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Critique d'album

Grateful Dead


American Beauty


(01/11/1970 - Warner Bros - Psychédélique - Genre : Rock)
Produit par

1- Box Of Rain / 2- Friend Of The Devil / 3- Sugar Magnolia / 4- Operator / 5- Candyman / 6- Ripple / 7- Brokedown Palace / 8- Till The Morning Comes / 9- Attics Of My Life / 10- Truckin'
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"L'un des joyaux du Grateful Dead"
Steven Jezo-Vannier, le 25/11/2013
( mots)

Sixième album du Grateful Dead, publié en novembre 1970 par Warner Bros. Records et produit par Steve Barncard, American Beauty est, de l'aveu de nombreux Deadheads, le joyau du groupe. Après des débuts consacrés au rock psychédélique le plus déjanté (The Grateful Dead, 1967), après une aventureuse escapade expérimentale (Anthem Of The Sun, 1968) et une exploration planante (Aoxomoxoa et Live/Dead, 1969), le Grateful Dead remet les pieds sur terre avec Workingman's Dead, album paru en juin 1970 et dans la continuité duquel s'inscrit American Beauty. Les deux albums sont marqués par le retour aux sources folk et bluegrass des musiciens, inspirés par l'apprentissage de la pedal steel guitar par Jerry Garcia et la création d'un groupe parallèle d'essence country : The New Riders Of The Purple Sage, que Garcia, Phil Lesh et Mickey Hart animent avec David Nelson et John Dawson. Avec cette évolution, le Dead prend place parmi les pionniers du revival country-folk, opéré par les Byrds et les Flying Burrito Brothers, entre autres. Jerry Garcia, Bob Weir, Ron "Pigpen" McKernan et Bill Kreutzman ont débuté dans le circuit folk et bluegrass du sud de la Baie de San Francisco, entre 1962 et 1964, avant que la déferlante électrique ne les emporte et que le Dead ne voit le jour. Après avoir amorcé un retour vers ces sonorités sur Workingman's Dead, ils livrent avec American Beauty un album mature préservant l'équilibre entre l'orchestration et les harmonies vocales, l'acoustique et l'électrique.
    

Le disque est fortement imprégné des désillusions des années 1969-1970, marquées par l'échec de l'idéal hippie et le regain de violence (tuerie orchestrée par Charles Manson, meurtre de Meredith Hunter au Festival d'Altamont). À cela s'ajoutent les difficultés financières du groupe, affecté par la désertion du gestionnaire, Lenny Hart, le père du batteur Mickey, avec cent cinquante mille dollars ! Cette trahison plonge son fils dans la dépression et provoquera son départ peu de temps après la sortie d'American Beauty. À cela s'ajoutent encore les épreuves personnelles que doivent surmonter les musiciens, dont la plupart perdent leurs parents dans cet intervalle. Tout cela pousse le groupe à revenir à ses sources musicales et signer un album placé sous le signe de la mélancolie.
    

American Beauty symbolise le changement de décennie et d'époque ; le groupe survit aux sixties, les musiciens entrent dans leur trentième année et enterrent leurs parents, ils deviennent adultes. Le disque s'ouvre sur "Box Of Rain", une composition de Phil Lesh avec des paroles douloureuses du parolier Robert Hunter, évoquant la mort du père de Phil : "Walk into spintered sunlight/Inch your way through dead dreams/To another land" ("Entre dans la lumière du soleil éclatant/Suis ton chemin à travers les rêves morts/Vers une autre terre"). La chanson fait intervenir David Nelson à la guitare, dont l'instrument aux notes plaintives insiste sur la gravité du thème. Cette dimension, à la fois triste et nostalgique, est pondérée par l'énergie roots de "Friend Of The Devil", une chanson de Garcia et Hunter, qui font intervenir une vieille connaissance de leur époque bluegrass : le mandoliniste David Grisman. Grisman intervient également sur "Ripple", titre d'une grande poésie, parmi les préférés de Jerry Garcia, qui y voit la synthèse du défi spirituel posé par les années soixante.
    

Avec "Candyman" et "Brokedown Palace", "Ripple" forme un triptyque acoustique d'une grande sensibilité, le cœur émotionnel d'American Beauty. Les trois chansons, chantées par Garcia, révèlent toute la profondeur et la sublime fragilité de sa voix. L'autre guitariste et chanteur du groupe, Bob Weir, prend en main les éléments électriques, rassemblés en face B, "Till The Morning Comes", "Sugar Magnolia" et "Truckin'", qui réveillent l'ensemble sans nuire à son intensité. "Truckin'" est écrite par Hunter à la demande du groupe, qui souhaite traduire l'esprit de ses tournées en un unique titre. Hunter s'y applique et concentre le tout en deux vers : "Lately it occurs to me/What a long strange trip it's been" ("Dernièrement, l'idée m'est venue/Que c'était un long et étrange voyage"). Mis à l'écart dans les mois passés, Bob Weir et Pigpen s'impliquent de nouveau dans le groupe, le premier avec "Sugar Magnolia" et le second avec "Operator", seul titre blues de cet opus. American Beauty est le dernier album réalisé par le line-up original, pleinement investi, avant le départ de Hart et le décès de Pigpen en 1973.
    

La réalisation de la pochette est confiée à deux partenaires du groupe, Alton Kelley et Mouse Miller. Sur un disque marbré incrusté sur une planche de bois, les deux dessinateurs inscrivent le nom de l'album en lettres psychédéliques, autour d'une rose rouge. Cette rose appartient à une variété spécifique, c'est une american beauty, une fleur à laquelle le LP doit son nom. Fidèles à leur goût pour les sens cachés, les deux artistes dissimulent un ambigramme dans le titre, American Beauty peut être lu "american reality" et, dans le reflet inversé d'un miroir : "devil's kingdom"... un sous-titre très critique envers la politique américaine, illustration de l'engagement du groupe pour l'idéal contre-culturel.

Commentaires
Jean-Claude, le 11/04/2021 à 11:39
Bonjour, belle et juste critique, j'écoute encore cet album plus de 50 ans après.