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Critique d'album

Gazpacho


Fireworker


(18/09/2020 - Kscope - Néo prog moderne - Genre : Rock)
Produit par Gazpacho

1- Space Cowboy / 2- Hourglass / 3- Fireworker / 4- Antique / 5- Sapiens
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Les Norvégiens livrent une oeuvre aussi hermétique qu'impossible à lâcher. Le grand frisson."
Nicolas, le 05/10/2020
( mots)

Parce qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et parce que la vocation de la Première Écoute est de donner un ressenti brut après seulement quelques tours de platine, il est du devoir de l’auteur de ces lignes de se contredire totalement, avec une certaine véhémence même. Jugé initialement hermétique, peu accessible, moins porté par la mélodie, Fireworker, le dernier né de Gazpacho, finit irrémédiablement par convaincre sur la durée l’auditeur assidu, celui qui ne se laisse pas décourager par une poignée d’écoutes enchaînées, intriguées mais dubitatives, pour se placer d’emblée dans le trio de tête du sextet Norvégien aux côtés de Night et de Molok. C’est dire.


Alors pourquoi, pourquoi ce revirement  ? Parce que si Fireworker se révèle réussi - et c’est un euphémisme -, il se pose à l’aise comme l’album le moins accessible de ces cadors du néo progressif contemporain. Ce qui n’était pas le cas du précédent, le plus frontal et rock Soyouz One, malheureusement un peu trop “facile” justement sur la longueur. On ne vous refera pas l’affront de rappeler que qui dit néo prog dit Marillion, et qui dit Marillion dit fatalement Gazpacho par ricochet tant la filiation entre ces deux formations apparaît limpide. Or ce n’est pas faute de le savoir, mais le néo prog, ça se mérite, et ici tout particulièrement. Cinq morceaux en tout, trois courtes pièces encadrées par deux mastodontes d’une vingtaine de minutes chacun, mais cette segmentation apparaît en fait très artificielle tant chaque titre aime à effleurer les thèmes, les exposer brièvement, faire monter la pression… puis tout laisser retomber et enchaîner sur le motif suivant. Ce qui interloque à l’approche de Fireworker, c’est cet éclatement, ce manque de lien entre ses différentes sections. Seule exception, un chœur façon Carmina Burana qui retentit trois fois dans “Space Cowboys” et qui se voit rappelé à la marge dans le titre suivant, “Hourglass”. Sinon, rien de rien ne nous permet de nous raccrocher aux branches. Les Norvégiens nous invitent à un voyage total, sans concession et (presque) sans bouée de sauvetage, mais un voyage, et c’en est le corollaire évident, d’une sidérante richesse musicale, rappelant une symphonie de musique classique exprimée avec toute l’instrumentation - souvent gracile, parfois puissante - du rock progressif.


Fireworker brasse les obsessions littéraires, métaphysiques et philosophiques des six hommes, isolement, drame, fatalité, partant du postulat qu’en chaque homme se développe une entité purement mentale, autonome, douée de ses propres facultés de pensée et capable de perdurer d’une génération humaine à une autre. Une force (extraterrestre ? C’est ce que laisserait entendre le fameux “Space Cowboy”) qui nous contrôle inconsciemment, agit à notre insu, pervertissant nos pensées, transmutant nos sentiments, dans le seul but d’assurer sa survie. Mais peu importe, car tout cela n’est prétexte qu’à une immersion musicale époustouflante, une œuvre captivante qu’on rechigne de plus en plus à la délaisser au fil des écoutes tant elle nous happe et nous appelle. Il y a dans cet album une force émotive irrésistible, même si Gazpacho ne nous fait aucun cadeau pour nous alpaguer. “Space Cowboy” débute ainsi dans le dépouillement absolu : quelques plic ploc d’eau dans une grotte, une nappe de synthé fragile, et retentit alors la voix mystérieuse, sibylline et extraordinaire (bien sûr) de Jan-Henrik Ohme, presque asexuée, tour à tour altière, inquiétante et fascinante. Les thèmes musicaux s’enchaînent avec indolence, les titres - ou tronçons de titre - se suivent sans se ressembler, et à chaque instant on finit subjugué par chaque trouvaille, ici une chant évanescent, là quelques lignes de basses pures, là encore un clavier surnaturel, par touches hantées, habitées. Dès lors les guitares peuvent bien gronder et la fine équipe faire trembler transitoirement nos enceintes - car oui, il y a quelques instants de bravoure épique bien cognés dans Fireworker, et pas que quand les chœurs éclatent en majesté -, mais on sait que le calme et la béatitude auront tôt fait de revenir. Dans ce rôle d’apaisement, le violon tire encore une place de choix, grâce soit rendue à l’épatant Mikael Kromer pour ses contributions irremplaçables.


La torpeur alanguie qui règne sur Fireworker ne se voit interrompue qu’en son milieu sur un morceau titre malin, rythmé, chaloupé, dansant, un petit prodige de la section rythmique qui n’a l’air de rien mais qui décoiffe. Ailleurs, l’élégie s’invite au gré de flûtes (“Antique”) ou d’une ribambelle d’orgues du plus bel effet, avec même un mellotron qui sait se faire inquiétant (“Hourglass”), quand ce ne sont pas des carillons d’une pureté cristalline qui se chargent de nous faire décoller. En fait ce disque se montre aussi difficile à décrire qu’il se révèle addictif, l’un des tout meilleurs de Gazpacho, très proche dans l’esprit de Night avec ses longues pièces habitées, certes moins accessible que ce dernier - ô combien - mais en définitive plus long en bouche. Si vous ne connaissez pas Gazpacho, ne commencez pas par Fireworker si vous voulez avoir une chance de vous laisser accrocher par ce bijou. Tentez d’abord d’entrer dans le monde musical des norvégiens avec Tick Tock ou March of the Ghosts, goûtez ensuite à Molok, déjà plus tortueux, puis laissez-vous enfin tenter par cette dernière œuvre en date. Et surtout, laissez le temps faire son effet. Frissons garantis.

Commentaires
Ngcobra, le 13/10/2020 à 09:09
Effectivement écoutez ce matin dans la voiture, j'ai eu beaucoup de mal a me mettre dedans mais on ressent bien qu'aux prochaines écoutes, l'album va se sublimer. Belle chronique.
Launis60, le 05/10/2020 à 20:50
Que dire de plus sur cet lp. Je veux dire de mieux que cette chronique que l'on boit comme du p'tit lait. J'ai pris cet album de plein fouet à la première écoute. J'avais éte (un peu) déçu à l'écoute de "Soyouz" parce que j'attendais une autre suite à "Night".J'ai découvert ce groupe lors de la tournée "Marble"de Marillion à l'Élysée Montmartre et j'ai toute leur discographie. Je n'aime pas faire de classement par ordre de préférence, mais "Fireworker" vient de prendre la tête avec "Night" et "Demon". Bravo et Merci pour cette belle chronique
To80, le 05/10/2020 à 18:47
Belle chronique. Pour un album épatant. SAPIEN en fin de parcours met tout le monde d'accord. Du feu et de l'âme. Magnifique.