Rival Sons
Salle : Transbordeur (Lyon - Villeurbanne)
Première partie :
Quasiment 2 ans jour pour jour après leur dernier passage dans la même salle (le 12 février 2017), les fils rivaux sont de retour à Lyon, avec dans les pattes leur excellent sixième album, Feral Roots, dont l'accueil a été plus que salué dans toute la presse rock (et même au delà, le groupe ayant joué live dans C à vous sur France 5 à une heure de grande écoute). C'est donc avec beaucoup d'impatience que l'on attendait les Californiens sur scène, dont la réputation scénique n'est plus à faire.
La salle est encore bien clairsemée quand les Canadiens The Sheepdogs débutent leur set. Au programme, du blues-rock sudiste pur et dur, avec tout le décor qui va bien : Du stetson à la cravate texane, en passant par des costumes cintrés hyper classe et une imagerie typiquement sixties. Musicalement, c'est ultra carré, les deux guitaristes s'en donnent à cœur joie en nous proposant leurs compos directement inspirées de Creedence Clearwater Revival. Un vrai bon moment que cette première partie, manquerait peut être un soupçon de folie pour embarquer le public définitivement.
La salle s'est considérablement remplie durant le set des Canadiens, les lyonnais ont répondu en masse, et c'est un Transbordeur plein comme un œuf qui découvre à 21h15, une fois toutes les lumières éteintes, un petit halo de lumière sur le backdrop représentant un squelette de chien. On devine facilement le sublime artwork de Feral Roots. La tension et l'impatience sont palpables dans le public.... explosant sur l'intro de "Back in the woods" absolument époustouflante notamment de la part du batteur Michael Miley.
Le groupe démarre pied au plancher avec ce morceau parmi les meilleurs de l'album et prend tout son sens sur scène, dans ces conditions d'urgence et de moiteur. Nos 5 californiens sont ravis d'être là (à noter la présence du fidèle Todd Ögren-Brooks aux claviers)et l'attention se porte vite sur Jay Buchanan et sa voix extraordinaire. Le bonhomme, s'il est souvent sur le fil du rasoir vocalement, est une nouvelle fois irréprochable dans l'effort et la générosité. Très aminci depuis leur dernier passage et lui donnant de loin une silhouette à la Ozzy Osbourne jeune, Buchanan couvre toute la scène et n'hésite pas à faire participer le public sur les titres les plus fédérateurs du groupe, comme c'est le cas par exemple sur "Feral Roots", "Open my eyes" ou "Pressure and time".
On le sait, nos Californiens sont des gens sérieux, des pères de familles respectables : entre un Scott Holiday tiré à 4 épingles avec son blazer anthracite et son écharpe jaune très BCBG et un David Beste qui chaussera ses lunettes de vue au bout d'une heure de concert lui donnant davantage un air de chercheur au CNRS qu'un bassiste de rock, on est loin des clichés "Sex, drug and rock'n'roll". Par contre, pour ce qui est d'envoyer du riff à gogo et des rythmiques telluriques, nos 5 musiciens sont plus que jamais là. Michael Miley surplombant son kit vintage à l'ancienne fait le show en haranguant la foule, et Scott Holiday, s'il n'a pas un jeu de scène flamboyant nous offre des soli gorgés de fuzz et de feeling sur ses innombrables guitares (la collection est impressionnante).
Le groupe enchaîne les morceaux avec brio et on presque déçus de voir arriver si tôt un "Too Bad" tant on est persuadé que c'est un futur classique du groupe qui aurait sa place allègrement dans un rappel survolté ! Qu'importe, le public répond présent, y compris sur les titres du dernier album (pourtant sorti depuis un mois à peine). Les nouveaux morceaux se prêtent diablement bien à la scène, notamment pour "Feral Roots" et "Look away" avec leur intro acoustique et leur ambiance Zeppelinienne du meilleur effet.
Buchanan n'est pas le frontman le plus bavard du circuit mais ses mots de remerciements sur le fait de dépenser notre argent pour voir de la musique live sonnent très juste, et son interprétation est absolument incroyable et fidèle à sa réputation de chanteur habité, que ce soit sur les classiques blues-rock du groupe ("Electric man", "Torture") ou sur les morceaux plus introspectifs (les sublimes "Jordan" et "Face of light").
Les Rival sons termineront avec le single "Do Your Worst" qu'on sentait d'avance taillé pour du live, avec son refrain aux airs d'hymne repris à l'unisson par un public définitivement conquis. Les lumières s'éteignent, les instruments s'arrêtent, seul un simple battement de cœur bestial résonne encore... La bête féroce sur le backdrop se pare de rouge, et les Rival Sons reviennent pour un dernier baroud. Rappel qui sera la seule petite ombre au tableau : entre un très sirupeux "Shooting stars" (aussi raté sur scène que sur disque) et un trop convenu "Keep on Swinging", on était en droit d'attendre au moins un morceau du dantesque Hollow Bones, injustement mis de côté sur ce show..
Mais ne boudons pas notre plaisir, nous avons assisté à une vraie prestation rock au sens brut et noble du terme, et le succès du groupe (concert sold-out!) est une vraie bonne nouvelle tant le parcours des Californiens est impeccable.
Set-List :
Back in the woods
Sugar to the bone
Pressure and time
Electric Man
Too Bad
Jordan
Feral Roots
Torture
Face of light
Imperial Joy
Open my eyes
End of forever
Do your worst
Rappel
Shooting stars
Keep on swinging