Jethro Tull
Rock Island
Produit par Jethro Tull
1- Kissing Willie / 2- The Rattlesnake Trail / 3- Ears of Tin / 4- Undressed to Kill / 5- Rock Island / 6- Heavy Water / 7- Another Christmas Song / 8- The Whaler's Dues / 9- Big Riff and Mando / 10- Strange Avenues
Couronné de succès par l’obtention inattendue du Grammy Awards de la meilleure performance Heavy/Rock pour Crest of a Knave (1987), Jethro Tull peut savourer son retour en force après ses malheureux détours électroniques et tabler sur une recette qui a fait ses preuves. En 1989, Rock Island arrive dans les bacs avec la promesse de renouveler l’élan soulevé par son prédécesseur et de creuser la possibilité d’un Jethro Tull saturé, tourné vers le hard-rock. À ce titre, ces deux albums peuvent être rassemblés comme faisant partie de la même période du combo, celle de la fin des années 1980, qui se refermera avec le très moyen Catfish Rising (1991).
Le groupe se montre donc à nouveau très Heavy, dès "Kissing Willie" qui fait rugir la guitare aux côtés de la flûte, et conserve les emprunts flagrants à Dire Straits sur les rythmes, les mélodies et la façon de chanter d’Anderson. Cet écho à la bande de Knopfler reviendra très souvent, sur le groovy et moins convaincant "The Rattlesnake Trail", sur l’urbain mais un peu répétitif "Undressed to Kill", ou sur les slows "Strange Avenues" et "Another Christmas Song", sympathique clin d’œil à "Christmas Song" (Living in the Past, 1972). Mais dans le style hard-rock fin de décennie, c’est bien "Heavy Water" qui sort largement du lot tant il est imparable du point de vue de la mélodie comme des riffs (Martin Barre fait un travail formidable sur ce titre).
Jethro Tull n’oublie pas ses racines folks, Anderson prend même la mandoline pour le légèrement kitsch mais réussi "Ears of Tin", qui dispose d’une belle transition plus musclée, et pour le remarquable (et bien nommé) "Big Riff and Mando" – la pièce incontournable de l’album.
Sans renouer complètement avec le rock progressif, le groupe s’adonne à des compositions plus épiques et étendues. L’atmosphérique et éthéré "Rock Island" donne ainsi lieu à une magnifique communion entre la guitare et la flûte. Atteignant presque huit minutes, "The Whaler's Dues" se veut avant tout cinématographique dans une montée en puissance arrangée par la flûte, la guitare et les synthés, et joue sur les registres folks et hard-rock pour atteindre un résultat très convaincant.
Il y aura sûrement des désaccords quant au meilleur album du couple formé par Crest of a Knave et Rock Island : selon nous, le second est bien plus abouti grâce à une maîtrise approfondie de ce nouveau style et à une plus faible présence des aspérités issues des années 1980.
À écouter : "Kissing Willie", "Rock Island", "Heavy Water", "Big Riff and Mando"