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Compte-rendu de concert

Haken


Date : 16/03/2023
Salle : Le Ferrailleur (Nantes)
Première partie :

Un concert à la hauteur pour les rois du metal prog anglais

Nicolas, le 21/03/2023
( mots)

Temps au beau fixe et surtout douceur fort agréable pour la saison - il est rare de voir 16°C s’afficher au thermomètre à Nantes à 20h en fin d’hiver -, les conditions sont idéales pour ce concert d’Haken raté l’an passé pour incompatibilité de calendrier… mais avec finalement une tournée reportée à 2023 et donc à aujourd’hui : un mal pour un bien. Passée la galère pour circuler dans la capitale bretonne (oui, Nantes, c’est la capitale de la Bretagne, c’est un fait mais évitons les sujets qui peuvent fâcher), entre déviations pour cause de manifestations et d’affrontements sur fond de réforme des retraites et travaux de voirie occasionnant maints errements du GPS, j’arrive enfin à bon port… et à l’heure. Les quais de l’île sont toujours aussi animés et agréables. Le Ferrailleur reste une de mes salles de concert favorites, à taille humaine, avec un accueil pro et chaleureux. Étrange qu’un groupe de la trempe d’Haken continue de tourner dans de si petits endroits, mais je ne vais pas bouder mon plaisir puisque je peux prendre position sans souci au pied de la scène en me calant à la hauteur du drum kit (pour l’heure dissimulé sous un drap) de Ray Hearne : le spectacle peut commencer.

Mais avant de pouvoir admirer les londoniens, il va me falloir endurer - le mot est employé fort à propos - les deux premières parties. Si Between the Burried and Me était annoncé, je découvre effaré qu’un groupe s’est interposé en guise d’interlude en milieu de soirée, Cryptodira. Bon, ça ne va pas hâter mon retour, tout ça - j’ai quand même 1h30 de route pour rentrer au bercail dans la nuit. BTBAM, j’ai écouté un peu par curiosité avant de me rendre sur place, et je sais déjà que je vais souffrir. Dans les faits, on va dire que le sévice est passé plutôt vite. Pour faire court, on a ici affaire à du metalcore prog bien violent et bien beuglé, deux tortionnaires se chargeant de nous infliger leurs grawls et leurs shrieks, avec tout de même quelques interludes chantés plus calmes mais hélas bien rares. Il y a une belle énergie sur scène et beaucoup de technique, mais dans la salle, ça ne suit pas : déjà il n’y a quasiment personne (les lieux sont aux trois quarts vides) et les harangues du leader tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Trente minutes de set montre en main et déjà les américains s’en vont : ouf, ça aurait pu être pire.

Arrive donc la “surprise” Cryptodira, et là, c’est l’inconnue : jamais entendu parler, presque aucune donnée trouvée dans des recherches effectuées à la va-vite pendant la mise en place du matériel sur scène. La réponse arrive vite : ça hurle à peine moins que Between the Burried and Me - mais étonnamment ça passe beaucoup mieux, il est vrai que ça chante aussi beaucoup et très bien -, et pour le style musical, on flirte avec le grindcore math-expérimental qui mange à tous les râteliers. Le set est tonique et surtout extraordinairement varié puisqu’on passe des habituels passages à tabac gueulés à des interludes qui s’enchaînent en cascade, pop, space, électro, funk, jazz (pas jazzy, vraiment du jazz) et même classique avec une partie de gratte librement inspirée de Jean-Sébastien Bach. Cet éclectisme contribue à maintenir mon intérêt tout au long de l’heure que dure le concert, et j’en suis le premier surpris. Même si la musique complètement barrée de Cryptodira ne constitue pas ce que l’on pourrait qualifier d’une révélation pour moi, je me surprends à y prendre goût, aidé par un jeu scénique plaisant, une belle présence du leader et des instrumentistes aux petits oignons qui changent d’instrus comme de chemises. Quand la mauvaise surprise en devient une agréable… ma foi, ne boudons pas notre plaisir, mais pas sûr que j’y revienne sur album tout de même. La folie a ses limites.

Haken, j’en attends beaucoup mais je n’espère pas trop, tétanisé à l’idée d’être déçu, et je prie surtout pour avoir au moins droit à quelques morceaux de The Mountain - et pas trop du nouvel album. Tandis que les membres du groupe s’installent, j’ai l’agréable surprise de constater que je me suis calé pile poil devant la place que va occuper Richard Henshall toute la soirée. Très cool, souriant, détendu, le guitariste barbu maintenant grisonnant installe son rack de pédales en tapant la discute avec nous-autres du premier rang, en toute simplicité : la grande classe. Dès lors, quand le set d’Haken débute, mes yeux ne peuvent quitter le grand guitariste, et en particulier ses doigts qui effectuent des miracles de dextérité sur sa curieuse guitare à manche court, la fameuse Boden NX8 de chez Strandberg également adoptée par son collègue Charlie Griffiths. Une impression assez spéciale que de constater avec quelle décontraction le géant (il mesure près d’1m95) parvient à faire virevolter ses phalanges ou asséner des riffs démentiels sans même appliquer de pression sur ses doigts. On se demande bien comment un son aussi colossal peut sortir d’un instrument aussi riquiqui. Revers de la médaille, le type (à la carrure imposante, on l’a dit) a la malheureuse idée de s’intercaler quasiment tout le long du concert entre moi et Ray Hearne, de fait le jeu très technique du batteur m’est presque totalement caché - mais je peux tout de même l’apercevoir de temps à autres, fort heureusement. Anecdote rigolote : les six membres investissent la scène vêtus d’une même chemise bariolée aux motifs du très réussi artwork typé jungle de Fauna. On est bien loin des metalheads…

Particularité d’Haken, chacun des 6 musiciens - sauf Griffiths - dispose d’un micro, et tous à tour de rôle (voire tous ensemble) soutiennent Ross Jennings au chant en maintes occasions. Le bassiste Conner Green m’impressionne par sa présence et la puissance de son instrument, dont les ultra-graves se ressentent davantage par les vibrations de ma cage thoracique que celle de mes tympans. Le son, parlons-en : la sonorisation est assez hétérogène, l’amplitude djent des cordes peine à se percevoir aussi bien que sur album, mais surtout les soli sont spatialisés et si je jouis d’une qualité de réception parfaite pour Henshall, je n’entends malheureusement rien ou presque des soli de Charles Griffiths coincé à l’extrême opposé de la scène, même si je sais bien que le chauve placide en remontre largement à son leader. C’est d’ailleurs une autre des particularités d’Haken que de fonctionner avec deux guitaristes leads qui alternent leurs parties avec une belle collusion : dommage de ne pas pouvoir pleinement en profiter en live dès lors que l’on se trouve excentré dans la salle. Enfin, mention spéciale à Ross Jennings qui assure un show vocal digne, et Dieu sait qu’il n’est pas aisé de se contenter de ne tenir “que le micro” quand on côtoie cinq super cadors de la technique (notre cher Robert LaBrie peut en témoigner). Ross habite son set, occupe la scène, enchaîne postures exaltées et harangues enfiévrées, et la salle (désormais bondée) ne s’y trompe pas. Sa voix me comble : je crois d’ailleurs que c’est la première fois que j’apprécie davantage un chanteur en live que sur album. Bref, globalement, Haken tient ses promesses et assure le spectacle devant un public conquis et ravi.

Côté setlist, les titres s’enchaînent et je suis étonné de constater que ceux-ci se réduisent à quatre disques seulement, Fauna bien sûr (trois des quatre morceaux révélés en avant-première), Affinity (un morceau seulement), The Mountain (un également) et surtout Virus qui truste plus de la moitié du concert à lui tout seul. Preuve en est que l’avant Mountain n’a plus voix au chapitre - il est vrai que ce disque marque un tournant dans la disco du groupe tant en termes de style que de qualité. Tout de même, je regrette l’absence de Vector (j’aurais bien aimé notamment un petit “Nil By Mouth” histoire de tétaniser un peu l’assistance). Surtout cette omniprésence de Virus me comble agréablement tant les “Prosthetic”, “Invasion”, “Messiah Complex” et surtout “Carrousel” (l’une des plus belles tueries des anglais) mettent le curseur haut. La délivrance est impeccable, pas strictement superposable à celle des studios et c’est bien agréable de voir qu’un effectif qui joue une musique aussi complexe puisse faire preuve d’un peu de fantaisie de temps à autres. “Messiah Complex” nous offre également son petit rappel mélodique de “The Cockroach King”, l’un des hits d’Haken, sans avoir à le jouer vraiment : malin. Par ailleurs, autant je percevais d’assez fortes différences stylistiques d’un album à l’autre, autant ce mélange des titres fait montre d’une belle cohérence mélodique et sonore, preuve d’une personnalité musicale indéniable chez ce groupe parmi les meilleurs représentants d’un metal prog à la Dream Theater. Pour moi, la messe est d’ailleurs dite depuis longtemps : les anglais ont largement dépassé les ricains, mais c’est un autre débat. Évidemment, côté technique, c’est phénoménal et il n’y a rien à redire sur personne. Grosse présence de chaque instrumentiste, gros niveau, grand spectacle, on ne sait plus où donner de la tête pour ne rien rater du show. Au final la soirée fut excellente, même si j’aurais préféré une seule première partie et un set d’Haken sensiblement rallongé (on frise seulement les 1h20 de spectacle). Si Fauna ne m’a pas particulièrement conquis - du moins pas dans son intégralité -, les six anglais demeurent pour moi des références et je suis très heureux d’avoir pu aller les voir. Note : ils repassent cet été à Carhaix dans le cadre du Motocultor Festival. À bon entendeur…

Setlist :

  1. “Prosthetic”

  2. “Invasion”

  3. “The Alphabet of Me”

  4. “Falling Back to Earth”

  5. “Taurus”

  6. “The Endless Knot”

  7. “Lovebite”

  8. “Carousel”

  9. “Messiah Complex I: Ivory Tower”

  10. “Messiah Complex II: A Glutton for Punishment”

  11. “Messiah Complex III: Marigold”

  12. “Messiah Complex IV: The Sect”

  13. “Messiah Complex V: Ectobius Rex”

Commentaires
Jeanmaille, le 21/03/2023 à 16:58
Très bon concert de Haken, Ross Jennings a plutôt assuré, ce qui n'est pas toujours le cas. Placé près de Richard Hernshall, je n'ai pas entendu grand chose de Charlie Griffiths non plus. Mention spéciale à "Messiah Complex", énorme claque de ce concert. Par contre, personnelement, j'ai adoré le show de Between the Burried and Me, techniquement, très forts.