Après le coup de tonnerre
Them Crooked Vultures en 2009 et l’apparition des
Queens Of The Stone Age dans divers festivals l’été dernier, on se demandait si la clique de Josh Homme allait nous proposer quelque chose en 2011. N’ayant rien sorti de nouveau depuis
Era Vulgaris en 2007, les rumeurs s’orientaient sur la sortie un nouvel album… Mais finalement, l’actualité 2011 des californiens sera constituée de la réédition du premier album, déjà mainte fois repoussée pour divers désaccords avec les labels. Allant à l’encontre des réapparitions de l’année (Strokes, Kills, Radiohead, Beastie Boys, Limp Bizkit, Blink, Offspring, Red Hot Chili Peppers…) la clique a préféré faire du neuf avec du vieux.
Mais quel est l’intérêt, en 2011 de rééditer un album datant de 1998 ? Remasteriser ? Pas vraiment. Le son est
quasi identique au précédent et le mix n’a pas été retravaillé. Les bonus ? Non plus. Contrairement à la réédition de
Rated R parue en 2010, qui proposait un second CD composé de faces B et de lives,
Queens Of The Stone Age ne propose que 3 titres bonus (dont le très bon "Bronze") intéressants mais qui n'apportent pas de vraie surprise. L’argent ? Peut-être un peu. Mais la réédition de l'album le plus stoner et le moins connu du groupe ne semble pas être la meilleure idée possible pour provoquer une manne financière. Non, l’intérêt est ailleurs, et dépasse de loin ceux précités.
L'intérêt principal est d'offrir à cet album la place dans les bacs qu’il n’avait pas eue auparavant. En France par exemple, dans la plupart des magasins (excepté chez certains disquaires indépendants qui bien que de moins en moins nombreux font particulièrement bien leur boulot), les
Queens Of The Stone Age sont apparus principalement avec
Songs For The Deaf, leur 3ème album, dont le succès fut tiré par le single très FM "No One Knows". Depuis, les autres albums ont trouvé leur place dans les bacs, mais
Rated R et surtout
ce premier album sont restés de coté (dire qu’il suffisait juste de mettre quelques "Follow The Leader" en moins en rayon !). Avec les deux rééditions, justice
est faite.
Ensuite, et surtout, il était nécessaire de redorer le blason de cet opus. Présenté à tort comme une suite a Kyuss, l’album n’a jamais su intéresser ni les fans du groupe emblématique de la scène stoner, ni les fans de rock et de pop effrayés à l’avance à l’idée de s’exposer à des rafales de riffs et des titres instrumentaux de 12 minutes. Détrompez-vous les peureux ! L'album Queens Of The Stone Age, comme son nom l'indique, transpire ce son caractéristique qu'on adore. C'est la naissance du son du groupe. Du tube "Regular John", où la transe déclenchée par décharge sonore n'a d'égale que celle provoquée par la voix désormais bien reconnaissable de Josh Homme, au malsain mais néanmoins classieux "I Was A Teenage Hand Model", toutes les nuances que le public a su apprécier au fur et à mesure des albums sont présentes. Les riffs burnés de "Avon", "Mexicola", "Hispanic Impressions" et "Give The Mule What He Wants" côtoient les mélodies pop surefficaces touchant parfois au psyché (voire au vaudou) de "If Only", "How To Handle A Rope", "You Can't Quit Me Baby" et "I was a teenage handmodel" au même titre qu'un "You think I Ain't worth a Dollar But I Feel Like A Millionaire" a cotoyé "No One Knows" sur l'album Songs For The Deaf. Comment ne pas comparer l'attaque mordante du riff de "Walkin On Sidewalk" à celui de "I'm Designer" sur Era Vulgaris ? Tel un chat, Josh Homme s'est fait les griffes sur les bandes de ce premier opus. Mais déjà on peut entendre à travers les marques qu'il y a laissé les prémices du tigre qu'il deviendra, aidé par des musiciens de haute volée qui rejoindront ensuite la formation : Nick Oliveri, Mark Lanegan, Dave Grohl, Alain Johannes, Joey Castillo... Tous ces noms qui sont venus s'ajouter sur les albums suivants étaient déjà des habitués des Desert Sessions à l'époque.
Enfin, bien que le groupe n'aie que 2 membres récurrents : Josh Homme et le désert, la formation actuelle fonctionne bien en live, et la réédition de ce premier album a été l'occasion pour les QOTSA de se lancer dans une initiative plutôt hors du commun : une tournée mondiale où le groupe joueraient l'intégralité du premier album, B-Sides comprises, dans des salles bien plus petites que celles qu'ils fréquentent à leur accoutumée. L'occasion pour les fans de découvrir ou redécouvrir cet album avec la touche particulière qu'apportent les différents membres et notamment la frappe exceptionnelle de Joey Castillo. Les français ont ainsi pu voir le groupe à l'Olympia à Paris, ou encore à la Laiterie à Strasbourg. Même si l'aspect lucratif de cette réédition ne fait aucun doute, ses mérites sont nombreux : voir le groupe dans des salles à dimensions humaines, les voir en live tout court d'ailleurs, et prouver à son entourage quelquefois un peu borné que cet album ne mérite pas d'être tenu à l'écart. Et selon les dires de Josh Homme lui même, rejouer le premier album a convaincu les QOTSA de retourner en studio pour enregistrer le successeur d'Era Vulgaris.