisième chapitre de leur œuvre (musicale) dédiée à la magie obscure, celle qui nous fait naviguer dans les territoires les plus ténébreux du rock. Une longue parenthèse qui s’explique par deux raisons : d’abord le départ du batteur Gianni Honey fin 2018, suppléé depuis par la non moins talentueuse Demelza Mather (un remplacement dont on attend toujours l’officialisation en bonne et due forme), ensuite et surtout, le chanteur/guitariste leader des « Sorcyers », Kristian Bell, ne trouve plus d’inspiration. Tout ce qu’il a ce sont des bouts de compositions qu’il juge indignes de son groupe, l’idée d’un break -voir la fin- de The Wytches est alors à l’ordre du jour. Il faudra plusieurs sessions d’écritures avec ses comparses, et les idées de ces derniers, pour que Bell retrouve l’élan nécessaire à la création de nouveaux enchantements. 


Les conséquences de ce break auraient pu être carrément néfastes, se conclure par la dissolution du groupe mais cette pause aura eu le mérite de générer une remise en question nécessaire après le décevant second album : All Your Happy Life. Le deuxième effort de The Wytches, malgré quelques rares pépites (“Dumb-Fill” et “Bone Weary”), se perdait dans des sentiers caricaturaux ; Kristian Bell s’égosillant plus que de raison sur la majorité des titres de ce disque vulgarisant la teinte sonore si particulière du quatuor Anglais. 


Three Mile Ditch s’ouvre et l’approche vocale de son chanteur est radicalement différente. Dès les premiers mots de “Cowboy”, Kristian Bell produit un lien mélodique cousu dans la fragilité mêlée à une savoureuse vulnérabilité avant de plonger dans le refrain qui renoue avec la force sonore si caractéristique des quatre sorciers. Un premier single dont la construction fait de ce morceau le titre le plus accessible du groupe. Une porte d’entrée idéale pour s’imprégner de la ténébreuse magie de The Wytches. La conclusion de “Cowboy” voit débarquer un clavier pour apporter un surplus de lourdeur à l’air ambiant. Alchimie capiteuse de la sorcellerie Britannique qui conditionne déjà le public impatient de replonger dans l’obscurité. La lumière s’éteint d’un coup lorsque démarre le titre éponyme “Three Mile Ditch”. Les riffs de guitare et de basse deviennent un appel martial à destination d’un lieu morbide avant le déchainement des enfers dans sa conclusion machiavélique : acide et pénétrante. Une pérégrination qui nous même à “Midnight Ride”, titre totalement mis au service de la mélancolie. Il faut retourner en 1998 et écouter “The Crawl” sur l’album Without You I’m Nothing de Placebo pour retrouver une atmosphère aussi délicieusement glauque et malsaine. Là encore le clavier se charge d’apporter une touche encore plus angoissante pour un final aux nuances crépusculaires, serties d’ombres, où toutes les lumières se meurent pourchassées par l’inéluctable étreinte de l’obscurité.
Trois morceaux d’ouverture à prendre comme un tout, tel l’escalier à la descente sans fin qui mène à la genèse de l’ombre. Une triplette qui vaut à elle seule la découverte de cet album.


On retrouve les intentions dévoilées par l’ahurissant “Midnight Ride” dans l’avant dernière composition de l’album : “Silver Trees” . Une nouvelle troublante composition acoustique dévoile un peu plus les éclats intérieurs d’un Kristian Bell qui reste calme car il n’a plus rien à perdre (“And I’m not broken, just keeping my head down. Nothing is lost anymore”).
Pour trouver l’originalité, il faut s’attarder sur “Fly Inside”, avec son introduction drum and bass, presque électro, balayée par le courant d’air froid du riff tranchant distillé par Bell. 


A l’inverse les échos de la sorcellerie de The Wytches résonnent dans tout leur classicisme sur “Meat Chuck” : une nouvelle introduction machiavélique précède les cris éraillés du leader sorcier avant que la batterie ne tranche radicalement les différentes sections d’un morceau pareil au tonnerre vrombissant au loin, annonciateur de la tempête qui s’apprête à déferler sur l’auditeur. 


Les Anglais superposent magistralement l’ensemble de leur propos musical dans le titre “A Love You’ll Never Know”. La sensibilité mélodique du chant se marie à une déflagration électrique avant qu’un Kristian Bell au bord de la rupture nous interroge sur le refrain : “How far can you go, for a love you’ll never know ?” (“Jusqu’où es tu prêt à aller pour un amour que tu ne connaitras jamais ?”) La conclusion instrumentale de ce morceau, avec son clavier vaporeux, vire presque au psychédélisme, comme pour nous rappeler que l’idée de cet amour inconnu n’était qu’une vaine tentative pour caresser un propos illusoire.
L’illusion se meut en un instant d’une éclatante sincérité sur “You Looked Happy To Me”. Le titre de conclusion se veut sans artifice, dans une approche musicale brute où la simplicité sait se mettre au service de l’efficacité. Vous l’aurez compris, inutile de chercher la complexité et une dimension technique dans les intentions musicales de The Wytches : en effet, l’enchantement prend sa source dans une savante recherche de la propagation de ces nuances sombres prises dans les contours de la violence ou dans les confins de la mélancolie. Ce dernier morceau va de l’un à l’autre, sans jamais perdre en cohérence grâce à la force avec laquelle il nous agrippe dès le départ. 


The Wytches nous propose avec Three Mile Ditch un disque complètement sombre qui navigue sous un ciel noir et sonde le prisme des nuances obscures. S’il n’est pas étonnant de retrouver le quatuor Anglais dans ce registre, on saluera la remarquable évolution vocale de son leader qui règne en maitre dans l’art d’insuffler l’émotion par un chant totalement habité, à la fois vulnérable et fragile. Un registre qui ne renie pas les élans de souffrance distillés via des cris d’écorchés qui ont fait la renommée du groupe dès ses débuts sur le génial Annabel Dream Reader. Enfin ce troisième opus est aussi l’occasion pour le maitre sorcier de renouer avec l’art lyrique, et de proposer quelques lignes du plus bel effet entre poésie et infinie tristesse. Avec un tel effort, le groupe n’a plus à douter de ses capacités à composer un album brillant. La tournée qui, on l’espère, suivra cette publication, devrait confirmer cette intuition.  

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