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Critique d'album

Gazpacho


Demon


(17/03/2014 - Kscope - Néo prog moderne - Genre : Rock)
Produit par

1- I've Been Walking Part I / 2- The Wizard Of Altai Mountain / 3- I've Been Walking Part II / 4- Death Room
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Le néo-progressif en état de grâce. Fantastique album."
Nicolas, le 19/03/2014
( mots)

On aura probablement l’impression de prêcher dans le désert, mais en ce qui concerne Gazpacho, on aurait tort, grand tort de se fier à sa première impression, de s’arrêter à ce nom de groupe étrange, de butter sur ce style si peu versé dans l’immédiateté. Gazpacho est peut-être ce qui est arrivé de mieux au rock progressif sur les dix dernières années, pas moins, et il serait temps que les norvégiens reçoivent enfin les lauriers qu’ils méritent.


Il ne s’agit pas de s’arrêter à un style, grosso modo apparenté au néo-progressif de Marillion, ni de tiquer sur ce passé de tribute band évoluant petit à petit vers un style propre, sensible et très personnel. Gazpacho ne vend certes pas (encore) assez de disques pour avoir le loisir de vivre de sa musique, mais cela ne signifie pas qu’il faille les considérer comme des amateurs. Avec des albums de la trempe de Night ou de Tick Tock, ils ont réussi à établir leur musique comme l’une des plus belles de la sphère prog contemporaine, deux disques qui leur ont permis de signer sur Kscope. Après un Missa Atropos plus formaté,  lancé en pâture pour tâter le terrain, c’est avec un March Of Ghosts solide et très convainquant que les norvégiens ont réussi à s’imposer parmi les grands. Il leur restait encore à revenir vers les longs formats qu’ils avaient si bien apprivoisés sur leurs deux grandes oeuvres : c’est désormais chose faite avec Demon.


Quatre morceaux seulement, dont un diptyque scindé en deux parties, sont au programme ici. Pas la peine de s’attendre à apprécier cet album dès la première écoute : chaque disque de Gazpacho, et celui-ci plus encore que les autres, doit être apprivoisé avec soin. Ce n’est qu’à cette condition que l’on peut se laisser emporter par les atmosphères dégagées, par les thèmes en flux et reflux, par la voix ensorcelante de Jan Henrik Ohme et ce timbre à la fois noble et émotif. Moins d’immédiateté encore que d’habitude, donc, mais aussi moins de lyrisme. Par le biais de cette histoire de chasse au démon entre Prague et le Kazakhstan, les six nordiques brassent des ambiances plus introspectives, contemplatives et hallucinées. Moins de rock également : si le trio guitare - basse - batterie reste présent, si les percussions ont bénéficié d’un soin tout particulier (Lars Erik Asp y est véritablement bluffant), ce sont d’autres instruments qui tirent la musique vers le haut. Riffs poignants délivrés par les violoncelles, piano très simple et pudique, entrelacs de violons entre glissements d’archet et pizzicati, accordéon diatonique accommodé à toutes les sauces, avec en point d’orgue l’intermède yiddish de "The Wizard Of Altai Mountain", on trouve sur cet album une finesse de composition et d’arrangement rarement vue ailleurs.


Deux parties peuvent être distinguées. Le grand opus "I’ve Been Walking" réemploie les ficelles progressives habituelles de Ohme et de ses architectes, ces mélopées en vagues successives exposées en plusieurs strates d’émotion et d’intensité, ces contrastes fort-faible lentement amenés, ces motifs vibrants entrecoupés de développements instrumentaux apaisés, mais ici, tout est plus simple, plus rêveur, plus organique aussi - les synthétiseurs s’y faisant très rares. A l’image de cette introduction en piano-voix délicate, le morceau ménage ses moments poignants, construits sur des riffs massifs, et de délicatesse organisés autour de courts soli. Beaucoup de beauté et de grâce également répartis sur la longueur du mastodonte, avec en point d’orgue l’élégante conclusion de l’ensemble enchaînée sur des arabesques de guitare acoustique rutilantes. En revanche, "Death Room" ouvre Gazpacho à une couleur différente, réemployant au départ le thème introduit dans "The Wizard Of Altai Mountain" en l’entourant d’un canevas électronique délicat et très onirique, inquiétant, trouble, au point qu’on ne sait plus si l’on doit considérer ce morceau comme ancien ou moderne. Le grand écart réalisé entre les notes modales d’accordéon et le développement central habité rappelant un Muse période Showbizz, voix flamboyante, guitares grondantes, piano expressif, a de quoi laisser pantois. Mais le plus fort est que ces deux parties d’album se fondent l’une dans l’autre sans aucun heurt, preuve d’un immense talent de construction.


Voilà, les norvégiens ont encore frappé très fort cette année. Peut-être pas aussi abouti que Night, sans doute plus difficile d’accès que March Of Ghosts, Demon est à l'évidence un album majeur dans la discographie de Gazpacho, un album riche, personnel, délicat, évident et redoutablement arrangé, un album dont il est très difficile de se détacher. Peut-être pas à conseiller de prime abord aux néophytes (le précédent étant plus accessible, tout de même), mais les fans, on s’en doute, vont avoir matière à se régaler. Au fait, à quand quelques dates françaises, messieurs les nordiques ? Il serait peut-être temps que la France se convertisse à la soupe de tomate...


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