↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Screaming Trees


Other Worlds


(00/03/1986 - Velvetones - Grunge - Genre : Rock)
Produit par Steve Fisk

1- Like I Said / 2- Pictures In My Mind / 3- The Turning / 4- Other Worlds / 5- Barriers / 6- Now Your Mind Is Next To Mine
Note de /5
Vous aussi, notez cet album ! (0 vote)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 2.0/5 pour cet album
"Les débuts des Trees. Ouais..."
Nicolas, le 22/08/2023
( mots)

Ne surtout pas s’arrêter à des débuts pas folichons. Si cet adage se doit être gardé en tête lorsque l’on aborde un groupe que l’on ne connaît pas, il faut particulièrement l’appliquer quand on s’attaque à un effectif estampillé “grunge”. À de très rares exceptions prêt (Pearl Jam, mais est-ce un “nouveau groupe” à l’époque de Ten ? Non bien sûr), les premiers émoluments de la scène de Seattle et apparentés ne cassent pas vraiment la baraque, et ceux des Screaming Trees n’échappent pas à la règle.

Les Trees constitueraient presque une anomalie cosmique. Pensez qu’il s’agit du premier groupe de la scène alt-rock régionale à bénéficier d’un authentique enregistrement studio - Other Worlds est couché sur bande un peu avant Melvins! mais paraît un peu après - alors qu’ils végètent à Ellensburg, autant dire le trou du cul du monde. Prenez Seattle, dirigez-vous au sud-est, roulez 1h30, franchissez la chaine des Cascades, pénétrez dans le désert et vous y êtes : rien à voir avec les faubourgs pluvieux et gorgés de brouillard de Rain City. Ici on se les caille en hiver et on étouffe en été, et sans un pouce d’eau ou presque. S’il n’y avait pas eu d’université à Ellensburg, c’est bien simple : la ville se résumerait à un hameau. C’est donc dans ce bourg sans envergure de l’état de Washington que les Screaming Trees voient le jour, soit un ramassis de bras cassés vaguement intéressés par le rock psyché. Entre un batteur gringalet qui carbure au shit (Mark Pickerel), un duo de frangins guitariste et bassiste obèses (Gary Lee et Van Conner) qui n’arrêtent pas de se foutre sur la gueule et un chanteur patibulaire à l’alcool mauvais (Mark Lanegan) qui enchaîne les séjours en taule pour trafic de dope tout en fichant la trouille à tout le monde en ville, avouez qu’on ne part pas avec tous les atouts en main. Et pourtant l’alchimie opère, et voilà le quatuor qui répète consciencieusement dans l’arrière boutique des parents Conner, New World Video, tandis que les quatre pieds nickelés s'alternent au comptoir pour accueillir les clients. Là-dessus, on ne sait foutre pas pourquoi un type comme Steve Fisk, sommité de la northwest coast côté instru et production, est allé s’enterrer à Ellensburg pour créer Velvetone Records. Alors qu’il n’existe encore quasiment rien à Seattle (Sub Pop est à l’état embryonnaire, C/Z Records bat de l’aile avant même d’avoir décollé), voilà que le salut de la scène naît littéralement au milieu de nulle part. Les mystères du karma, sans doute.

Moyennant quoi, Other Worlds, premier EP des Trees, ne vole vraiment pas à six mille pieds. On reste dans une veine rock psyché très classique, ça sonne clair et aéré, Lanegan chante plutôt bien - sans avoir le grain de granit qu’on lui connaîtra plus tard, les textes versent dans la déréalisation goguenarde, mais on baille un peu aux corneilles en l’écoutant. Du riff unique assez sommaire, de l’écriture qui fait même parfois l’impasse sur le refrain (“Barriers”), un peu de wah-wah et de teintes hindoues pour faire style (“Like I Said”), des soli de guitare basiques et glandouilleurs… ouais. C’est mou, ça n’accroche pas l’oreille. On pense aux The Doors, bien sûr, mais dans ce registre ni les Trees ni Lanegan ne tiennent la dragée haute à Jim Morrison et à sa clique. Rien de fou là-dedans, clairement, mais rien à voir en tout cas avec les rares enregistrements cradingues de Seattle à avoir déjà vu le jour à l’époque. Ici, au moins, ça fait un minimum “pro”. Un minimum. Note : le niveau va très vite s’envoler avec un premier album, Clairvoyance, qui va envoyer un peu plus de pâté à peine quelques mois plus tard. Persévérer, qu’on vous dit.

PS : pour la petite histoire, le nom Screaming Trees n’aurait rien à voir avec la fameuse pédale d’effet selon Gary Lee Conner. Le groupe aurait dû s’appeler Screaming Freaks, et puis il y avait pas mal de forêts à côté d’Ellensburg et finalement les arbres ont remplacé les cassos. Reste que Van Conner est allé raconter à tous les journalistes qui voulaient bien l'entendre que leur patronyme était un hommage à une pédale. Pour faire marner son frangin, peut-on imaginer…

PS 2 : pour l'anecdote, les Trees étaient tellement blaireaux qu'ils ne savaient pas ce qu'était un studio d'enregistrement. Lors des sessions de mise en boîte d'Other Worlds, ils ont déroulé leur set à la chaîne en jouant tous ensemble dans le box, comme s'ils devaient donner un concert privé face à la vitre et à un Steve Fisk médusé...


À écouter : ou pas.

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !