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Critique d'album

Paramore


Paramore


(05/04/2013 - Atlantic / Fueled by Ramen - pop punk / emo - Genre : Rock)
Produit par

1- Fast in My Car / 2- Now / 3- Grow Up / 4- Daydreaming / 5- Interlude: Moving On / 6- Ain?t It Fun / 7- Part II / 8- Last Hope / 9- Still Into You / 10- Anklebiters / 11- Interlude: Holiday / 12- Proof / 13- Hate to See Your Heart Break / 14- (One of Those) Crazy Girls / 15- Interlude: I?m Not Angry Anymore / 16- Be Alone / 17- Future
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"3,5 à Paramore, une pauvre blague à deux balles ? Pas vraiment."
Nicolas, le 18/05/2013
( mots)

C’est entendu : mettre une note de 3,5 à un album de Paramore, au sein d’un milieu webzine un peu plus élitiste que nombre de nos confrères papiers qui se foutent pertinemment d’encenser des daubes, équivaut à un suicide rédactionnel, ni plus ni moins. C’est donc en parfaite connaissance des réactions préjugées attendues de la part de notre lectorat que les lignes qui suivent ont été rédigées avec la meilleure foi du monde. D’ailleurs, pour tout vous dire, le 4 a été frôlé de peu.


Paramore, tout le monde connaît à peu près. Une petite rousse incendiaire qui chante quand même plutôt bien (ça, au moins, on ne peut pas le lui retirer), quatre jeunes types qui suivent leur patronne contre vents et marée, un groupe de teenage rock pas franchement incontournable en dehors des circuits mainstream, et un genre pratiqué, l’emo pop punk, qui ne possède pas une cote d’amour exceptionnelle dans l’intelligentsia de la critique. D’ailleurs, la découverte des cinq natifs de Franklin via Brand New Eyes avait très vite montré le charme certain mais aussi les limites d’une formation compensant un songwriting en pilotage automatique par une féroce énergie apte à toucher la fibre adolescente qui sommeille en chacun de nous. Là où l’affaire commence à se pimenter, c’est que depuis ce troisième album studio, Hayley Williams s’en est littéralement pris plein la tronche. Ce sont tout d’abord les frères Farro, membres fondateurs et chevilles ouvrières jusqu’ici diligentes de Paramore, qui ont claqué bruyamment la porte au nez et la barbe de leur meneuse, lui reprochant ouvertement d’utiliser ses partenaires tel un backing band - ce qui, au sens strict du terme, n’est pas complètement inexact, et on vous passe les noms d’oiseau qui ont fleuri par blogs interposés. Là dessus, ce sont de photos dénudées de la miss qui se sont retrouvées hackées, postées sur Internet et échangées à des millions d’exemplaires. Autant dire que pour la jeune fille de vingt deux ans, se retrouver ainsi livrée à la vindicte mondiale n’a pas dû être simple, et s’il est un fait de baser son fond de commerce sur les difficultés existentielles adolescentes, c’en est un autre de devoir affronter un passage à l’âge adulte des plus sordides. Or la réponse de Williams, c’est ce disque éponyme paré des trois membres survivants qui tirent une tête pas possible. Autant dire qu’à ce stade, l’histoire peut commencer à devenir intéressante.


Le premier abord fait tiquer : soixante quatre minutes pour dix sept morceaux, c’est mauvais signe, le signe d’un groupe qui dilue la qualité dans la quantité. Sauf que si cette assertion (album long = mauvais album) vaut pour l’immense majorité des cas, elle n’a pas lieu ici. Premières secondes d’écoute, et tout de suite, ce qui frappe, c’est la puissance de feu de la batterie. Il faut dire qu’en lieue et place de Zac Farro, Hayley Williams a eu l’intelligence de faire appel à Ilan “New Regime” Rubin, l’actuel puncher de Nine Inch Nails (et accessoirement d’Angels and Airwaves), et la plus value apparaît évidente. Positionnée très en avant par le producteur Justin Meldal-Johnsen (tient, encore un ex NIN), la batterie devient l’élément moteur du trio au détriment de grattes qui se font plus sages, délivrant un binaire joyeusement balancé sur le trépidant "Drive In My Car", d’emblée une cinglante réussite. Rubin sait également se faire plus violent et balancer ses tapis de bombe dès que l’exaltation le demande, on pensera notamment au redoutable single "Now" (caractéristique et quintessentiel de la petite Williams) ou encore à un "Part II" qui tape dans les décharges massives et sur-émotives que ne renieraient pas les australiens de Dead Letter Circus.


Mais ce qui frappe le plus à l’écoute de Paramore, c’est sa diversité. Alors qu’auparavant le groupe se contentait d’aligner des variations sur le même thème (rock-syncopé-qui-patate-dans-tous-les-sens et "balades trop touchantes, t'vois"), il fait ici preuve d’un éclectisme et d’une ouverture d’esprit insoupçonnés. L’exemple le plus évident en est le superbe "Ain’t It Fun" qui exploite une recette gospel-funk pas piquée des hannetons, mais quel que soit le style pratiqué, pop intenable ("Still Into You"), électro-rock cogneur ("Grow Up"), stadium enflammé ("Daydreaming"), punk hystéro ("Anklebiters"), et, beaucoup plus surprenant, acoustique pur et simple égrené au son d’un ukulele (les trois courts interludes), Paramore tape à chaque fois dans le mille. Point de vue balades, justement, l’album tresse quelques trompes l’oeil qui  cachent des trésors de power pop armstrongienne ("(One Of Those) Crazy Girls") ou de grandes odes rassembleuses de foules propres à ridiculiser Jarde Leto et sa bande de bras cassés ("Last Hope"), ne laissant qu’une seule réelle chanson calme draguer les guitares électriques, "Hate To See Your Heart Break", là encore très juste et pudique. Et même en se heurtant à une formule FM plus archétypale ("Proof", "Be Alone"), le groupe sait rester captivant, appliqué et pertinent.


Le 4 a été frôlé de peu, disait-on en préambule. En dépit de ses qualités, cet album reste un peu long et aurait notamment gagné à être amputé du consciencieux mais superflu jam semi-improvisé "Future", même si l’idée qu’il charrie ouvre encore de nouvelles perspectives alléchantes. Une chose est certaine : désormais, la crise d’adolescence est terminée et Paramore a accouché du disque que No Doubt a probablement toujours voulu sortir... sans jamais y parvenir - et ce n’est pas le poussif Push & Shove qui nous fera dire le contraire. Alors que Blink 182, Green Day ou encore Weezer (ne parlons même pas de 30 Seconds To Mars, par pitié) périclitent en d’incessants albums de moins en moins attractifs, la relève d’un rock américain mainstream et énergique pourrait bien échoir à Hayley Williams et à son équipe réduite. Ilan Rubin a eu bien tort de signer chez Angels and Airwaves et de se contenter ici d’un rôle de mercenaire : c’est bel et bien chez Paramore qu’il aurait dû placer ses billes. Sans conteste, et de très loin, l’album le plus inattendu de cette première moitié de 2013.


 


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