Ritual King
The Infinite Mirror
Produit par
1- Flow State / 2- Worlds Divide / 3- Landmass / 4- Tethered / 5- The Infinite Mirror
Parée d’un totem chatoyant qui renvoyait à la transe que devait provoquer leur stoner-psychédélique, la pochette du premier album des Anglais de Ritual King avait affiché le potentiel de cette nouvelle formation au sein d’une scène très productive : en France, on se félicitera surtout du choix de ritual plutôt que tribal pour qualifier leur monarque. Trois ans plus tard, The Infinite Mirror opte pour la science-fiction, comme s’il s’agissait d’affirmer une filiation avec Elder ou King Buffalo par exemple, d’autant plus que sur le plan musical, on ne trouvera rien à redire à cette comparaison.
En effet, les longues plages qui composent l’album (entre sept et presque douze minutes) rassemblent tout de ce que l’on peut attendre du genre (gros riffs, soli puissants, passages planants, effets nombreux) et parviennent même à nous surprendre. Il en va ainsi de l’introduction country folk de "Flow State" puis de son stoner psychédélique aux riffs variés, aux plans raffinés (le pont cristallin vaut le détour) et au solo démonstratif. Le groupe échappe au monolithisme dont souffre parfois le genre en lui administrant une dose de progressivité à travers une composition élaborée. Un registre progressif qu’on retrouve sur "Tethered" qui, dans sa première partie, joue l’apaisement grâce à une partition plus organique, voire presque jazzy dans le jeu de batterie et, plus tard, lors du solo de guitare (qui est tout de même en partie rehaussé d’une wah-wah). Le dernier mouvement est plus nettement Heavy, pour décrire une évolution du calme vers la tempête que le groupe remet en scène sur "The Infinite Mirror" et sur "Landmass", qui commence par du blues hypnotique avant de laisser déferler ses embardées saturées (à noter que le meilleur chorus de l’album se trouve peut-être sur ce morceau).
Enfin, l’efficace "Words Divide" adopte plus volontiers me registre Heavy et se situe dans la même vague que les Belges de Gnome. Son inspiration psychédélique ressort particulièrement dans ses soli typés 1960’s, que ce soit par les effets et les gammes utilisés, qui occupent une grande partie du titre.
Si Manchester, ville d’origine de Ritual King, est un haut-lieu historique du rock, ce n’est pas de cette bourgade anglaise qu’on attendait ce type de production Heavy et space-rock. Qu’à cela ne tienne, ce genre de combo serait capable de changer la physionomie esthétique mancunienne à force de proposer de tels morceaux de bravoure.
À écouter : "Flow State", "Landmass", "Words Divide"