Grand Magus
Triumph and Power
Produit par Nico Elgstrand
1- On Hooves Of Gold / 2- Steel Versus Steel / 3- Fight / 4- Triumph And Power / 5- Dominator / 6- Arv / 7- Holmgång / 8- The Naked And The Dead / 9- Ymer / 10- The Hammer Will Bite / 11- Blackmoon
Cela fait quelques années et quelques albums que Grand Magus n’est plus le groupe de stoner-doom de ses débuts, glissant petit-à-petit vers un Heavy Metal lourd et épique, d’une puissance remarquable malgré son format réduit (il s’agit d’un trio), un peu à l’américaine des 80’s ou, pour prendre une référence suédoise à propos, à la Heavy Load. En témoigne la pochette de Triumph and Power, évoquant tour à tour les guerriers nordiques et le Valhalla, un nouvel album qui vient asseoir la direction stylistique du combo pour les années à venir, après un The Hunt un peu différent (par son inspiration hard-rock 70’s et Heavy classique). Reste tout de même la lourdeur des guitares et l’approche profondément retro du riffing, qui fait remonter à la surface leur substrat stoner-doom initial.
Il n’en reste pas moins que nous sommes conviés sur les terres glacées de Scandinavie, dès l’épique "On Hooves of Gold", lancé par une introduction d’ambiance au piano, à la guitare acoustique et aux chœurs emphatiques, conduit par un riff simple mais bien pensé, puis sublimé par un refrain enlevé au chant plein de feeling et par des montées subtiles. Un hymne heavy imparable, auquel répond immédiatement "Steel versus Steel" qui, après quelques arpèges et des tambours guerriers, se transforme en titre efficace voire presque canonique du genre et ainsi, en animal à lâcher en concert. S’il reste quelque chose de doom et de sabbathien dans l‘introduction "Fight", celui-ci est emporté par une accélération menée par les guitares telle une charge agonistique et culmine sur un solo simple qui donne pourtant le sentiment d’atteindre l’acmé de la bataille. Dans ce registre, "The Hammer Will Bite" constitue en soi une démonstration de force : le titre est assez long, son introduction acoustique et lumineuse prend le temps de déployer une ambiance épique avant que la six-cordes martiale ne s’envole. Et si le morceau est assez simple, il est doté de quelques variations qui en accroissent la dimension épique - un pont élaboré et un final acoustique en écho à l’introduction. On appréciera également les petites pièces acoustiques aux percussions organiques, "Arv" et "Ymer" (rehaussé par des claviers), qui sont à la fois de scansions à même de mettre en place une narration musicale mais aussi des approfondissements de l’atmosphère viking voulue par le groupe.
Les paroles peuvent paraître un peu caricaturales, avec un côté Manowar sans le folklore, pleines d’épées et de boucliers, et la composition est très inscrite dans son registre. Mais si on aime le genre, on reconnaîtra le talent du combo même dans les titres les plus calibrés. On pense ici à "Holmgang" qui, passé sa chorale introductive, est plus convenu, et au pesant "Triumph and Power", dont le refrain et le petit changement tonal parviennent finalement à prendre aux tripes. En outre, le groupe est peut-être moins remarquable quand il sort les béliers pour le véloce "The Naked and the Dead" et "Dominator", la composition la plus musclée et franchement metallique de l’opus : le savoir-faire est là mais le groupe perd indéniablement en grandeur.
Avec Triumph and Power, Grand Magus montre qu’il est en pleine possession de ses moyens, que son style est assuré au point de mettre au point des albums de référence de la scène qu’il incarne magistralement.
À écouter : "On Hooves of Gold", "Steel versus Steel", "Fight"