John Frusciante
A Sphere in the heart of Silence
Produit par John Frusciante & Josh Klinghoffer
1- Sphere / 2- The Afterglow / 3- Walls / 4- Communique / 5- At your Enemies / 6- Surrogate People / 7- My Life
Avant dernier volet de la fameuse « Record Collection », suite de 6 albums parus en un an, A Sphere in the Heart of Silence est une oeuvre un peu à part, paru sous le nom de John Frusciante et Josh Klinghoffer, fidèle compagnon de longue date, dont vous n’ignorez rien si vous avez suivi depuis le départ les chroniques des disques solo de Frusciante.
Un album à part car il va à l’encontre de tout ce qu’on a pu entendre depuis le début de cette fameuse année 2004. Il est produit conjointement par les deux musiciens qui se partagent aussi l’écriture de chaque titre et l’interprétation de tous les instruments et/ou programmation.
Ça n’est toujours pas un disque de guitariste, mais ça n’est hélas pas non du rock. A Sphere in the Heart of Silence est un album de musique électronique, les 8 très longues minutes de « Sphere », titre inaugural, ne laissent que peu de place au doute quant aux velléités synthétiques du duo.
On pourrait presque croire une nouvelle fois à la volonté de Frusciante de brouiller les pistes pour mieux nous surprendre, mais n’oublions pas que l’américain avait posé quelques jalons électroniques sur To record only water for 10 days en 2001. Si ce dernier n’était pas complètement raté, les meilleurs passages étaient justement... les moins électroniques.
On retrouve bien ça et là quelques maigres parties de guitares, dans « Sphere » notamment, ou sur les rythmiques faussement funk de « The Afterglow », mais si vous avez aimé les aspects pop de Dc EP les aspérités rock de Inside of emptiness ou le folk mélancolique de The will to Death et bien vous ne retrouverez presque rien de tout ça ici.
« Surrogate People » de son côté aurait pu être meilleure sans ces affreux synthés, dommage tant le reste de la compo regorge de bonnes idées (les choeurs, le petit arpège à gauche et la ligne de batterie à droite).
L’album est plutôt dense, 38 minutes pour 7 morceaux et il vous faudra du temps pour l’apprécier si comme moi vous n’êtes pas habitué aux sonorités électroniques sur tout un disque.
« Communiqué » paraît être le morceau le plus conventionnel (comprendre accessible) avec un joli piano voix de la part de Josh Klinghoffer, sur fond de nappes de synthés tourbillonnantes. Une voix très fine, qui colle parfaitement avec l’ambiance presque trip-hop du morceau. C’est peut-être d’ailleurs l’un des intérêts du disque : entendre davantage la voix de Klinghoffer, plus aérienne, plus céleste que celle de Frusciante, qui est sans doute moins un bon chanteur sur un pur plan technique.
Certaines compositions prennent parfois quelques accents davantage ambients que purement électroniques, comme sur l’intrigante « At your Enemies », là encore avec la voix de Klinghoffer et fait office de « pause » entre les morceaux très bruts, et bardés de synthés dans tous les sens.
L’album se conclut sur une jolie ballade piano voix, par Frusciante cette fois, sans le moindre artifice et qui par conséquent , dénote un peu dans l’harmonie globale du disque.
Tout cela ne suffit donc pas pour en faire une oeuvre franchement réussie, et qui peinera à être au niveau des sorties précédentes. A Sphere in the Heart of Silence a l’avantage de montrer une facette que Frusciante avait timidement montré jusque-là, et qu’il poussera à son paroxysme bien des années plus tard. Mais d’ici là, il nous restera quelques albums à aborder, et pas des moindres.