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Critique d'album

Blackberry Smoke


Be Right Here


(16/02/2024 - - Rock sudiste - Genre : Rock)
Produit par

1- Dig A Hole / 2- Hammer And The Nail / 3- Like It Was Yesterday / 4- Be So Lucky / 5- Azalea / 6- Don't Mind If I Do / 7- Whatcha Know Good / 8- Other Side Of The Light / 9- Little Bit Crazy / 10- Barefoot Angel
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le seul travail de construction que l’on peut commencer par le haut, c’est creuser un trou…"
Daniel, le 18/02/2024
( mots)

Où l’Académie des petits rockers visite le musée de Madame Tussaud

- Petits rockers, nous voici dans l’aile Southern Rock. Essuyez vos combat shoes sur le paillasson et ne touchez pas aux statues !
- C’est pas chouette, Oncle Dan ! Ils sont tous pourraves, barbus, vieux et moches avec des laides chemises à carreaux !
- Désolé, Ziggy. Il y a peu de jolies filles qui ont fait du Southern Rock ! Et les Folies Bergères ne figurent pas au programme de l'Académie.
- Remarque clivante, Oncle Dan.
- Mais factuellement pertinente, Priscilla !
- Aaaaaaaaaaaaaah !
- Qu’est-ce qui se passe encore, P'tit Lemmy ?
- Là, Oncle Dan, des statues ont bougé…
- T’es un vrai couillon ! Ce ne sont pas des statues ! C’est Blackberry Smoke qui visite le musée…
- Mais ils sont pile-poil comme les autres…
- Euh… En effet… Là, tu marques un point, P'tit Lemmy !

Où l’on philosophe sur la futilité des choses rock

Blackberry Smoke est un parfait sujet de dissertation pour nos petits rockers : est-ce que ce groupe est un gardien de musée, le gardien du temple ou le gardien de la flamme ?

C’est que, en vingt-quatre ans d’existence, huit albums studio et deux live, le quintet d’Atlanta n’a jamais dévié de la ligne claire du Classic Southern Rock. Les deux pieds fièrement plantés dans le sol de la Géorgie tel qu’il était durant les années ’70, Blackberry Smoke prend plaisir à systématiquement labourer le même sillon sans manifester la moindre intention de moderniser quoi que ce soit.

Naviguant entre les charts country et les charts rock, le quintet trace paisiblement une route immuable qui ne mène nulle part dans un petit monde où le temps semble suspendu depuis 50 ans. A l’écart des modes éphémères, des lubies passagères, des mouvements fugaces.

C’en est au point que Be Right Here (1) est équilibré comme un vinyle avec ses deux faces structurées comme au désormais vieux temps de la musique analogique.

Même si chacun des dix titres de l’album pourrait figurer sans déplaire sur n’importe lequel des albums précédents, l’ensemble ronronne à merveille du début à la fin. Il y a quelque chose de décalé et d’addictif chez Blackberry Smoke. Et ce quelque chose crée une magie, dans un registre rétro-affectif qui rappelle la mythique cassette audio des Gardiens de la Galaxie.

Comparaison n’est évidemment jamais raison.

Où s’écrivent des mots indomptés

Si l’on considère que les mots se civilisent au contact de la vie urbaine, les mots de la campagne restent quant à eux indomptés. La plupart du temps. C’est par ailleurs le concept défendu par Rival Sons dans l'excellent Feral Roots.

Et ce sont ces mots sauvages, ces poésies ironiques à l’emporte-pièce qui font la première saveur de Be Right Here.

C’est qu’il faut connaître la poussière des chemins de campagne pour écrire "Hammer And The Nail". Parfois tu es le marteau et parfois le clou / Parfois le monde entier manie le marteau et c’est toi le seul qui fais le clou.

Il faut avoir vu les crépuscules sans lumière artificielle pour imaginer "Other Side Of The Light". L’obscurité n’est jamais que l’autre face de la clarté…

Il faut avoir souffert de la douloureuse absence d’une enfant aimée pour chanter "Azalea". J’embrasse le vent en espérant qu’il te trouvera…

Il faut maîtriser la philosophie du ruisseau pour imaginer "Watcha Gonna Do". Ca ne sert à rien de se battre quand le poisson ne mord pas.

Et il faut avoir le sens de l’amour pour composer "Barefoot Angel"  puis le sens de l’humour pour évoquer la "Loi des trous" comme dans "Dig A Hole" (2).

Où résonne une musique – forcément – sans âge

L’artillerie de Blackberry Smoke s’inscrit au diapason de sa poésie rustique. La section rythmique, soulignée par un clavier discret (Brandon Still), est implacable avec son batteur (Brit Turner) qui assure le boulot et son bassiste paresseux (Richard Turner) que l’on imagine sur scène, nonchalamment appuyé contre son énorme cabinet Orange, un Stetson vissé sur la tête.

Les guitares (Paul Jackson et Charlie Starr) cisaillent des riffs, déroulent des arpèges ou "slident" en souplesse et en dérapages.

Et la voix tellement caractéristique de Charlie Starr, soutenue ici par deux excellentes choristes, conduit son petit monde par plaines, monts et vaux, au gré de ses humeurs, de ses sourires et de ses inspirations.

La production de Dave Cobb (également producteur de Rival Sons) est simplement parfaite en ce sens où il parvient à peaufiner un son parfaitement naturel (comme le faisait Jimmy Miller, son maître à mixer), permettant à chaque musicien d’exprimer son art en harmonie avec l’ensemble. C’est de la "belle ouvrage" comme on dit dans les campagnes.

Mais Be Right Here est aussi un plaisir un peu pervers parce que cette musique, sans avoir l’air d’y toucher, s’insinue petit à petit dans les neurones. Alors le pied droit du rocker se botte de cuir usé. Les moustaches et rouflaquettes poussent. Le t-shirt devient chemise à carreaux ou veste à franges. La tête se coiffe d’un bandana aux couleurs d’un drapeau sudiste. Et l’on se retrouve au volant d’une Mustang vintage à tracer paisiblement sur une route qui vient du passé et qui ne mène nulle part. Nulle part, mais en ligne droite et en musique. Jusqu’à l’infini…

Où l’on philosophe – de nouveau – sur la futilité des choses rock

- Mince, j’allais oublier… Le programme de l’Académie prévoit une dissertation pour occuper votre week-end, les petits rockers ! Prenez note du sujet ! Si l’on en croit Hegel qui professait que tout système humain est promis par nature à un développement progressif, comment expliquer que des groupes rock s’obstinent à enregistrer aujourd’hui des musiques du temps jadis ?
- Mais, c’est quoi ça, Oncle Dan ?
- Ca, Franky, c’est la preuve qu’aujourd’hui c’est moi le marteau et que toi, tu appartiens à la tribu des clous !
- Dig A Hole !
- Comme tu dis, Franky ! Comme tu dis…


(1) Les fidèles du webzine auront remarqué que le disque a pris une étoile entre sa première écoute et la chronique complète. Il faut un peu de temps pour que le charme opère et des écoutes répétées en condition « auditorium » dévoilent des qualités qui étaient inaudibles en pré-écoute sur un laptop.

(2) Il est inutile de te mettre à creuser quand tu es déjà au fond du trou…

Commentaires
FrancoisAR, le 24/03/2024 à 08:39
Album décevant, mou de genou, sans inventivité... The Black Crowes ont fait mieux !