Jethro Tull
Catfish Rising
Produit par Jethro Tull
1- This Is Not Love / 2- Occasional Demons / 3- Roll Yer Own / 4- Rocks on the Road / 5- Sparrow On The Schoolyard Wall / 6- Thinking Round Corners / 7- Still Loving You Tonight / 8- Doctor to My Disease / 9- Like a Tall Thin Girl / 10- White Innocence / 11- Sleeping with the Dog / 12- Gold-Tipped Boots, Black Jacket And Tie / 13- When Jesus Came to Play
Alors que Jethro Tull semblait avoir trouvé sa voie depuis Crest of a Knave en musclant son identité musicale et en s’inspirant de Dire Straits pour offrir un hard-rock mélodique à la flûte ampoulée, Anderson et compagnie décident de calmer le jeu en 1991 avec la sortie de Catfish Rising. Par bien des aspects, ce nouvel opus s’inscrit dans la suite de ses prédécesseurs (demeurent notamment plusieurs gimmicks mélodiques et des sonorités) mais dans une version amollie. Et exactement vingt ans après la sortie d’Aqualung (1971), cela sonne un peu comme un coup de vieux.
Même si la direction hard-rock est entretenue, l’énergie s’est volatilisée et donne un résultat souvent pataud. "This Is Not Love" ouvre ainsi les hostilités sur un riff saturé mais le titre traine péniblement ses couplets et ses refrains. En outre, la plus grande nouveauté sur cet album est d’adopter le blues-rock à papa, parfois à la manière du ZZ Top des 80’s sans le savoir-faire du trio texan néanmoins. On rangera dans cette catégorie "Occasional Demons" ou le plus classique "Still Loving You Tonight" (qui dérive vers le slow kitsch – l’orchestration et les interventions de guitare à la Gary Moore), mais le groupe prend même un tournant folk US qui s’est cru dans le Bayou ou à Tulsa ("Roll Yer Own", "Thinking Round Corners", "Gold-Tipped Boots, Black Jacket and Tie"). Tout se passe comme si Anderson voulait renouer avec This Was (1968), quand le groupe essayait de renouveler un British Blues Boom en fin de course – période qui était loin d’être sa plus faste.
Quelques réussites peuvent tout de même être retenues, comme l’embrumé "Rocks on the Road" aux accents à la fois folk, piano-bar et classicisants. Dans le même esprit, "Sparrow on the Schoolyard Wall" donne aussi satisfaction et se rapprochant de l’esprit folk originel du groupe, le dansant "Like a Tall Thin Girl" associe talentueusement la mandoline et la flûte tandis que des accords Heavy rythment l’ensemble. Niveau hard-rock, "Doctor to My Disease" mérite une mention honorable du fait de son inscription intouchable dans la suite de Rock Island. Cependant, le bonus "White Innoncence" (disponible sur la version cassette, puis cd), qui fait office de longue pièce épique, témoigne de la baisse d’inspiration du groupe contrairement à ses homologues présents sur les deux albums précédents.
Avec Catfish Rising, l’entrée dans les années 1990 se fait donc sans éclat pour Jethro Tull : la décennie ne sera pas, de toute façon, la plus remarquable de la carrière du groupe. On était pourtant en droit d’espérer davantage.
À écouter : "Rocks on the Road", "Sparrow on the Schoolyard Wall", "Doctor to My Disease"