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Critique d'album

Red Hot Chili Peppers


Blood Sugar Sex Magik


(24/09/1991 - Warner - Funk-Rock - Genre : Rock)
Produit par Rick Rubin

1- The Power Of Equality / 2- If You Have To Ask / 3- Breaking The Girl / 4- Funky Monks / 5- Suck My Kiss / 6- I Could Have Lied / 7- Mellowship Slinky In B Major / 8- The Righteous & The Wicked / 9- Give It Away / 10- Blood Sugar Sex Magik / 11- Under The Bridge / 12- Naked In The Rain / 13- Apache Rose Peacock / 14- The Greeting Song / 15- My Lovely Man / 16- Sir Psycho Sexy / 17- They're Red Hot
Note de 5/5
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Note de 5.0/5 pour cet album
"Le manifeste rock-funk ultime."
Maxime, le 28/05/2006
( mots)

"One, two…one, two three, four". Suivent quelques accords gratouillés sur une batterie métronomique. Puis une basse goulue s’enroule comme un boa sur ce squelette de chanson. Et c’est alors que l’on glisse sur une pente vertigineuse de 74 minutes. 4440 secondes pour faire exploser de plaisir l’auditeur sous les coups de reins effrénés de quatre lascars agités du gland. Blood Sugar Sex Magik aurait remplit deux vinyls s’il était sorti en 1970, alors qu'à cette époque les Beatles se séparent, Sly And The Family Stone conquiert l’Amérique après avoir secoué Woodstock l’été précédent et que Jimi Hendrix livre ses derniers concerts. Le voici, le double album ultime des Red Hot Chili Peppers, le manifeste esthétique rock-funk définitif. Tout y est. Rien à rajouter. Mais nous ne sommes pas en 1970. En lieu et place des Beatniks se tiennent des ados soit-disant paumés engoncés dans des jeans élimés, bercés par les hymnes rauques de Nevermind. Oui, en 1991, on tire salement la tronche. Qu’importe, les Red Hot grillent des shamallows fartés à la vaseline sur une plage de Miami.

À cette époque, les quatre californiens ont déjà vécu toute une existence de musiciens hédonistes, rythmée par les drogues, les parties fines avec des groupies peu farouches et un punk-rock loufoque coupé au funk salace. Ce joyeux bordel s’est soldé par la mort de leur premier guitariste, Hillel Slovak, et son remplacement par un de ses disciples, John Frusciante. Après 4 albums, le groupe arrive au terme de son contrat avec EMI. Leur dernier opus, Mother’s Milk, s’est vendu à un demi million d’exemplaires en 6 mois. D’un coup de dollar, les voilà devenus un beau parti. Virgin, Geffen et MCA sont sur le coup, Epic coiffant tout le monde au poteau en offrant 5,7 millions pour trois disques. Mais c’est finalement chez Warner que le quatuor ira s’ébattre. L’idée est de sauter le pas dans le grand bain. De passer de Rubber Soul à Revolver. Pour cela, la nouvelle maison de disque ne lésine pas sur les moyens, débauchant Rick Rubin, le célèbre patron barbu du label Def Jam, lequel a révolutionné le hip-hop new-yorkais (Beastie Boys, Run DMC, Public Enemy) et canonisé le metal extrême (Slayer, Danzig). Rubin emmène les Red Hot dans une luxueuse villa de Laurel Canyon, sur les hauteurs de Los Angeles (c‘est là, dit-on, que les Beatles ont pris leur premier acide). De Mai à Juin se tiennent des séances de répétitions aussi dionysiaques que créatives, seulement entrecoupées par l’arrivée du cinéaste Gus Van Sant, venu prendre des clichés pour le livret.

De ces jams homériques résulte un disque stupéfiant, obscène, groovy et lumineux, une espèce de Pet Sounds secoué du cocotier, sous le haut patronage de Sly Robbie. L’énergie des quatre lascars avait tendance à se disperser. Rubin la canalise à merveille, bâtissant des boulevards sur lesquels les musiciens livreront des parties d’anthologie. Véritable godemiché sonique, la basse de Flea dégueule des lignes vrombissantes ("Sir Psycho Sex"), charnues ("Funky Monks") et sautillantes ("Naked In The Rain"). John Frusciante inscrit son nom dans l’histoire du rock en lettres multicolores, truffant les compos de coups de génies hallucinants, que ce soit dans les riffs funky ("Blood Sugar Sex Magik"), les solos propres à donner des complexes à Jimi Hendrix (le final d’"If You have To Ask") ou les intermèdes ludiques (l’intro de "Mellowship Slinky In B-Major"). Ne serait-ce qu’effleurer une Stratocaster après avoir entendu de tels joyaux relève du blasphème. Keidis, chauffé à bloc par ces exercices virtuoses, prêche des incantations orgiaques comme un blanc blec défoncé au crack ("Suck My Kiss"), troquant d’un coup de piston son costume de rappeur frappadingue pour celui de chanteur pop déluré ("Breaking The Girl"). Aussi sobre qu’impeccable, Chad Smith fluidifie tout ce nectar, le distillant méticuleusement coups de caisse par tintements de cymbales.

Toute cette science ne vise qu’à un seul et même but. Canaliser et transmettre les vibrations ultimes. Lâcher ses soucis pour se fondre dans un maelström voluptueux et acide. Jeter ses fringues et courir à poil dans les rues, une plume dans le fondement. Give It Away, Give It Away ! Profond, dude… Tous les textes parlent de sexe, parfois de façon absurdement métaphorique mais le plus souvent avec une crudité toute explicite ("Suck My Kiss" devait s’appeler "Suck My Dick"). Mais le groupe sublime ses penchants obscènes par une redoutable écriture et réussit ce que Lennon avait fait avec "Imagine" : bercer les ménagères avec une chanson pop imparable au thème pourtant sulfureux, narrant le passé junkie de Kiedis, du temps où il se shootait à l’héroïne avec un dealer mexicain sous le périphérique de L.A. ("Under The Bridge"). Cette somme admirable se ferme sur un standard du bluesman Robert Johnson, "They’re Red Hot", complètement déglingué par le quatuor. Il est inutile de s’étendre à l’infini sur ce disque, autant se goinfrer de viagra alors qu’il suffit de compter "One, two…one, two, three, four".

Cette chronique est dédicacée à mon amie Julie, partie chercher les origines indiennes d'Anthony Keidis au Canada. Greetings, Pussycat !!

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