Placebo
Meds
Produit par Dimitri Tikovoï
1- Meds (feat. Alison Mosshart) / 2- Infra Red / 3- Drag / 4- Space Monkey / 5- Follow the Cops Back Home / 6- Post Blue / 7- Because I Want You / 8- Blind / 9- Pierrot the Clown / 10- Broken Promise (feat. Michael Stipe) / 11- One of a Kind / 12- In the Cold Light of Morning / 13- Song To Say Goodbye
Ce n'est pourtant pas faute d'y trouver de bons moments, et c'est le moins que l'on puisse dire. Plus le temps passe, et plus Brian Molko s'avère capable de saisir l'essence pop d'une chanson afin de tenir son public en haleine. On pense bien sûr à "Meds", titre liminaire d'une rare puissance émotionnelle, avec son début acoustique et sa fin agonisante en une gradation de guitares gémissantes à l'envi. Merci au passage à Alison Mosshart pour son aptitude hors norme à mettre en ébullition les hormones masculines. On pense aussi à quelques tubes parfaitement en place servis par des ingrédients décisifs quoique saupoudrés avec parcimonie : rythmique martelée et vomissements électriques furieux ("Because I Want You"), tempo enfiévré et ligne de basse impeccable ("Drag"), ou encore maîtrise pop aux atours douloureux ("Song To Say Goodbye"). Pas trop mal tout ça, mais après ?
Après, le bât commence à blesser sérieusement. Qu'en est-il de ce retour aux sources tant attendu ? Bien sûr, il y a plus de guitares et plus de gros son que dans Sleeping With Ghosts, mais l'ensemble demeure à des années lumières d'un Placebo ou d'un Without You I'm Nothing. Par ailleurs, certaines idées ne passionnent pas outre mesure, on pense en particulier à ces accords décalés et limite dissonants sur "Infra-Red" : intriguant au début, mais assez vite lassant. Idem en ce qui concerne les deux titres complètement ratés, "Space Monkey" et "Broken Promise", le premier à cause de sa bizarrerie ampoulée et le second en raison de ses extrêmes mal assortis - sans même parler du sous-emploi de Michael Stipe. De plus, les trois balades du set s'avèrent relativement peu inspirées, la meilleure étant encore la première ("Follow The Cops Back Home"). Mais le plus gros problème de cet album (comme celui de son prédécesseur), c'est un problème de rythme : trop de mid-tempos, pas assez de titres énergiques. Certes, des morceaux comme "Post Blue" et "One Of A Kind" sont très bien ficelés, mais ils peinent à rattraper les errances précédemment énoncées en entraînant l'album dans un rythme flasque dont la mélancolie pompière se révèle au final peu attrayante.
A l'heure de la sortie du sixième album studio de Placebo, on est en droit d'être légitimement inquiet sur la santé rock du trio anglo-saxon, au vu de cet album moyen et de son prédécesseur guère plus réussi. Espérons un revirement salvateur du groupe et une sérieuse hausse de son niveau après le remplacement de Steven Hewitt par Steve Forrest (?). Et si les premières écoutes du nouvel opus laissent présager du meilleur, gardons nous d'oublier que ce roublard de Molko est passé maître dans l'art de nous jeter de la poudre aux yeux. C'est donc sur la durée qu'il faudra jauger Battle For The Sun, tel un vin dont il faudrait évaluer la capacité de garde. Sacré gageure, à n'en pas douter.
Après trois showcases exceptionnels afin de promouvoir Meds, le cinquième album de Placebo est dans les bacs depuis le mois dernier. Si la pochette est dans le même esprit que Sleeping with ghosts, Meds ne ressemble en rien au précédent : fini le coté électro, Placebo revient aux guitares saturées des premiers albums.
Placebo signe ici son grand retour, avec un album parfaitement réussi, à la hauteur de l'excellent Without you I'm nothing. Produit par Dimitri Tikovoï et mixé par Flood (U2, Depeche Mode), Meds est un album très sombre, la première chanson, le duo avec Alison Mosshart donne le ton : il y a quelque chose d'angoissant et de dynamique en même temps tout le long de l'album. Les textes sont la plupart du temps très noirs "I'll be the one to make ou crawl, there is no running that can hide you, 'cause I can see in the dark, I'll find you" ("Infra-red"). Certaines chansons sont particulièrement violentes (autant dans le rythme, que dans les paroles) : "Space monkey" démarre doucement, et le refrain devient presque agonisant ("I die inside her, please don't let me down, like you let me down before"). On est pas beaucoup plus rassuré pendant les deux ballades de l'album ("Follow the cops back home" et "Pierrot the clown"). "Broken promise" est un duo avec le chanteur de REM : les voix de Michael Stipe et de Brian Molko se mélangent très bien, la chanson n'en est que plus sombre "I'll wait my turn to tear inside you, watch you burn, I'll wait my turn to terrorize you". Les deux singles extraits de l'album, "Because I want you" en Angleterre, et "Song to say goodbye" (peut-être un des meilleurs morceaux de l'album) en France sont incontestablement réussis, on est littéralement aspiré par un tourbillons d'ambiances. Quant à "In the cold light of morning", Brian Molko y déguise un peu sa voix : la chanson devient véritablement dérangeante.
L'album existe egalement en version deluxe DVD comprenant des titres en bonus ; seul bémol avec ces CD anticopies, pas moyen de les mettre sur mp3 et ça, c'est vraiment rageant.
Il subsiste un sentiment de mal-être profond dans cet album. Toutes guitares dehors, Placebo assure un retour gagnant avec un album fort, dur et sombre. Meds est un véritable électrochoc : l'album est remarquablement bien goupillé et saura ravir les premiers fans.