
The Riven
Visions of Tomorrow
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En 2022, nous avions observé l’ascension artistique de The Riven qui s’imposait enfin au sommet de la scène revival suédoise. Malgré son manque de reconnaissance, le groupe parvenait en effet à damer le pion de ses nombreux homologues électriques - également menés par une chanteuse - dont les glorieux Blues Pills et Lucifer. Non contents d’être plus inspirés, les musiciens de The Riven ne chôment pas sur scène et dévoilent leur puissance lors de nombreuses tournées, témoignage d’une volonté de fer de parvenir à leurs fins.
C’est également en studio que le combo s’active avec, cette année, un troisième opus qui demeure loin du rock psychédélique originel, pour s’inscrire dans le sillage hard-rock de l’excellent Peace and Conflict (2022), une continuité dont témoignent "Visions Of Tomorrow" ou "Killing Machine", qui présente des airs de Blue Öyster Cult sur ses refrains et de Judas Priest des premiers temps sur ses riffs.
Difficile de situer précisément l’ancrage de la nostalgie de The Riven, qui célèbre tout autant les 1970’s que les 1980’s. Ce raidissement metallique doit beaucoup à la New Wave of Bristish Heavy Metal la plus cavalière ("Crystals", "Seen It All") et s’aperçoit dans le travail plus virtuose sur les soli, même sur des titres a priori plus classiques ("On My Mind (Tonight)"). Néanmoins, le riffing à la Saxon peut très bien, comme sur "Travelling Great Distance", rencontrer les twin-guitars de Wishbone Ash.
Pour le reste, The Riven maîtrise parfaitement la science du riff retro mais efficace telle qu’elle fut théorisée et mise en pratique par The Hellacopters. C’est ce groupe qui vient à l’esprit sur le mid-tempo "Far Away From Home" ou à l’écoute des claviers de "Follow You", un morceau qui doit autant aux Rolling Stones qu’à la Nederbeat. Ce temps long de la tradition revival suédoise favorise les parallèles avec leurs compatriotes contemporains : à la manière de Liar Thief Bandit, "Set My Heart On Fire" joint les guitares jumelles à la Thin Lizzy aux mélodies adolescentes, "We Love You" aborde les 70s aussi directement que Spiders, et l’apaisé "En Dag Som Aldrig Förr" évoque Second Sun par son chant suédois. Il ne s’agit pas de négliger l’identité propre de The Riven, mais de resituer le groupe dans une dynamique plus large qui possède une vraie cohérence esthétique.
Si le troisième album est toujours un défi, puisque la pérennité du groupe est souvent mise en jeu à sa sortie, The Riven a amplement réussi son coup – et se distingue même au sein des sorties suédoises qui, nombreuses en 2025, ne répondent pas toujours aux attentes légitimes du public.
À écouter : "Far Away From Home", "Killing Machine", "Set My Heart On Fire"