
Sonic City Festival
- Introduction
- Samedi 4 avril 2009
- Dimanche 5 avril 2009
Dimanche 5 avril 2009

Instrumentations soignées, en particulier le piano, beat frappeur, rap maîtrisé et paroles lacérées ; les scratchs de Motiv s'oubliaient, d'autant plus que le guitariste Tit'o (Picore, Uzul Prod) pretta mains fortes à Oddateee sur trois titres, dont l'excellent "The Hood" à l'énergie captivante. Le show permit même au public de participer sur les traditionnels "Oh Yeah" de "Ricans". En toute fin de parcours, Oddateee se retira en interprétant son hymne new-yorkais "The ODD", à l'influence old-school.
Moment pas forcément idéal pour l'entrée de Mike Mare, plus généralement appelé Destructo Swarmbots. Sans permettre au vide de s'installer, il brancha sa guitare, lança son ordinateur, et partit pour une demi-heure de drone ambiant cyber-programmé. Son jeu électrique et raffiné défia les lois de la gravité durant d'intrigants instants de plénitude. La foule, curieuse et respectueuse, contempla silencieusement la vague de pureté stabilisante et offra, avec sincérité, ses plus vifs applaudissements à l'homme devant la machine.

Après ses premières sensations, les spectateurs semblaient se dédoubler. Le Sonic City Festival ne vendait plus de places : est-ce la présence de Mats Gustafsson ? Celle de Dylan Carlson ? Dans tous les cas, avant Small Silence et Earth, il y avait Zu, le trio transalpin. Une performance attendue, car Carboniferous, l'album de la re-révélation du groupe (paru cette année chez Ipecac), dispose d'une force égale à l'Empire romain. A Rome justement, Zu a d'abord développé son « sax, drums and bass » dans l'intimité locale. Puis, il n'a cessé d'enregistrer (grands diamètres, splits ou lives) et de collaborer (Dälek ou Mike Patton entre autres). Alors quand les trois excellents musiciens mettent le pied sur scène, la tornade est foudroyante. Au centre, Jacopo Battaglia pratique un jeu de batterie explosif, à droite les lignes de basse de Massimo Pupillo gronde d'une rage dronique. Et à gauche, le saxophone baryton de Luca Mai crée des sons noise-jazz qui garnissent une homophonie déroutante. Une musique d'une violence totale, unique et envahissante faisant de Zu un des meilleurs agitateurs de salle alternative.
Comme Zu imprègne un punk-rock-metal-free-jazz à l'esprit no-wave, Small Silence renforce l'évolution autonome du traditionnel jazz. L'improvisation du groupe rélève au public une mise en forme prodigieuse. A la tête du quartet, le légendaire saxophoniste suédois Mats Gustafsson, au charisme régulier. Le guitariste Terrie Ex (The Ex) impose son rayonnement et sa grandeur anarchiste. A ses côtés Massimo Pupillo (Zu), toujours à la basse. Le batteur norvégien Paal Nilssen-Love complète ce quatuor de rêve. Même sans Thurston Moore et Jim O'Rourke (qui composent avec eux Original Silence), le petit silence des artistes fût ambitieux, coloré et addictif. Imposible de quitter les lieux avant la fin de cette improvisation noise-rock. D'ailleurs, Terrie Ex, qui s'excitait progressivement en frottant sa gratte à l'aide d'une baguette en bois, extermina complètement ses cordes lors d'un final assourdissant.

Sans nul doute, cette seconde édition du Sonic City Festival aura accumulé les réussites. Prix abordable (30 euros les deux jours), lieux et accueil chaleureux, ambiance détendue, programmation riche et innovante... Que du bon en perspective pour le prochain rassemblement en octobre qui sera mené par Deerhoof.