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Sonic City Festival


Lee, le 30/04/2009

Dimanche 5 avril 2009


A Courtrai, le week-end est ensoleillé. Touristes et résidents profitent de ce beau temps pour (re)découvrir l'architecture de la ville. La salle De Kreun, quant à elle, gronda d'activités dès le début de l'après-midi. Ricardo Galindez alias Oddateee s'empara le premier de la scène. Avec une grande détermination, il présenta son nouvel album Halfway Homeless. Sans crainte, le portoricain du Bronx alterna entre ambiance désespérement rageuse ("God Baby") et hip-hop groovy accrocheur.
Instrumentations soignées, en particulier le piano, beat frappeur, rap maîtrisé et paroles lacérées ; les scratchs de Motiv s'oubliaient, d'autant plus que le guitariste Tit'o (Picore, Uzul Prod) pretta mains fortes à Oddateee sur trois titres, dont l'excellent "The Hood" à l'énergie captivante. Le show permit même au public de participer sur les traditionnels "Oh Yeah" de "Ricans". En toute fin de parcours, Oddateee se retira en interprétant son hymne new-yorkais "The ODD", à l'influence old-school.


Moment pas forcément idéal pour l'entrée de Mike Mare, plus généralement appelé Destructo Swarmbots. Sans permettre au vide de s'installer, il brancha sa guitare, lança son ordinateur, et partit pour une demi-heure de drone ambiant cyber-programmé. Son jeu électrique et raffiné défia les lois de la gravité durant d'intrigants instants de plénitude. La foule, curieuse et respectueuse, contempla silencieusement la vague de pureté stabilisante et offra, avec sincérité, ses plus vifs applaudissements à l'homme devant la machine.


Le festival poursuivit son exploration musicale. La formation anglaise Guapo (Dave Smith, Daniel O'Sullivan, Kavus Torabi et James Sedwards) afficha ses brillants vêtements sur le devant de la scène. Le groupe élança son art-rock-metal expérimental avec une sérénité déconcertante. Sans trop mouiller le maillot, Guapo ne cacha pas ses sentiers secrets menant vers de nouvelles couleurs psychédéliques, et flotta longuement dans une nostalgie sixties percée de modernité. La modernité, Bong Ra la transmet entièrement dans son concert. Bien que ses longues dreadlocks tournoyantes rappellent les sound-system de Kingston, le néerlandais fusionna indus, jungle et grind-metal-jazz pour délivrer son raggacore imposant et tapageur.


Après ses premières sensations, les spectateurs semblaient se dédoubler. Le Sonic City Festival ne vendait plus de places : est-ce la présence de Mats Gustafsson ? Celle de Dylan Carlson ? Dans tous les cas, avant Small Silence et Earth, il y avait Zu, le trio transalpin. Une performance attendue, car Carboniferous, l'album de la re-révélation du groupe (paru cette année chez Ipecac), dispose d'une force égale à l'Empire romain. A Rome justement, Zu a d'abord développé son « sax, drums and bass » dans l'intimité locale. Puis, il n'a cessé d'enregistrer (grands diamètres, splits ou lives) et de collaborer (Dälek ou Mike Patton entre autres). Alors quand les trois excellents musiciens mettent le pied sur scène, la tornade est foudroyante. Au centre, Jacopo Battaglia pratique un jeu de batterie explosif, à droite les lignes de basse de Massimo Pupillo gronde d'une rage dronique. Et à gauche, le saxophone baryton de Luca Mai crée des sons noise-jazz qui garnissent une homophonie déroutante. Une musique d'une violence totale, unique et envahissante faisant de Zu un des meilleurs agitateurs de salle alternative.


Comme Zu imprègne un punk-rock-metal-free-jazz à l'esprit no-wave, Small Silence renforce l'évolution autonome du traditionnel jazz. L'improvisation du groupe rélève au public une mise en forme prodigieuse. A la tête du quartet, le légendaire saxophoniste suédois Mats Gustafsson, au charisme régulier. Le guitariste Terrie Ex (The Ex) impose son rayonnement et sa grandeur anarchiste. A ses côtés Massimo Pupillo (Zu), toujours à la basse. Le batteur norvégien Paal Nilssen-Love complète ce quatuor de rêve. Même sans Thurston Moore et Jim O'Rourke (qui composent avec eux Original Silence), le petit silence des artistes fût ambitieux, coloré et addictif. Imposible de quitter les lieux avant la fin de cette improvisation noise-rock. D'ailleurs, Terrie Ex, qui s'excitait progressivement en frottant sa gratte à l'aide d'une baguette en bois, extermina complètement ses cordes lors d'un final assourdissant.


Après tant de bruit, comment réussir à calmer les festivaliers afin de les faire progressivement dériver vers le sommeil ? La réponse : programmer Earth ! Cela paraît simple et évident maintenant, mais qui d'autre aurait pu remplir ce rôle ? C'est donc une salle comble qui accueille Dylan Carlson (guitariste et fondateur du groupe) ainsi que ses compagnons. Ce cher Dylan a vraiment la classe : cheveux impeccablement brossé, moustache aiguisée et chemise de cow-boy américain ornent le plancher belge. Pendant plus d'une heure, Earth a proposé ses longues compositions minimalistes et répétitives dans sa superbe tradition drone. Les titres de dix minutes (et plus) s'étalaient avec harmonie grâce à une expérience rythmée par le temps. Bien sûr, seuls les habitants d'un autre système solaire n'auront pu vivre, ces dernières années, le phénomène physique et psychique d'une figure emblématique du rock expérimental. La Terre n'a pas fini de trembler. Earth porte encore bien son nom.


Sans nul doute, cette seconde édition du Sonic City Festival aura accumulé les réussites. Prix abordable (30 euros les deux jours), lieux et accueil chaleureux, ambiance détendue, programmation riche et innovante... Que du bon en perspective pour le prochain rassemblement en octobre qui sera mené par Deerhoof.
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