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Critique d'album

Rage Against the Machine


The Battle of Los Angeles


(02/11/1999 - Epic - Fusion rap/metal - Genre : Hard / Métal)
Produit par Brendan O'Brien

1- Testify / 2- Guerrilla Radio / 3- Calm Like a Bomb / 4- Mic Check / 5- Sleep Now in the Fire / 6- Born of a Broken Man / 7- Born as Ghosts / 8- Maria / 9- Voice of the Voiceless / 10- New Millennium Homes / 11- Ashes in the Fall / 12- War Within a Breath
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
""
Aurélie, le 09/02/2004
( mots)

Le premier album des RATM marquait la naissance d'un son unique au monde, mélange de rap, de punk et de métal. Battle of Los Angeles se voulait légèrement différent : "This is the new sound", clame Zack de La Rocha dans "Ashes in the Fall". Que dire donc de ce nouveau son ? D'abord, qu'il ne s'agit pas d'une révolution ("Ouf !", a-t-on envie de dire). Zack de La Rocha, dont la silhouette osseuse cadre si mal avec la puissance vocale, continue à rapper par-dessus les riffs épais et lourds de Tom Morello. Par contre, il est vrai que le résultat est beaucoup plus varié que le premier album éponyme du groupe et plus abouti que Evil Empire. Le son est parfaitement net, on distingue chacun des instruments alors même que les compositions sont plus complexes ("Mic Check" par exemple). Petit tour d'horizon...

Avec "Testify", le groupe nous livre un titre dans la lignée des albums précédents : basse lourde, batterie hyper entraînante, changements de rythmes à mi-chemin, riffs de guitare inattendus, fin explosive. "Guerilla Radio" poursuit dans cette veine, accomplissant l'exploit de rendre intéressante une partition où guitare et basse jouent à l'unisson. C'est à "Calm Like a Bomb" que revient la tâche de faire la transition entre le son de Evil Empire et celui de Battle of LA. On lui préférera cependant "Mic Check", morceau qui résume le style RATM à lui tout seul : un rythme qui donne la pêche, une voix incroyablement énergique, une guitare aux riffs quasi irréels... A ce petit bijou succède "Sleep Now in the Fire", avec son intro archi connue, que tous les apprentis guitaristes répètent jusqu'à plus soif... Pour ceux qui ne connaissent pas encore le clip qui l'accompagne, dépêchez-vous de vous le procurer, ne serait-ce que pour découvrir le groupe en costard devant Wall Street pour un concert improvisé qui donne des sueurs froides aux forces de l'ordre (mise en scène signée Michael Moore). Mais revenons à notre album, d'autant que la suite est au moins aussi bonne. "Born of a Broken Man" est par exemple une vraie réussite, mélange de douceur (chuchotements, guitare étouffée) et de force (gros son du refrain), d'émotion et de hargne. Ce titre forme avec le suivant, "Born as Ghosts", un diptyque consacré à l'enfance du chanteur.

Après un "Maria" qui vaut surtout par le rap souple du chanteur et l'écart entre une ligne de guitare immobile et une basse qui promène sa rancoeur, on arrive à "Voice of the Voiceless" et à "New Millenium Homes", les titres que j'affectionne le moins. Le premier me semble toujours trop court, et le second pas assez innovant... Heureusement, "Ashes in the Fall" vient arrêter la chute ! Tout commence avec un riff suraigu qui se transforme par la suite en descentes successives qui se font écho. Plus tard, la guitare s'emballe, les sons jaillissent dans tous les sens. Aaaaaaahhhhhhh ! Mais comment fait-il ? La pochette précise, comme pour enfoncer le clou : " All sounds made by guitar, bass, drums, and vocals". Oui, Morello est bien un génie !! L'album se clôt sur le message d'espoir de "War within a Breath" : "Everything can change on a new years day / As everything changed on new years day". Rien à voir avec le "New Year's Day" de U2, dont le groupe avait assuré la première partie lors du Pop tour de 1997. Ici, l'espoir prend la forme d'une énorme explosion sonore, suivie du gémissement des guitares, comme pour symboliser le retour de la voix des opprimés...

Difficile quand on parle de RATM de faire abstraction des textes et de leur dimension contestataire. Les membres de RATM ont la politique dans le sang (Zack est un Chicano originaire d'une famille pauvre de LA, le guitariste Tom Morello est le neveu de Jomo Kenyatta, qui s'était battu contre la colonisation au Kénya, et est lui-même titulaire d'un diplôme de sciences politiques). Dès la pochette du premier opus éponyme, le groupe plantait le décor avec la photo célèbre d'un bonze s'immolant pour protester contre les exactions du régime sud-vietnamien de Diem, soutenu par les Etats-Unis. L'album constituait un véritable coup de poing sur la table, traduisant le ras-le-bol d'une jeunesse manipulée par un système dont le libéralisme sert à cacher les pratiques les moins avouables. Les textes de Battle of Los Angeles, s'ils sont un peu plus inspirés par des souvenirs personnels que les précédents, restent malgré tout bien ancrés dans la réalité des années 90. Le groupe part de références au passé (allusions à Hiroshima, à la guerre du Golfe, à l'Agent Orange, ce défoliant utilisé par les Américains pendant la guerre du Vietnam et qui provoqua des malformations sur des milliers d'enfants) pour envisager ensuite l'avenir de la société américaine. Car, comme le répète de La Rocha dans "Testify", "Who controls the past now controls the future". Mais "Who controls the present now?". Là est la vraie question. On retrouve cette insistance sur l'importance de l'action présente tout au long de l'album. Citons par exemple les dernières phrases de "Guerilla Radio": "It has to start somewhere / It has to start sometime / What better place than here / What better time than now?".

Dans une interview réalisée en 1999, Tom Morello déclarait : "Les pouvoirs en place sont toujours tentés de faire taire les artistes, comme nous, qui s'expriment d'une voix dissidente". Ici, en fait de silence, on assiste à une tempête de slogans. Les déflagrations sonores du groupe, qui au début n'étaient là que pour donner du poids au message, ont trouvé leur raison d'être dans les douze titres de Battle of Los Angeles, où se trouvent pêle-même dénoncées les magouilles politiques (ce que Zack nomme "politricks" dans "Mic Check"), la lutte des classes ou encore l'uniformisation du monde : "Pick a point on tha globe / Yes tha pictures tha same" ("Calm Like a Bomb"). Dans "Voice of the Voiceless", Rage se sert même d'une référence au 1984 de George Orwell pour formuler une mise en garde : on ne peut certes pas réduire au silence ceux qui n'ont déjà pas de voix, mais il faut faire attention à leur regard. "And Orwell's hell a terror era coming through / But this little brother's watching you too". Lorsque les membres du groupes montent sur scène, ils font d'elle une tribune politique, lorsque de La Rocha saisit le micro, il hurle sa colère contre les exploiteurs et leurs excès. Rien à voir avec les belles chansons bien tournées de Ben Harper contre l'injustice. Ici, on est au coeur des flammes. Comment dormir dans ce feu qui réveillerait même un mort ?

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