Porridge Radio
Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky
Produit par Porridge Radio
1- - / 2- Back To The Radio / 3- Trying / 4- Birthday Party / 5- End Of Last Year / 6- Rotten / 7- U Can Be Happy If U Want To / 8- Flowers / 9- Jealousy / 10- I Hope She's Okay 2 / 11- Splintered / 12- The Rip / 13- Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky
En 2020 nous découvrions avec enthousiasme Porridge Radio, un groupe au caractère bien trempé, qui avait su s’élever parmi les formations les plus excitantes de la scène britannique grâce à un solide deuxième album (Every Bad). En naviguant entre indie-pop et post-punk, le jeune groupe anglais mené par la charismatique chanteuse Dana Margolin, proposait une formule aussi incisive qu’émouvante rappelant par moment les belles heures de PJ Harvey, Pixies ou encore Pavement. Si l’album en question se démarquait par sa sincérité et le caractère acéré de son interprétation, entretenant une sorte de bipolarité douce-amère, l’approche pouvait parfois se montrer quelque peu anxiogène. Heureusement, on trouvait en Dana Margolin une formidable compositrice, qui malgré ses excès, exerçait un pouvoir presque magnétique sur son auditoire. Encore en recherche d’identité, nos amateurs de porridge ne lésinaient pas sur les expérimentations plus ou moins maitrisées (on se souvient encore de ce petit dérapage à l’auto-tune sur Every Bad) laissant la porte ouverte à de nombreuses possibilités pour la suite. Fort de son nouveau statut, le groupe de Brighton revient désormais avec un troisième opus pour le moins attendu, intitulé Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky. Un titre évoquant la “peur, la joie et l’infini” associé à une illustration inspirée de l’œuvre de l’artiste surréaliste Eileen Agar.
Dès les crissements de guitares de "Back to the Radio", nous replongeons dans cette ambiance électrique si caractéristique du combo britannique, dans laquelle surplombe le ton grave et mélancolique de Dana Margolin ; une voix singulière, qui dans son émotion bouillonnante ne peut s’empêcher de laisser échapper une certaine fébrilité authentique. Le groupe déballe peu à peu son rituel d’envoutement à travers une montée en intensité crescendo et de longues répétitions de textes (une démarche qui rappellera un certain Pineapple Thief), débouchant généralement sur un final explosif aux chœurs fédérateurs ("Birthday Party").
Si le début d’album reste dans la droite lignée de son prédécesseur, on découvre assez rapidement un Porridge Radio plus apaisé et confiant. On pensera au plus léger "Trying" qui en profite pour exposer de nouvelles sonorités (orgue) tout en se distinguant par son côté lumineux et entrainant. Le groupe nous livre alors de véritables pépites de mélancolie à l’image de l’intense "End of Last Year" ou encore du magnifique "Flowers" qui captive de bout en bout avec ses irrésistibles notes de piano évoluant sur un air de valse. Le groupe se met à nu à travers des compositions à la fois rêveuses et ardentes et enchaîne les pop-songs entêtantes. Si l’on peut instinctivement rapprocher cette nouvelle mouture de Porridge Radio à des artistes comme Sharon Van Etten ou Big Thief, c’est surtout du côté de Eels que la comparaison se fait la plus frappante. Difficile en effet de ne pas penser à la pop soyeuse de E à l’écoute de "Rotten", un titre qui ne dépareillerait pas sur un album comme Beautifull Freak (Eels, 1996). Plus accessible mais aussi plus ludique, la musique du quatuor sait également se montrer plus virulente à l’image des envolées post-rock de "Jealousy" ou des riffs particulièrement tranchants de "The Rip". Porridge Radio livre ainsi un disque varié et cohérent qui ne présente pas de réelle baisse de régime, et qui sera en mesure de capter l’attention jusqu’aux dernières notes délicates du morceau éponyme.
Avec ce troisième album, le groupe originaire de Brighton poursuit sa progression et confirme toutes les attentes qu’on avait pu placer en lui. Sans pour autant prendre de risques inconsidérés par rapport à sa précédente livraison, Dana Margolin et sa bande renforcent leur impact tout en montrant une version plus intime et apaisée de leur musique. Si l’illustration de la pochette peut évoquer l’ascension fulgurante du groupe depuis ses débuts (en 2015), il y a fort à parier que le grand plongeon annoncé sera vertigineux. Une chose est sûre, Porridge Radio n’a probablement pas encore montré toute l’étendue de son potentiel…
A écouter : "Rotten", "Flowers", "Splintered", "The Rip"