Banco Del Mutuo Soccorso
Darwin!
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1- L'Evoluzione / 2- La conquista della posizione eretta / 3- Danza dei grandi rettili / 4- Cento mani e cento occhi / 5- 750.000 anni fa... l'amore? / 6- Miserere alla storia / 7- Ed ora io domando tempo al tempo ed egli mi risponde...non ne ho!
A bien des égards, l’année 1972 est celle durant laquelle le rock progressif prit son essor en Italie. Certes, il y a des premiers signes et des pionniers au cours des années précédentes (Osanna, Le Orme, The Trip …), mais leur musique progressive était encore velléitaire. En 1972, des opus complétement inscrits dans ce style voient le jour, avec des groupes qui participèrent à définir les caractéristiques esthétiques spécifiques de cette scène. C’est notamment le cas des trois grands noms du RPI, Le Orme (qui a un peu d’avance sur les autres mais qui s’accomplit sur Uomo Di Pezza), Premiata Forneria Marconi, et bien sûr, Banco del Mutuo Soccorso.
Leur premier album était paru en mai 1972 et dévoilait les talents des musiciens, notamment le chant de Di Giacomo ou le jeu de claviers de Nocenzi inspiré par ELP. Ils remettent le couvert dès le mois de décembre pour un album-concept, c’est dire s’ils s’inscrivent dans le courant progressif. Darwin !, du nom du fameux scientifique, retrace l’histoire de l’évolution (c’est également le titre du premier morceau et de la pièce la plus longue), thématique subtilement suggérée par une montre à gousset reprenant le côté sphérique de la tirelire du premier opus … Mais également la rondeur de la Terre, qui demeure au centre de cette histoire biologique.
"L’Evoluzione" incarne en ouverture l’ampleur du récit, mais, si le jeu de mots est un peu télécommandé, il traduit également l’évolution du groupe. Titre de quatorze minutes, "L’Evoluzione" nous fait voyager aux notes des claviers depuis les prémisses de la vie sur Terre jusqu’aux péripéties de cette aventure scandées par des montées en puissance de guitare et de voix. Les différents plans bénéficient de belles articulations, en témoigne la transition vers 6 minutes depuis la partie chantée vers un moment instrumental plus expérimental (très ELP dans la forme, la grande inspiration du groupe) grâce au solo de guitare. La première face est d’ailleurs celle des morceaux ambitieux, les plus longs, avec "La Conquista della Posizione Eretta", pièce virtuose où dominent les claviers entre ELP, Nektar et Beggars Opera. Il s’agit d’une composition très aboutie et démonstrative, peut-être la plus finement écrite tant tout est rigoureusement agencé.
Darwin ! dispose d’ambiances variées, entre l’atmosphère piano-bar ou cinématographique de "La Danza Dei Grandi Rettili", les références à la musique savante de "Cento Mani e Cento Occhi" ou de "Misere Alla Storia" (ici mélangées à des touches folkloriques, beaucoup plus mises en avant sur le titre final "Ed Ora …").
La virtuosité instrumentale qui parcourt l’album n’a d’égale que le chant habité de Di Giacomo, incarnant à la perfection chaque pièce et se faisant presque lyrique sur "750 000 Anni Fa, l’Amore ?", une des plus belles pièces pour savourer la puissance et le talent du plus grand chanteur de la scène italienne.
Darwin ! fut le plus grand succès du groupe dans ses terres, et reste un album qui jouit toujours d’une reconnaissance internationale parmi les amateurs. C’est avec de tels chefs-d’œuvre que l’Italie devient, à partir de 1972, une place-forte du rock progressif.
A écouter : "La Conquista della Posizione Eretta", "L’Evoluzione", "750 000 Anni Fa, l’Amore ?"