Lord Mountain
The Oath
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Au loin, un drakkar se fraie difficilement une voie dans les eaux glacées du Nifhleim pour rejoindre l’antre incandescente d’un dragon tapi dans sa grotte. A moins qu’il ne s’agisse d’une référence aux Chambres de feu de l’Orodruin, où fut forgé l'anneau unique… Peu importe ce qu’évoquera la magnifique pochette de The Oath, elle est avant tout la promesse d’un périple extraordinaire aux accents épique et aux riffs enlevés.
En tout cas, elle nous transporte loin du soleil chatoyant de Californie, État où est basé le duo Lord Mountain, actif depuis 10 ans mais jusqu’alors seulement auteur d’EP et de singles, avant d’avoir enfin pu mettre au monde ce premier opus prometteur. Enfants du Doom et du Heavy Metal classique, le combo se revendique de l’héritage de Pagan Altar et de Black Sabbath, auxquels on ajouterait volontiers les Suédois de Grand Magus pour la combinaison du registre épique Heavy et de la lourdeur du Doom – un équilibre difficile à tenir pour parvenir à demeurer rudimentaire tout en dessinant une épopée.
Si "Weel of Fate" mène bien sa barque (référence à la pochette) à travers la lourdeur de ses riffs et l’attention portée aux successions d’accords, suffisamment variées pour se doter de mélodies épiques, c’est le sabbathien "The Sacrifice" qui incarne au mieux le style du groupe puisqu’il reste pesant mais regorge de belles idées dans ses lignes de chant et ses envolées guitaristiques. Plus proche du Doom, le tortueux "The Giant" ne se refuse pas néanmoins quelques divagations à la six-cordes, comme "Serpent Temple" gagne en intensité en imposant l’atmosphère d’une quête proche de son aboutissement. De la même manière, les lignes mélodiques de "The Oath", un titre à nouveau très référencé sabbathien, apportent un petit groove médiévalisant toujours efficace.
On en saura plus sur l’aventure glaçante annoncée en couverture en suivant les notes floconneuses de "Beyond the Frozen Sea" : l’intermède ouvre une phase plus franchement Heavy, car plus véloce, avec "The Last Crossing" et "Chasm of Time" garni d’effets, deux morceaux qui évoquent Satan sans les fioritures typiques de la formation de la NWOBHM.
Rien de révolutionnaire du côté de Lord Mountain, mais une musique artisanale sans ornement, faite de rugosité et de rudesse, qui parvient à susciter le goût de l’aventure par quelques mélodies de guitare ou par de suites d’accords bien senties – bref, un parfait exemple d’Heavy-Doom chevaleresque.
À écouter : "Chasm of Time", "The Sacrifice", "The Oath"