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Critique d'album

The Coral


Sea of Mirrors


(08/09/2023 - Run On - Modern Sky UK - Pop Folk Rock Blues - Genre : Pop Rock)
Produit par Sean O'Hagan

1- The Actor And The Cardboard Cowboy / 2- Cycles Of The Seasons / 3- Faraway Worlds / 4- Wild Bird / 5- North Wind / 6- Eleanor / 7- Sea Of Mirrors / 8- That's Where She Belongs / 9- The Way You Are / 10- Dream River / 11- Almeria / 12- Child Of The Moon / 13- Oceans Apart
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La quintessence du folk-rock anglais. La classe à l'état pur."
Nicolas, le 07/11/2023
( mots)

On aurait pu débuter cette critique du dernier The Coral par un énième lieu commun, “une discographie impeccable”, “ils transforment tout ce qu’ils touchent en or”, “quelle personnalité fascinante”, bla bla bla, vous voyez le genre. C’était vrai jusqu’à il y a peu pour le combo de Liverpool, et puis il y a eu Coral Island en 2021, un disque vraiment pas fameux, avec plein de spoken words dedans, glauque, surréaliste dans le mauvais sens du terme, pas foncièrement raté mais pas flatteur outre mesure - d’ailleurs on n’a même pas eu envie de le chroniquer, c’est dire. L’appréhension, à la découverte du Sea of Mirrors qui nous occupe ici, était donc tout à fait légitime, mais elle a bien vite volé en éclat tant ce onzième album studio transpire la classe. Pour l’anecdote, il existe un disque compagnon à ce Sea of Mirrors, intitulé Holy Joe's Coral Island Medicine et uniquement disponible en version physique, sorte de pendant psychédélique et onirique de ce “western spaghetti” à la sauce british.

On retrouve ici tout ce dans quoi The Coral excelle, cette alliance de rock et de folk anglais, cette présence vocale magnétique de James Skelly, cette profondeur d’écriture textuelle et musicale, renvoyant ce dernier opus à un The Curse Of Love déjà magnifique à l’époque de sa sortie. Ambiance tranquille donc, comme en témoignent les premiers accords de gratte sèche de “The Actor and the Cardboard Cowboy”, bien vite rehaussés d’une viole et d’un harmonica. Simple mise en bouche que ce bref interlude qui embraye sur un “Cycles of the Seasons” d’une rares élégance, tout en subtilité, banjo dansant, violons avenants, songwriting doux-amer, et toujours cette voix chaude et grave, légèrement cassée, du ménestrel Skelly, ici plus sûr de son fait que jamais. Même pas trois minutes au compteur et l’on est instantanément sous le charme. Un charme qui ne se dément pas tout au long des quelques treize morceaux qui composent Sea Of Mirrors, un disque pourtant épatant de concision (même pas quarante minutes en tout), ce qui vous donne un aperçu de la concentration d’idées mélodiques que l’on peut y dénicher. Déjà “Faraway Worlds” convainc pleinement par la richesse incroyable de ses arrangements (slide, guitare acoustique, piano, flûte traversière, chœurs polyphoniques béats de plénitude), c’est d’une beauté renversante. Les singles ne sont pas en reste tant “Wild Bird” et “Oceans Apart” subjuguent par leur délicatesse et leur acuité. Rien de bien sorcier là-dedans, pourrait-on croire : on a l’impression, à leur écoute, d’une écriture fluide, parfaitement naturelle et par là-même “facile”, pour autant on n’ose imaginer à quel niveau de maîtrise dans la création de chansons il faut être parvenu pour réussir à pondre des engins pareils. Le second surtout, un peu plus long que les autres, clot le disque avec une maestria folle, transpercé par ses saillies de violons conquérants - avec en conclusion un texte déclamé par un certain Cilian “Peaky Blinders” Murphy dont la voix d’outre-tombe ne broie fort heureusement pas le titre comme on a pu l’observer sur le disque précédent.

Ennio Morricone hante l’ensemble de la galette, et oui, bien sûr, on songe un peu aux Last Shadow Puppets dont le The Age of Understatement lorgnait dans les mêmes territoires musicaux. Amusant, si l’on peut dire, quand on sait que Miles Kane et James Skelly sont cousins germains. On imagine bien en particulier Clint Eastwood promener sa grande silhouette parée d’un chapeau de cowboy au sein de l’évocateur “North Wind”, mais nous restons dans la pluvieuse Albion et la transition vers une folk plus moderne se fait sur un “Sea Of Mirrors” à la progression d’accords plus atypique, paré d’accents hindous à peine esquissés avant que les nuances presque baroques des cordes classiques ne deviennent prédominants. Un brin plus rock et charpenté, “That’s Where She Belongs” épate par ses arpèges précieux sous-tendant de délicieuses harmonies vocales. Plus loin, on songe à un Noel Gallagher qui aurait enfin gagné ses classes d’arrangeur de mélodies tant la prégnance de “The Way You Are” nous hante par ses accents que l’on jurerait originaires de Manchester. The Coral nous étourdit par la maîtrise de ses choix instrumentaux, comme ces subtiles dissonances de guitare noyées sous d’insaisissables violons au sein de “Dream River” : une telle maestria force le respect. Mais le groupe n’a pas besoin de s’embarrasser d’artifices pour nous faire vibrer : prenez “Child of the Moon”, un chanteur, quelques accords de gratte folk, un peu de clapping, et ça roule. Certes, l’orchestre classique se joint avec bonheur à l’ensemble à mi-parcours, mais à la limite il ne s’imposait nullement.

La classe à l’état pur, qu’on vous dit. The Coral signe ici un disque d’une beauté renversante, aussi saisissant qu’émouvant, aussi cérébral que viscéral, redressant ainsi une barre qui avait bien trop tourné lors de son précédent effort studio. Reste une interrogation, qui va nous permettre de verser (enfin !) dans un véritable lieu commun afin de conclure cette chronique : comment est-il Dieu possible qu’un groupe d’une telle qualité demeure à ce point inconnu dans notre cher Hexagone ? Nous n’avons pas la réponse, mais libre à vous de réparer ce tort. Et le plus tôt sera le mieux !


À écouter : "Wild Bird", "Cycle of the Seasons", "Oceans Apart", et toutes les autres

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