
Ce 11 juin 2025, nous apprenions la disparition de Brian Wilson sur les réseaux sociaux.
"C’est avec tristesse que nous annonçons le décès de notre père bien-aimé, Brian Wilson. Les mots nous manquent. Veuillez respecter notre vie privée pendant cette période difficile pour notre famille. Nous savons que nous partageons notre peine avec le monde entier". (Instagram)
Le cofondateur du groupe mythique californien des Beach Boys, s'en est allé. Un destin troublé, une vie ambivalente, un don musical incontestable. Un brillant touche à tout - composition, arrangements, production, basse, piano - empreint aux émotions. Artiste talentueux qui révolutionne la surf music sans n'avoir jamais surfé, qui parle d'insouciance et d'euphorie sur fond d'harmonies mélancoliques. Un homme complexe habité par la passion, l'amour et la dépression.
Né le 20 juin 1942 en Californie, Brian Wilson grandit auprès d'un père violent qui le rend notamment sourd de l'oreille droite en le jetant contre un mur. Ce qui le handicape mais n'affecte en rien son inclination pour la musique qui se développe toute son enfance jusqu'à devenir une obsession. Il forme en 1961 avec ses frères Dennis et Carl, son cousin Mike Love et leur ami Al Jardine : The Beach Boys. Le succès du groupe est immédiat et les singles s'enchaînent : "Surfer Girl", "Surfin' USA", "Fun, Fun, Fun", "I Get Around". En 1964, Brian Wilson tombe en dépression et préfère se consacrer à son prochain album, laissant les membres partir en tournée sans lui. Grandement impressionné et inspiré par le génie britannique des Beatles (loyaux rivaux) et de leur Rubber Soul, il expérimente, fait du studio d'enregistrement un instrument à part entière et créé avec frénésie et manie. Pet Sounds sort en 1966, un chef-d'œuvre introspectif et émotionnel, marquant une évolution dans le son des Beach Boys avec des morceaux comme "Wouldn't It Be Nice", "Caroline, No", "God Only Knows". Le succès n'est d'ailleurs au rendez-vous qu'au Royaume-Uni, jusqu'à ce que le génial et plus cher single de l'histoire "Good Vibrations" ne vienne reconquérir le large public. Brian Wilson en veut plus, dans sa tête : un nouveau projet révolutionnaire nommé "Smile". En parallèle, sa consommation de drogues s'intensifie, tout comme son mal-être et le désintérêt des autres membres pour sa musique. L'album est donc mis de côté et les Beach Boys continuent sans lui. Il entame une carrière solo, sous la direction d'un thérapeute malveillant, qu'il finit par évincer avec l'aide de sa femme. En 2004, le merveilleux Smile est achevé, Brian Wilson se produit à travers le monde et parle même de bonheur en interview.
Avec ses compositions novatrices et ses arrangements audacieux, sa fragilité et ses troubles, Brian Wilson a indéniablement marqué et révolutionné la musique des années 1960, peut-être ringarde mais fondatrice et essentielle. Nombreux sont les hommages : Ronnie Wood, Bob Dylan, Elton John, Mick Fleetwood, et Paul McCartney qui se demande comment nous allons faire sans lui, "God Only Knows".