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Critique d'album

Scars On Broadway


Scars On Broadway


(28/07/2008 - Interscope - pop-rock downien - Genre : Rock)
Produit par

1- Serious / 2- Funny / 3- Exploding/Reloading / 4- Stoner Hate / 5- Insane / 6- World Long Gone / 7- Kill Each Other/Live Forever / 8- Babylon / 9- Chemicals / 10- Enemy / 11- Universe / 12- 3005 / 13- Cute Machines / 14- Whoring Streets / 15- They Say
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Malakian fait du pop rock tandis que le neo metal se meurt : amusant, non ?"
Nicolas, le 28/11/2008
( mots)

Le neo metal est malade, mes amis. Gravement malade, et probablement même en phase terminale. Pourtant, il n'y a encore pas si longtemps de cela, ce courant mal aimé des rock critics causait des ravages considérables dans une certaine frange de la population, frange plutôt jeune et qui n'avait pas été contaminée par le metal à papa, Four Horsemen, piliers de la NWOBHM et autres destroyers antiques. Alors que les chevelus des 80's continuaient autistement à branler leur manche devant un parterre de vieux fans ourdis à leur cause, c'est une curieuse faune bigarrée, baggy cool de rigueur et casquette à l'envers vissée sur le crâne, qui effectuait un rapt en règle sur toute une jeune génération adepte de sensations fortes. La fin des 90's laissait présager les meilleurs auspices pour ces nouveaux venus qui se voyaient bien, pourquoi pas, extirper de leurs chapelles fortifiées les derniers disciples du Dieu heavy metal. Même Metallica s'était piteusement laissé aller à des penchants nü metal à peine voilés sur le navrant St Anger. Mais voilà : la roue tourne, et le paysage actuel du neo metal semble désormais en perdition.

Jugez plutôt : Limp Bizkit agonise à n'en plus finir (une reformation serait même envisagée en guise de suicide collectif), Linkin Park travaillerait sur un concept album (on ne rit pas, s'il vous plait) après s'être fourvoyé par le biais de l'ignoble Minutes To Midnight, 30 Seconds To Mars vient de s'embarquer dans un procès hasardeux dont le groupe risque de ressortir exsangue, et Lostprophets n'en finit plus de repousser la sortie de son quatrième effort alors que son batteur vient de claquer entre les pattes de ses congénères. Et quand on voit la taille de la mèche et l'épaisseur du rimmel de Ian Watkins, on ne peut qu'être inquiet quant à l'orientation prise par les prophètes perdus. Vous en voulez encore ? Mudvaine et Machine Head ont depuis longtemps quitté le nü navire, de même que Papa Roach. Slipknot n'arrive plus à se renouveler, même si le groupe continue à bien se vendre (faute de concurrence valable, probablement). Korn est en pause pour une durée indéterminée, chacun des membres se satisfaisant au plus haut point de son side project de seconde zone. Incubus, itou, mais sans side project. Rage Against The Machine, n'en parlons même pas (inutile d'aborder les sujets qui fâchent). Seul Deftones semble encore actif et continue à susciter un intérêt soutenu, mais chacun sait que ce groupe a depuis longtemps tourné le dos au courant auquel il a été rattaché à ses débuts. Oui, vraiment, la situation du neo metal fait peine à voir, en cette année 2008 faste en come-backs triomphaux de la part de tous les piliers du hard rock et du heavy metal traditionnel.

Et System Of A Down, me direz-vous ? Justement, parlons-en, de System. Même si leur dernier diptyque était moins convaincant que leurs fulgurantes roquettes inaugurales, on les voyait bien lutter jusqu'à ce que mort s'en suive contre ce raz de marée old school. Or vous connaissez tous la situation actuelle des arméniens à poil dru : System est... en pause (tiens, comme c'est étrange). Et derrière des paroles rassurantes visant à convaincre leur garde rapprochée de fans que le groupe n'en a pas encore terminé avec le metal, tout le monde a bien deviné que les tensions grandissantes entre Tankian et Malakian rendaient ce break indispensable. Difficile pour Tankian d'accepter la mainmise exponentielle du guitariste-compositeur sur le groupe. Difficile pour Malakian de jouer les éternels seconds rôles, même si Mesmerize/Hypnotize laissait entrevoir une participation bien plus affirmée de ce dernier au chant. Résultat des comptes : une bisbille, une pause d'une durée indéterminée et deux side projects. A ma gauche, Serj Tankian en solo s'est focalisé avant tout sur ce qu'il avait de meilleur : son organe (Elect The Dead, très bientôt sur albumrock). A ma droite, Daron Malakian et John Dolmayan se sont embarqués dans un side project électro-néo-métallo-pop rock (Scars On Broadway, maintenant sur albumrock). Et au centre, Shavo Odadjian, seul et au chômage technique, se tourne les pouces en attendant que l'orage passe. Ceci dit, vu la façon dont Malakian l'avait évincé des derniers enregistrements studio de SOAD, pas étonnant qu'il ait refusé de jouer les potiches pour son orgueilleux condisciple. Bonjour l'ambiance.

Autant l'avouer tout de suite, à albumrock, on ne s'est pas franchement étripés pour chroniquer ce disque. Et maintenant que la sortie de l'album date de quelques mois et que ce dernier a eu le temps de se faire descendre en flèche par à peu près tout le monde, la situation ne s'est pas améliorée. De fait, difficile de conceptualiser cette tentative d'émancipation de Daron Malakian autrement que comme une moins value. Prenez System Of A Down, retirez lui sa folie et sa voix emblématique (Tankian), éliminez les distorsions, divisez le volume des amplis par deux, et vous voilà avec Scars On Broadway, formation qui a été clairement envisagée comme une rupture avec la maison mère et qui a été orientée par son concepteur dans une direction nettement plus accessible pour le grand public. Le pire, c'est que le gnome arménien n'est même pas allé jusqu'au bout de sa démarche, car les meilleures chansons de l'album sont... celles qui se rapprochent le plus du son et de l'esprit de System ("Exploding/Reloading", ou encore le déjanté "Stonerhate"). Malakian pousse même sa schizophrénie au point de mélanger sur quelques titres des passages metal burnés et des saillies pop sirupeuses (comme au sein de l'introductif "Serious", bien curieuse entrée en matière). De quoi écoeurer les vieux amateurs de nü metal mais également de quoi effrayer ceux qui ne supportent pas les décibels, d'autant que le disque se trouve classé dans le rayonnage "metal" de nos meilleurs disquaires alors que sa tonalité n'a plus grand chose à voir avec ce courant musical. Par dessus le marché, Malakian n'a pas vraiment la cote parmi les amateurs de SOAD, étant ouvertement tenu pour responsable de la dégradation progressive des albums de sa formation princeps. Or ce disque est assurément ce qu'il pouvait commettre de pire pour donner du grain à moudre à ses détracteurs.

Pour toutes les raisons précédemment évoquées, Scars On Broadway est un mauvais album de neo metal. Amateurs de System, passez rapidement votre chemin sous peine de devoir faire face à une déception monumentale. Ceci étant posé, retournons complètement la situation et plaçons-nous désormais sur un versant pop rock. Mettons nous à la place de ceux qui apprécient une musique pop musclée (mais pas trop), de belles mélodies et quelques bidouillages électro-rock. Et bien là, force est de constater que l'album tient plutôt bien la route, à la condition que l'on veuille bien passer outre quelques désagréments. Hormis le cas "Exploding/Reloading" - "Stonerhate", il faut parvenir à supporter quelques morceaux vraiment faibles, comme le putride "Funny" qui plombe complètement le début de l'album, ou encore l'atroce "Universe" au sein duquel les inflexions nasillardes de Malakian s'avèrent rapidement insupportables. Ceci est d'autant plus navrant que l'album est long (15 titres) et qu'il aurait pu être facilement raccourci. Par contre, le milieu de la galette s'avère très intéressant. Si "Insane" est un peu léger, "World Long Gone " possède une grande force mélodique et une construction en dent de scie assez remarquable. Pareil pour le lyrique "Kill Eachother / Live Forever" ou le dérangé "Chemicals", dont les refrains entraînants se laissent facilement reprendre à tue-tête. "Babylon" n'est pas déplaisant et parvient à imposer son rythme rampant grâce à un crescendo maladif et à une rythmique rapidement survoltée, tandis que "Enemy" lorgne carrément vers les Klaxons et autres CSS par son électro-rock balancé et catchy. Au demeurant, Malakian ne se sort pas trop mal non plus de l'épreuve de la balade, et ses "3005" et "Whoring Streets" parviennent aisément à faire oublier le côté mielleux d'un certain "Lonely Day". Pour finir, si "Cute Machine" ne saurait être vu autrement que comme un Nine Inch Nails du pauvre, difficile de rester insensible devant la force quasi-militaire du single "They Say", lequel aurait certainement gagné à être placé plus tôt dans la playlist.

En définitive, s'il y a vraiment quelque chose à retenir de cette livraison signée Daron Malakian, hormis un album pop rock honnête mais loin d'être transcendant, c'est que celle-ci ne fait que confirmer une tendance qui se dessine depuis quelques mois et qui devrait conduire, dans quelques années (peut-être moins), à la disparition programmée d'un neo metal qui ne parvient plus à s'assumer lui-même. Quant à savoir vers qui vont se tourner les amateurs de gros son, eux qui sont les laissés pour compte de la décennie précédente, la question reste ouverte. Car ce public existe et n'attend rien d'autre que d'être captivé par le premier venu. Pourtant le heavy metal reste toujours aussi hermétique, et le stoner rock toujours aussi confidentiel. En cette fin de décennie, il ne nous reste plus qu'à guetter l'esquisse d'une nouvelle tendance heavy, à moins que les jeunes générations ne sombrent à corps et à cris dans l'emo-rock. Mieux vaut ne pas jouer les oiseaux de mauvais augure...

Commentaires
dups, le 14/05/2021 à 16:32
Album très bon, critique médisant...