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Critique d'album

Soen


Imperial


(29/01/2021 - Silver Lining Music - Prog suédois - Genre : Hard / Métal)
Produit par Iñaki Marconi

1- Lumerian / 2- Deceiver / 3- Monarch / 4- Illusion / 5- Antagonsit / 6- Modesty / 7- Dissident / 8- Fortune
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La quintessence du metal prog homérique et implexe de Soen"
Nicolas, le 13/04/2021
( mots)

Après un peu plus d’une décennie d’existence, Soen a réussi à s’imposer sur la scène du metal prog moderne au fil de cinq albums qui ont vu leur style évoluer du psychédélisme transcendental toolesque à un rock plus direct basé sur des riffs tarabiscotés mais non moins rentre-dedans et un chant au lyrisme exalté. On se souvient que Lykaia (2017) avait vu s’opérer ce changement salutaire qui avait permis aux suédois de se démarquer du carré californien Keenan-Jones-Chancelor-Carey pour asseoir leur personnalité propre, disque charnière qui émoustillait sérieusement et proposait surtout une facette nouvelle et très spécifique à la musique du groupe de Martin Lopez et Joel Ekelöf, seuls rescapés de l’aventure originelle et maîtres à penser du projet. Deux ans plus tard, Lotus, quoique réussi, manquait de transformer l’essai, la faute à un déficit de titres remarquables. Imperial change la donne, complètement.


Ne vous attendez pas à une quelconque révolution, au contraire : on a l’impression que depuis Lykaia, Soen s’évertue à appliquer exactement les mêmes artifices pour élaborer ses morceaux : riffs à la signature rythmique complexe troussés sur un mid-tempo dynamique (du moins sur leurs morceaux-signature), batterie très présente dans le mix (c’est l’avantage, quand on est l’initiateur d’un groupe, de pouvoir se mettre en avant) mais non moins technique et virevoltante, chant à la fois doux, tellurique et habité, soutenant de grands refrains héroïques mélodieux. Le reste n’a alors que peu d’importance, car tout n’est question que de qualité de composition, et à ce petit jeu-là, Imperial se révèle… impérial. Comme à chaque fois avec Soen, la force des morceaux met un certain temps à s’imposer à nous, mais dès deux-trois tours de platine, l’affaire est entendue : cet opus n°5 transcende leurs disques passés.


Le parti pris d’Imperial est de proposer une grosse entame qui verse dans une certaine surenchère, en tout cas articulée autour de trois titres basés presque exclusivement sur le même moule. Risqué mais payant car la qualité d’écriture est au rendez-vous : dès lors, l’album démarre sur une base en béton armé. On ne sait qui de “Lumerian”, “Deceiver” ou “Monarch” impressionne le plus, mais quitte à trancher, le deuxième emporte encore nos suffrages, plus léger, plus aérien, avec ces guitares en feed-back à contretemps et ce beau refrain vibrant d’émotion. “Sectarian” (sur Lykaia) vient de trouver son maître, d’autant qu’il se voit également surpassé par le bouillonnant “Lumerian” avec son superbe mariage cordes électriques bourrées d’effet - claviers planants ou encore par le musculeux “Monarch” entamé sur des sirènes d’alerte militaire annonçant un déluge de bombes seulement interrompu par un pré-chorus en apesanteur qui débouche sur un refrain précieux.


C’est à l’écoute d’un titre comme celui-ci que l’on mesure toute l’importance de compter dans ses rangs un batteur d’exception : Mendez peut y démontrer toute sa maîtrise, mais aussi son emprise sur la mélodie. Et comme si cela ne suffisait pas, le cogneur en chef en rajoute une couche un peu plus loin avec le percutant “Antagonist”, intenable dans son carcan de frappes de caisses pétaradantes, seulement aéré par son court pont à la Tool - on ne se reniera jamais totalement. Sans doute le titre où le batteur a le plus le loisir d’exprimer son impressionnante palette rythmique, d’autant que l’air suit et qu’Ekelöf lui tient la dragée haute au micro. Cinquième mid-tempo carnassier, “Dissident” en impose un peu moins que les quatre titres précédents, malgré la petite originalité apportée par son long pont en forme d’armistice transitoire. Sans doute le titre le moins inattaquable du lot mais uniquement parce que la barre a été placée très haut précédemment, d’autant que lui aussi jouit d’un traitement de guitare en nette hausse par rapport aux albums d’avant.


Car c’est un point important qu’exposent ces titres coups de poing : la guitare de Soen commence enfin à prendre ses aises, et si Cody Ford ne brillait pas vraiment par sa présence sur Lotus (hors riffs que l’on sait composés par d’autres et en dehors du superbe morceau titre de ce n°4), on le sent ici plus à l’aise et autrement mieux exploité, avec des parties solistes nettement plus nombreuses qui, à défaut de se montrer furieusement personnelles, ont le mérite d’aérer le rock ultra-dense de Soen et de l’ouvrir à une émotion plus rock que metal. Exemple mis en pratique avec brio sur le très joli “Illusion”, première et seule vraie balade du disque qui ne s’articule qu’autour de ce seul instrument ou presque. Ford montre ici qu’il sait se montrer autrement plus intéressant que ses deux prédécesseurs, Joakim Platbarzdis et Marcus Jidell. Larz Åhlund, quant à lui, reste discret derrière ses claviers, ne s’exprimant vraiment que sur un “Modesty” où il marie intelligemment son instrument avec la chape métallique du groupe, ou encore sur le très lyrique mais non moins émouvant “Fortune”, conclusion enflammée sur laquelle Joel Ekelöf brille plus que d’ordinaire par les contrastes qu’il apporte au morceau. A signaler, dans cet ultime morceau, une charnière centrale guitare-piano-voix apaisée tout bonnement somptueuse.


S’il y avait un petit (tout petit) reproche à formuler, ce serait au sujet de la basse dont la place s’est nettement rétrécie sur cet opus-ci : le nouveau venu (oui, les gratteurs de corde ont la bougeotte chez Soen), Oleksii 'Zlatoyar' Kobel, s’entend beaucoup moins que ses prédécesseurs. Mais qu’importe, finalement, si la moins-value n’apparaît pas primordiale, et c’est bien le cas ici. On ne va pas se mentir : Imperial ne révolutionne absolument pas le style Soen, il se contente - et c’est déjà énorme - de le magnifier, de le pousser dans ses ultimes retranchements. Le disque impressionne par sa maîtrise, son perfectionnisme et son ambition, preuve que les suédois n’ont pas peur d’assumer crânement leur style et leur différence. Coup de maître qui n’est donc pas un coup d’essai, ce n°5 n’aura pas grand mal à séduire les adeptes d’un metal prog aux autours altiers et épiques. Attention toutefois à la suite, car il ne faudrait pas que les suédois se contentent de tourner en rond en essayant d’améliorer encore leur savoureuse sauce, car on gage que, cette fois-ci, leur quintessence a été atteinte. Qui vivra verra, ceci dit...

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