The Gathering
Nighttime Birds
Produit par Siggi Bemm, The Gathering
Après le succès presque surprise de Mandylion, autant dire que The Gathering est attendu de pied ferme par la communauté métal.
L'arrivée d'Anneke Van Giersbergen ayant donné un second souffle (et quel souffle !) au groupe batave, les ventes de Mandylion se voient auréolées d'une excellente 20ème place dans les charts néerlandais.
Ce résultat peut sembler anecdotique et décevant, mais compte tenu du background de la formation (pour rappel groupe de doom métal à la base ), cela constitue une belle performance. Au delà des chiffres de ventes, l'album a propulsé le genre sur le devant de la scène, amenant avec Anneke un vent de fraîcheur considérable sur toute la scène métal Européenne.
Alors au moment de préparer la suite à donner à Mandylion, le groupe se retrouve avec 2 possibilités : prendre son temps en continuant les tournées, ou retourner très vite en studio en profitant de la vague du succès de Mandylion. Nos Néerlandais préférés, sans doute boostés (voire pressés ?) par leur maison de disques, choisiront donc l'option numéro 2. Moins de 2 ans après Mandylion, Nighttime Birds fait donc son apparition dans les bacs.
L'attente pour les fans et sympathisants du groupe est immense, et le résultat est somme toute assez contrasté. D'un côté, l'effet de "surprise" n'est plus là. Mandylion avait fonctionné car l'alliage grosses guitares + voix féminine était relativement nouveau. Le charme de la nouveauté n'opère donc plus complètement sur Nighttime Birds, mais l'album possède bien d'autres qualités tout au long des 9 titres qui le composent.
Si l'atmosphère de Mandylion pouvait évoquer des plaines arides africaines et des déserts ocres et rocailleux, (et ce dès l'artwork de l'album), Nighttime Birds en est le versant septentrional. La pochette, et son paysage neigeux, d'un blanc immaculé d'abord. L'ambiance générale du disque ensuite : froide, glaciale, en gardant des riffs de guitare lourds et efficaces. C'est là le tour de force du groupe : conserver son identité tout en proposant une ambiance radicalement différente. Ce sont les mêmes musiciens, qui jouent sans doute sur les mêmes instruments, et dès la première chanson, le voyage et la magie opèrent. Dès le premier titre "On most surfaces", nous sommes transportés dans le grand Nord, la brise glaciale nous fait face, en même temps que les riffs nous arrivent aux oreilles.
Même les paroles inaugurales laissent le froid nous perforer "the frost hits me in the eye and wakes me. These are blury winters and I cannot see", "I'm the snow falling down on you".
L'hiver est là, installé, dès les premières notes. Heureusement, de fins rayons de soleil transpercent le ciel épais. Ces rayons prennent forme par la voix d'Anneke Van Giersbergen, dont la prestation est encore plus aboutie sur ce disque, avec en point d'orgue la ballade piano-voix "Shrink" qui clôt l'album. Les compositions du disque lui permettent d'avoir un chant plus éthéré, plus aérien "A veil of smoke is what I am" comme elle le chante sur "Confusion".
Son chant plus varié et les passages voix de gorge / voix de tête sont clairs et limpides, comme sur l'excellent "New Moon, different day". Sans doute sa capacité à véhiculer davantage d'émotions demande encore un soupçon d'amélioration, mais cela viendra...rapidement...et magistralement.
Difficile de ne pas avoir d'yeux que pour Anneke tant elle crève l'écran par sa grâce, sa délicatesse et par le charisme de sa voix. Les autres musiciens agissant presque comme un backing-band pour lui laisser toute la lumière et toute l'exposition. D'ailleurs, est-ce un hasard s'il y a moins de passages instrumentaux sur ce disque ? Ceci étant, il n'y a rien à redire sur la prestations des musiciens, la section rythmique est en place (même si le son de basse est très typé 90's), les riffs de guitare sont simples et les solo toujours au service des compositions. Si The Gathering reste alors un groupe "à guitares", les claviers et pianos de Frank Boeijen commencent à prendre davantage de place, et ne sont plus seulement utilisés que par de simples nappes d'ambiances. Ces quelques nouveautés, disséminées avec subtilité sont un avant-goût de la nouvelle orientation du groupe à venir, et qui se confirmera un an plus tard. Preuve en est avec la très réussie "The Earth is my Witness" dont la structure et la gradation du refrain évoquent clairement le chef d'oeuvre à venir.
Cet album n'est pas exempt de reproches, il est relativement court et très concentré. Aucun titre ne se détache vraiment, et cette homogénéité empêche sans doute l'album de décoller pour de bon, et surtout de confirmer complètement les promesses entrevues avec Mandylion.
Mais lorsque l'on possède un tel joyau en la personne d'Anneke Van Giersbergen, impossible de ne pas entrevoir de lendemains lumineux et incandescents.