STONE
Fear For A Life Time
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1- Fear For A Lifetime / 2- My Thoughts Go / 3- Queen / 4- Roses / 5- Train / 6- Say It Out Loud / 7- Save Me / 8- Never Gonna Die (ft. shortstraw) / 9- Sold My Soul / 10- Hotel / 11- Save Yourself
Au concours des groupes ou artistes au nom in-googleable, STONE se pose en sérieux candidat au podium.
De là à rendre l'exercice de recherche du chroniqueur musical difficile ? Certes, mais rien ne résiste à l'appel du devoir.
Nous voici donc face à quatre jeunes liverpildiens excités comme des Gallagher au salon de la guitare volante, prêts à en découdre avec la scène rock britannique, quitte à laisser le story-telling derrière les fagots (ceux du petit déjeuner sûrement).
Spoiler : STONE ne fait pas dans la finesse ou dans la délicatesse lorsqu'il s'agit de composer.
Fin Power (s'il ne s'agit pas d'un pseudonyme, il paraît impensable qu'avec un blase pareil le bonhomme ne se lance pas -avec élan - dans une carrière solo), fait feu de tout bois avec une gouaille et une puissance vocale étonnante pour son âge.
Forts d'une tournée en première partie des vétérans Kooks (time flies) et de quelques singles explosifs, Power and co balancent donc cet été leur premier LP, Fear Life For a Lifetime. Tout un programme. Et première surprise, plutôt bonne d'ailleurs, l'album ne comporte aucun des titres sortis en éclaireurs dans les mois ou l'année précédents.
En particulier, l'excellent "Money (Hope Ain't Gone)", et ses ponts tout en ruptures de rythme, manquent à l'appel.
Le quatuor est certain de sa force et des fondations sur lesquelles le disque est bâti. Il faut dire que les racines vont puiser la ressource dans des viviers bien divers. Les références évidentes, pour le chant de Power, son accent, ce timbre légèrement rocailleux vont chercher chez le front man des futur ex Oasis mark II. Les mélodies sont également simples, voire simplistes, mais tellement efficaces et accessibles qu'elles auront un effet quasi immédiat. "My Thoughts Go" en est l'exemple le plus frappant. Rien de bien nouveau, mais une formule calibrée et diablement entêtante.
"Roses", mais encore davantage "Queen", virent quant à eux carrément à la pop, on pense alors à un groupe comme ISLAND (membre éminent du club mentionné en intro) ou au récent combo du rejeton de Bono, Inhaler. Cependant, le bridge de "Roses" laisse entrevoir une influence plus grungie (Power en est presque à singer Dave Grohl). Plus surprenant encore, on jurerait entendre le front man rapper.
"Train" enfonce le clou. Le titre sonne comme un combo Foo Fighters / Sleaford Mods. Ce sont même les refrains à la Red Hot qui sont de sortie sur "Never Gonna Die", morceau partagé avec shotstraw, artiste RnB. De là à pousser le bouchon jusqu'à faire des révérences au désacralisé Nu Métal made in 90s ? Oui mesdames messieurs. On pensera même à Incubus, si Brandon Boyd avait grandi en survêt Adidas près d’Anfield Road à boire de piiiintes, sur le titre "Hotel". Admettons tout de même que le pari est osé, tant le morceau semble totalement anachronique. Pour autant, rien n'est vraiment raté et les transitions rap/chant sont plutôt maîtrisées, avec même une belle envolée vocale finale. Mais il fait partie de la face clivante du disque et la proposition artistique globale de nos protagonistes. Même constat pour "Soul My Soul", qui sonne comme une face B de Mother's Milk.
En ce qui concerne la qualité de la prose, on s'accordera sur le fait qu'il ne s'agit pas ici de la priorité du groupe. La plupart des chansons étayent à peine le concept “moi triste donc moi en colère parce que toi pas aimer moi” ,”moi pas bon pour toi”, “moi rock star = alcool drogue cool”. Une sorte de recueil du poète maudit pour les 14-16 ans. Pas le temps de niaiser. Pas l'intention de philosopher.
STONE n'est pas non plus effrayé par l'idée d'assumer ses contradictions. Faire cohabiter deux titres intitulés "Save Me" et "Save Yourself" sur le même disque, il fallait oser. Les deux sont d'ailleurs deux belles réussites, si l'on omet l'enchaînement de clichés sur les addictions des rockeurs du premier et le versant mielleux du second. "Save Me" s'envole même sur une instrumentation puissante rappelant les collectifs hardcore type Turnstile.
Alors que les camarades irlandais de Fontaines DC ont probablement sorti l'album de l'année en mettant une claque à la concurrence post rock, STONE semble jouer dans une toute autre catégorie. Sans être dénuée d'ambitions, la formation de Liverpool a simplement voulu sortir l'album le plus direct et percutant possible.
Honorable et globalement réussi, même s'il laissera des auditeurs sur le quai, ce disque est une découverte rafraichissante.
A écouter : "Save Me", "My Thoughts Go", "Save Yourself"