ZZ Top
Antenna
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1- Pincushion / 2- Breakaway / 3- World of Swirl / 4- Fuzzbox Voodoo / 5- Girl in a T-Shirt / 6- Antenna Head / 7- PCH / 8- Cherry Red / 9- Cover Your Rig / 10- Lizard Life / 11- Deal Goin' Down / 12- Everything
La trilogie du Hot Rod, ayant transformé le trio de blues-rock texan en un groupe de hard-rock synthétique et FM parfaitement adapté aux 80’s, avait apporté son lot de bénéfices (le succès international notamment) au prix d’une réelle compromission esthétique (en particulier sur Afterburner, 1985). Il n’est pas rare qu’au détour d’un carrefour, les bluesmen rencontrent le Diable et acceptent les termes du pacte qu’ils s’apprêtent à signer.
1994 sonne l’heure du retour aux sources du Rio Grande pour ZZ Top, avec Antenna, ainsi intitulé en hommage aux radios pirates de la frontière mexico-américaine actives durant les 70’s (les homologues américaines de celles qui émettaient depuis la Manche et la Mer du Nord en Europe). Retour aux sources certes, mais sans oublier les acquis de la décennie précédente, si bien qu’Antenna occupe la place inconfortable de l’album de transition.
En témoigne "Pincushion", qui est plus tamisé que les titres des précédents opus, mais conserve tout de même les incursions électroniques et les refrains accrocheurs, de même que le son du solo et les notes tenues illustrent typiquement le blues-rock de la fin des 80’s et le début 90’s (on pense à Dire Straits). "Antenna Head" (avec son solo agréable), "PCH", ou même le légèrement sudiste "World of Swirl" au pont synthétique, accomplissent cette transition en se montant plus sobre sans pour autant abandonner certaines caractéristiques des derniers opus en date. De là à dire que ces titres sont réussis … voilà une position qui serait difficile à tenir, tant la Muse semble s’être éloignée du trio.
Mais Antenna marque aussi la célébration d’un blues-rock plus académique ("Cherry Red") quitte à être très classique (et presque ennuyant) sur les lents "Cover Your Rig" et "Breakaway" (aux percussions néanmoins modernes). Or, sur cet album, de bonnes idées comme "Fuzzbox Voodoo", qui anticipe le retour du blues-rock façon roots de la décennie suivante, côtoient des compositions douteuses telle l’insupportable "Girl in A T Shirt" qui essaye d’associer le blues et les 80’s – une horreur qui n’est égalée dans l’affreux que par le terrible "Lizard Life" (et dans une certaine mesure par "Deal Goin’ Down").
Autant le dire franchement, Antenna n’est pas un bon album (moyen + à la limite) et ne peut pas être considéré comme un retour inspiré au son originel du groupe – il ne fut pas considéré comme tel à l’époque d’ailleurs. C’est ici que commence une longue traversée du désert, ce qui, avouons-le, est un comble pour un groupe texan.
À écouter : "Pincushion", "Fuzzbox Voodoo"