Sundrifter

La côte Est des États-Unis d’Amérique est depuis longtemps une terre fertile pour le stoner, qu’il soit à tendance Heavy, space-rock ou psychédélique. C’est une forêt musicale sempervirente qui ferait presque oublier l’origine désertique de la scène. Ainsi, depuis les années 2010, King Buffalo et Ruby the Hatchet viennent même détrôner la première génération locale (Monster Magnet et Clutch, au sud de la région) : formé en 2012, Sundrifter fait partie de ces nouvelles pousses à la croissance remarquable qui confirme cette vitalité en signant un troisième album, An Earlier Time.

Si, par ses aspects occultes et cosmiques (une double-connotation à laquelle renvoie la référence au monolithe de 2001, l’Odyssée de l’espace), la belle pochette de ce nouvel opus ne vous a pas donné suffisamment d’indices sur la musique du trio… Attendez-vous à du stoner racé aux accents spacerock, tantôt Heavy, tantôt plus pop, mais toujours fuzzy et puissant.

Les amateurs de voyages intersidéraux devront accepter d’affronter les turbulences de "Space Exploration", qui joue le contraste entre des riffs martelés et un chant éthéré, avant d’atterrir lors d’une conclusion planante ("Last Transmission") qui finit de placer l’auditeur en apesanteur. Le langoureux "Final Chance", dont les lignes vocales ont une orientation pop et les guitares des aspects grunge, conserve ce registre par ses notes tenues et aériennes. Sur "Want You Home", cette interprétation indie-rock au chant est encore plus sensible, on n’est pas très loin de Muse lors des refrains auxquels cette approche mélodique donne une puissance épique mais apaisante.

Par ailleurs, Sundrifter ne manque jamais d’être agressif si bien que dès "Limitless", premier titre de l’opus, le combo déploie une fureur qui confine aux limites du sludge (sans jamais les franchir), et se montre même pachydermique sur le minimaliste "Prehistoric Liftoff". En guise introduction, "Begin Again" fait pleuvoir un déluge de notes évoquant la météorite de la pochette, pour mieux mettre en place des accords matraqués sans jamais négliger l’ambition spatiale de l’esthétique du groupe. De même, il faut noter sur les belles trouvailles mélodiques qui ne sont pas nécessairement l’apanage du genre : on pense en particulier à "Nuclear Sacrifice" et à ses fioritures orientalisantes.

C’est ainsi qu’An Earlier Time avance suffisamment d’arguments pour être qualifié au titre des meilleures sorties de space-rock stoner de ce début d’année, et que Sundrifter intègre les rangs des formations de référence du genre.

À écouter : "Limitless", "Begin Again", "Nuclear Sacrifice", "Want You Home"