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Critique d'album

The Flamin' Groovies


Shake some action


(01/06/1976 - Sire - Garage Rock Rétro - Genre : Rock)
Produit par Dave Edmunds

1- Shake some action / 2- Sometimes / 3- Yes it's true / 4- St. Louis Blues / 5- You tore me down / 6- Please please girl / 7- Let the Boy Rock 'n' Roll / 8- Don't You Lie to Me / 9- She Said Yeah / 10- I'll Cry Alone / 11- Misery / 12- I Saw Her / 13- Teenage Confidential / 14- I can't hide
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Comme un combat perdu d'avance par d'incorrigibles romantiques"
Guillaume , le 26/05/2023
( mots)

"The Flamin’ groovies did a better job on Teenage head than the Stones on Sticky Fingers" ("Les Flamin’ Groovies ont fait du meilleur boulot sur Teenage Head que les Stones sur Sticky Fingers") Cette sentence proférée par Mick Jagger, le farfadet satanique en personne en 1971 (vrai ou pas, c’est ce genre de petites infos invérifiables qui fait tout le sel de la mythologie Rock) lève le voile sur le niveau stratosphérique des Groovies après leur incunable Teenage Head. Les Groovies s’étaient fait tout seuls, à la dure. Issus de la scène franciscanaise de la fin des années 60, les babas cools se foutaient comme de leur premier acide de ce rock’n’roll passéiste et direct, bien loin des branlages de manches psychédéliques alors en vogue. Dans cette époque corsetée par les maisons de disques, les Groovies font le pari fou de sortir un mini-album (Sneakers), à leur frais sur leur propre label ! Et ça marche puisqu’ils se font repérer par le label Epic. La légende du groupe est en marche. Le premier disque est une déclaration d’amour avouée à l’innocence adolescente des pionniers du Rock. Tramautisés par la nouvelle garde du Rock incarnée par les Stooges et le MC5, les Groovies durcissent le ton avec Flamingo où le groupe se met en tête de sonner comme un inédit de la séminale compilation Nuggets regroupant la crème du Garage américain des années 65-68. Jusqu’au feu d’artifice protéiformes Teenage Head qui tient la dragée haute au paquet rembourré des Stones.


Comme tous leurs albums précédents (et ceux à venir), le succès ne suit pas. C’est pas grave. Les Groovies continuent coûte que coûte : Viré de leur  label, le groupe se déleste de Roy Loney, leur frontman, pour le remplacer par Chris Wilson avec qui ils vont dégainer le monstrueux "Slow Death" puis vont enchaîner une tournée en Europe, rameutant à leur trousse une meute de fanatiques, en France et aux Pays-Bas. Greg Shaw, un de ces supporters hardcore, publie sur son label Bomp ! en 1974, "You tore me down"... Qui va permettre au groupe de se trouver un nouveau contrat au sein d'une maison de disques gérée elle aussi…par un mordu des Groovies !


Revenons sur ce nouveau titre. Comment le groupe peut sortir une déchirante ballade aux doux parfums surannés, deux ans après la déflagration garage de "Slow Death" ? La réponse se nomme Chris Wilson. Ce dernier va orienter le groupe vers le Folk-rock mélodique du début des années 60, quelque part entre les Beatles et les Byrds. Et pour retrouver ce son clair et mélancolique des premières galettes des Beatles, Jordan et Wilson découvrent, dans un village perdu du Pays de Galles, un psychopathe de leur espèce qui a bâti de ses propres mains, un studio avec la technologie vintage, à même de reproduire le son des années 50-60 . Ce maniaque s’appelle Dave Edmunds. Très bon guitariste, il connaîtra le succès quelques années plus tard avec son groupe Rockpile. En attendant, c’est lui qui est aux manettes de Shake some action des Groovies, publié en 1976. En fermant les yeux, on pourrait croire à un inédit des Fab Four issu des séances de "Please please me". Comme si les Groovies avaient remonté le temps jusqu’en 1963, pour virer les Beatles de leur studio, afin de jouer sur leur matériel. Ce méticuleux travail de mimétisme est proprement bluffant, des harmonies vocales en passant par le son cristallin de Rickenbacker. Les Groovies ne se sont pas juste limités à émuler les Beatles des débuts, ils ont également eu la bonne idée de composer de grandes chansons.


La chair de poule que l’on ressent durant l’introduction de "Shake some action" annonce de très grandes choses et donne le ton de l’album : le fantasme absolu d’une bande de jeunes adultes, qui refusent de vivre le temps présent, pour mieux se réfugier dans une époque fantasmée qu’ils n’ont pu vivre. Depuis toutes ces années, sous cette crasse accumulée dans les bouges de tournée, battait un petit cœur en guimauve prêt à se briser. Ce petit coeur explose lors de la bouleversante "You tore me down" où les Groovies ont bien retenu la leçon des progression d’accords mélancoliques d’un John Lennon juvénile. Dans le même esprit, "Yes it’s true" rappelle instantanément "All I’ve got to do" sur "With the Beatles" avec ce rythme syncopé et ces vocalises romantiques. L’évidence mélodique de "I can’t hide" saute à la gueule, traverse l’Atlantique direction la "West Coast" des Byrds. 


Et histoire de pousser le bouchon encore plus loin, les Groovies se frottent aux mêmes influences que les Beatles des années 63-64, à savoir, Soul à la sauce Motown et Rockabilly énergique. Les reprises grouillent de partout. "St Louis Blues" et "Don’t you lie to me" sont d’incroyables "stompers" fleurant bon la noctambule Louisiane. Et petit pied de nez aux géniaux liverpuldiens, les Groovies s’attaquent au "She said yeah" interprété par Larry Williams mais popularisé par les Stones. D’autres relectures se taillent la part du lion : la larmoyante "I saw her" et ses faux airs de complainte médiévale à tomber à la renverse puis la divine "Teenage Confidential". L’écho abyssal de la douze-cordes et la tendresse échevelée du titre donnent envie de revivre nos premiers émois amoureux. Hommage obligé, le quintet défouraille un vigoureux "Misery" qui botte les fesses à la version originale. Le terme "Power Pop" revient souvent à l’évocation de Shake some action. Mais si on part du principe que "Power Pop" désigne un mélange du sens mélodique des Beatles combiné au gros sons de guitares seventies, l’expression consacrée ne s’applique pas vraiment au quatrième effort des américains, compte tenu des instruments, de la production rétrograde mais magistrale de Dave Edmunds. On se rapproche plus de la démarche d’un Todd Rundgren avec sa reproduction (quasiment) à l’identique de "Strawberry fields forever". 


Et il est certain que Sir Paul doit avoir son petit avis sur l’inhumation de ses jeunes années (qu’il serait savoureux de connaître). Lui qui a toujours cherché à se renouveler sur disque, ça a dû lui faire bizarre de voir ses cinq marioles tirés à quatre épingles dans des costumes ultra cintrés, bloqués sur ses premiers albums. Comme un combat vain et perdu d’avance par d’incorrigibles romantiques, colorant chacune des compositions de l’album, de bouleversantes nuances sépia, avec un je ne sais quoi de pathétique.

Commentaires
MathildeAR, le 16/08/2023 à 08:42
Je suis en train de découvrir l'album, quelle claque, ni mon genre de prédilection, encore moins une époque que je connais, mais alors quel album certainement pas assez (re)connu ?
DanielAR, le 26/05/2023 à 19:37
Peut-être (peut-être) que "Shake Some Action" est un des plus grands singles "pop" (au sens où on entendait le terme en des ères anciennes) de tous les temps. Ce n'est pas du revival ni de la parodie. C'est juste fait comme ça. Décalage spatio-temporel. Merci de parler de cet album.