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Critique d'album

The Black Keys


Dropout Boogie


(13/05/2022 - Easy Eye Sound / Nonesuch - Blues Rock - Genre : Rock)
Produit par The Black Keys

1- Wild Child / 2- It Ain't Over / 3- For the Love of Money / 4- Your Team Is Looking Good / 5- Good Love (feat. Billy F Gibbons) / 6- How Long / 7- Burn the Damn Thing Down / 8- Happiness / 9- Baby I'm Coming Home / 10- Didn't I Love You
Note de 3/5
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Note de 2.0/5 pour cet album
"Service minimum "
Nicolas, le 15/12/2022
( mots)

Qu’il a été long et compliqué de pondre ces quelques lignes sur les derniers émoluments d’un groupe qui a pourtant réussi en son temps à mettre au pas toute la rédaction d’Albumrock ! Les Black Keys, c’est avant tout cette formule blues rock rugueuse égrenée en duo à l’aube des années 2000 - à la White Stripes diront les plus taquins, même si Auerbach et Carney n’ont pas attendu le couple de Détroit pour mettre de l’huile dans leur moteur. Une formule roots, authentique, aussi humble qu’efficace, qui a su, on va dire jusqu’à Brothers pour certains - et jusqu’à El Camino pour tous les autres -, à conserver un savant équilibre entre sincérité et pragmatisme, brossant une évolution futée vers une pop cossue sous la houlette d’un Brian Burton - Danger Mouse qui ne s’est pas fait prier pour apporter ses talents de songwriter à deux hommes qui, bien que forts capables derrière leurs instruments, ne savaient plus trop sur quel pied danser rien qu’avec une guitare et une batterie. Las, la supercherie a pris fin dès que l’énergie s’en est allée (Turn Blue) et plus encore quand la souris dangereuse s’est fait la malle (Let’s Rock). Même si on peut détester avoir raison, voici ce qu’écrivait déjà votre serviteur en 2011 à la sortie d’El Camino : “on s'interroge forcément sur un processus d'écriture qui dévoile ses propres limites dès son coup d'essai. Et que se passera-t-il si Brian Burton ne se trouve plus aux commandes la prochaine fois ?” Eh bien voilà, nous avons la réponse, et ce Dropout Boogie vient nous le démontrer par l’absurde.


Dropout Boogie, c’est de l’écriture à la cool pour un disque à la cool interprété à la cool. Un disque de soft rock rasé de près aux douces effluves bluesy qui sentent bon la glycérine, le Pétrole Hann et l'after shave, avec le jean sans faux pli, les bottes cirées et la raie sur le côté sous le spencer. On l’écoute sans y prendre garde, la musique s’égrène avec indolence, tous les morceaux tiennent entre 2min44 et 3 min44. On lève un sourcil sur un riff sympa alors que le motif de base se contente de passer de la tonale à la dominante en se voyant illustrer par un petit solo de gratte propre sur lui (“War Child”), et à ce stade on ne sait pas encore que c’est l’un des rares morceaux dont on se rappellera dans la demi-heure. Le reste du disque recycle avec plus ou moins de bonheur les ficelles avidement tirées depuis Brothers, des mid-tempos glandeurs, une orchestration en mode easy listening, petits gimmicks d’orgue Hammond, giclées de wah-wah indolentes, basse au groove mesuré, batterie binaire au possible, et ça donne des trucs comme “It Ain’t Over”, très cool mais très impersonnel, sans relief, sans anfractuosité. C’est un peu moins sopo quand ça flirte plus volontiers avec le blues et/ou le roots à la Creedence Clearwater Revival (“For The Love Of Money”) ou quand la frappe de caisse se fait plus musclée (“Your Team Is Looking Good”, au moins un minimum balancé), mais dès que le tempo baisse, bah les mâchoires ont tôt fait de s’écarter, même si ça reste cool, hein (“Good Love”, il paraît qu’il y a Billy Gibbons des ZZ Top dedans). Noter que l’écoute n’est pas désagréable pour un sou, ça flatte l’oreille, aucune faute de goût (on n’est pas chez Jack White et son bordélique Boarding House Reach ici, non monsieur), ça ronronne, ça roucoule, c’est cool (je crois que vous l’aurez compris), Dan Auerbach chante toujours magnifiquement, mais l’ensemble paraît tellement vain, tellement vain. La balade “How Long” ne va nulle part, n’apporte rien, ne suscite rien. C’est cool (hin hin), c’est bien fait, bien troussé, bien enrobé, mais ça tourne, tourne, tourne en rrrond… “Burn The Damn Thing Down”, c’est du rock n’ roll à la mode 50’s tout bête, avec pour seule originalité une gratte corrodée. Gosh. Et “Happiness” nous flanquerait le bourdon au bout de 5 minutes tellement la progression instrumentale apparaît éculée. Heureusement que le morceau s’arrête à 3’30… Et ça fait déjà un gros quart d’heure que plus rien ne s’imprime dans notre encéphale ni dans notre cœur. Tout paraît plat, interchangeable, sympatoche en musique de fond mais incapable de nous émouvoir de front. “Baby I’m Coming Home” ? Aucun intérêt. Au-cun in-té-rêt, queuds, nada, même quand le tempo tente de s’envoler au gré d’une slide sans génie. “Didn’t I Love You” ? Non, autant s’arrêter là. La cool attitude a ses limites, tout de même.


On ressort de l’écoute de ce disque sans rien avoir éprouvé, bien qu’incapable de nier avoir passé un moment… plutôt cool, en fait. Mais le cool, ça ne fait pas tout, encore faut-il savoir composer de bonnes chansons. Messieurs Auerbach et Carney, il est désormais grand temps d’éventer cette supercherie. Revenez à vos racines, habitez vos instruments, bâtissez vos titres sur vos riffs et la forge tellurique de vos amplis. Ou alors rembauchez Danger Mouse, le bougre en a encore sous le capot (il n’y a qu’à voir la franche réussite qu’est le dernier Broken Bells). Tout, mais pas un autre album comme ça. Car aurons-nous la mansuétude de nous enquiller à l’avenir un disque de ce genre sans changer les mots “cool” en “paresseux” et “sympa” en “médiocre” ? Rien n’est moins sûr.


À écouter : "War Child", "Your Team Is Looking Good", à la rigueur. Mais vous avez sans doute mieux à faire.

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