Fontaines D.C.

Les éditions des Nuits de Fourvière se suivent mais ne se ressemblent pas toujours, surtout quand il s’agit d’y glisser un peu de rock dans ce cadre toujours aussi somptueux du Théâtre Antique de Lyon. Pour 2025, la programmation a sorti l’artillerie lourde : The Kills, Beth Gibbons, Cypress Hill, Franz Ferdinand, Kraftwerk, The Libertines, Last Train (présents ce soir en bonne place dans les gradins)… et bien sûr, les nouvelles coqueluches d’un post-punk irlandais qui n’en est plus tout à fait un : Fontaines D.C.
Dès l’annonce du programme, il a fallu déployer des trésors de stratégie pour arracher un billet via un site toujours aussi mal pensé (140 spectacles très différents en vente le même jour, sur une seule et même plateforme… sérieusement ?). On fait donc partie des chanceux, ceux qui ont eu les bons clics, ou les bons contacts, pour assister au retour en France de nos Dublinois préférés.

Inutile de revenir sur leur trajectoire fulgurante : quatre albums depuis 2019 (à ce rythme-là, King Gizzard commencerait presque à s’inquiéter), et une montée en puissance impressionnante, culminant avec Romance, leur dernier disque signé chez XL, qui a mis tout le monde d’accord. Vous retrouverez au besoin les chroniques dans nos colonnes.

La première partie était confiée à des petits jeunes qui montent, Been Stellar, dont on vous a déjà vanté les mérites dans ces lignes. Prestation aussi courte qu’efficace des New-Yorkais et leur indie-rock très inspiré des Strokes (vus sur la même scène il y a…19 ans) et tapissé de quelques teintes shoegaze 90ies du meilleur effet.

21h30. Le théâtre est comble, déjà conquis, quand résonnent les premières notes de “Romance” (la chanson). Première surprise : l’extrême diversité du public, de 7 à 77 ans. Pas si fréquent pour un groupe dont la carrière ne dépasse même pas les 10 ans.
Difficile de passer sous silence le look particulier du groupe, rétro-futuriste pour les uns, étonnant pour les autres (avec un Tee-shirt de Metallica pour le batteur Tom Coll) et… unique pour Grian Chatten : kilt Irlandais, chaussettes montantes et hoodie XXL et capuche vissée sur le crâne comme une armure.

La scénographie reprend les codes visuels “particuliers” de Romance : gros cœur rose tordu suspendu au-dessus de la scène. Le son est plutôt très bon et le public, fin connaisseur, chante en chœur les titres de la “première” époque (quelle étrangeté de dire ça pour un groupe si jeune). Le set monte en intensité, alternant les morceaux récents et les “classiques” post-punk : “Televised Mind”, “Big Shot”, puis “Jackie Down The Line”, premier grand moment de la soirée. Sur scène, Chatten est magnétique. Il ne tient pas en place, avec un jeu de scène qu’on qualifiera de “charismatypique” (ces tours de pieds de micros sur place, ces moulinets de bras bizarres pour haranguer la foule). C’est aussi un des rares chanteurs du circuits à presque mieux chanter en live que sur album.

Côté interactions, on repassera : quelques “merci” timides, un “bonsoir” vite lâché. Mais le message le plus important est ailleurs : un drapeau palestinien soigneusement déployé sur le pupitre des claviers.

L’intro de “Big” déclenche les premiers jets de gobelets. “Here’s The Thing” et sa guitare métallique fera basculer définitivement tout le théâtre (quel riff incroyable !). Les murs vibrent encore des “Life ain't always empty” de "A Hero’s Death", scandés autant par Chatten que par le public. Chaque période du groupe est acclamée, comme si Dogrel, A Hero’s Death, Skinty Fia et Romance faisaient déjà partie d’un même bloc indissociable, aussi différents qu’ils soient.

Ce soir, les couleurs de l’Irlande ont flotté haut dans le ciel lyonnais. Fontaines D.C. a livré un concert parfaitement maîtrisé et faisant honneur à une discographie déjà bien fournie. De Dogrel à Romance, ils ont tout balayé.
Grian Chatten peut bien repartir capuche sur la tête : la messe est dite.

Set List Been Stellar : 
Scream For Me Ny
Manhattan Youth
Breakaway
Sweet
Pumpkin
Kids 1995
I Have The Answer

Set List Fontaines DC : 
Romance
Jackie Down The Line
Televised Mind
Roman Holiday
Big Shot
Death Kink
Before You I Just Forget
It's Amazing to be Young
Big
A Hero's death
Bug
Horseness is the Whatness
Here's the Thing
Nabokov
Boys In the Better Land
Favourite
In The Modern World

Rappel : 
Desire
I Love You
Starbuster