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Critique d'album

Beggars Opera


Act One


(00/11/1970 - Vertigo - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par

Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le sommet du métissage entre rock et musique savante"
François, le 13/08/2020
( mots)

Aux origines du rock progressif, un ensemble de groupes britanniques se lancèrent dans des expérimentations et des métissages musicaux ; ils préparèrent ainsi le terrain à ce nouveau genre phare des 1970’s. Ce mouvement, souvent réuni sous l’appellation honteusement téléologique de « proto-progressif », puise son inspiration dans la musique dite classique, soit en incluant des orchestres, soit en reprenant avec une instrumentation moderne des pièces du répertoire de la musique savante. The Nice, dans le sillon desquels ELP choisiront leur esthétique, est sûrement l’exemple le plus fameux. Beggars Opera, moins célèbre, explore cette même veine et se révèle tout aussi passionnant. 


Son nom pourrait vous mettre la puce à l’oreille quant à l’orientation classique du groupe, puisqu’il s’agit d’une référence à The Beggar’s Opera de John Gay et Pepusch, une ballad opera anglaise du XVIIIème siècle que le combo écossais remet au goût du jour. Ainsi, on comprend pourquoi ce premier d’album est considéré comme un premier acte (Act One, l’opéra de Gay est divisé en actes), et éventuellement, pourquoi la pochette affiche des personnages (les membres du groupe ?) dans des costumes bien étranges (qui semblent néanmoins davantage issus du Magicien d’Oz que de l’Opéra du Gueux). Néanmoins, ne vous fiez pas trop vite à cette pochette clownesque : vous êtes en présence de musiciens sérieux et déjà impressionnants. 


La comparaison avec the Nice s’arrête à la volonté de réinterpréter le répertoire classique puisque Beggars Opera est un groupe beaucoup plus chaleureux dans ses sonorités, et, bien que la guitare ne soit pas l’instrument principal, il est également plus rock dans son approche (en témoigne le single "Sarabande" qui servit à leur promotion). Ainsi, "Poet and Peasant", un hommage au romantique Suppé, constitue un arrangement brillant : si les claviers sont prééminents, la basse et la guitare trouvent un rôle qui n’est pas superflu (avec chorus, lignes composées à leur endroit …). De même, l’ajout de paroles constitue un vrai plus : on n’est pas dans la simple démonstration (écueil que les Nice n’ont pas toujours évité), mais bien dans la volonté de mettre en place des pièces authentiquement rock. Et c’est magistral ! 


Bien sûr, le claviériste Alan Park est brillant, mais on remarque assez vite la vélocité et la virtuosité de Ricky Gardiner à la guitare : le deuxième mouvement de "Passacaglia" est à ce titre plus que fameux. S’il n’est pas toujours absolument propre, on ne peut que saluer le musicien au regard de la partition jouée. Ce titre est intéressant puisqu’il comporte une seconde partie presque hard-rock/funk au potentiel indéniable : isolée, elle devint le single promotionnel "Sarabande". Ce refus de céder sur leur identité rock fait la force de Beggars Opera puisque c’est une réelle hybridation qui a lieu, sans qu’on ne tombe dans la simple démonstration. "Light Cavalry", pièce pourtant conséquente (près de douze minutes), est très accrocheur avec ses claviers qui préfigurent les Stranglers et son inclinaison vers le progressif plus symphoniques (il y a une partie presque camélienne au moment du solo de guitare). La technique devrait toujours se contenter d’être au service de la musicalité, non l’inverse : une leçon que ces musiciens nous invitent à méditer en montrant l’exemple. 


Ils ne cèdent jamais à la facilité puisque l’album orchestre avec intelligence la convocation des grands compositeurs : Suppé, Bach (par de nombreux passages baroques à l’orgue, et des citations –"Raymond’s Road" reprend des parties de "Toccata et Fugue"), Mozart ("Marche Turque" sur "Raymond’s Road"), Khatchatchourian … Dans le registre, parmi les titres de l’album, "Raymond’s Road" est un exercice de style aussi périlleux, grandiloquent, que splendide. C’est à la fois un arrangement rock et un patchwork de plusieurs titres classiques, et c’est peut-être, pour les 1970’s,  la meilleure tentative du genre. 


Au regard de la postérité du groupe, il semble que même l’inoubliable puisse être oublié … Ces lignes vous invitent à sortir Beggars Opera du Léthé. 


 

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