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Critique d'album

Opeth


Orchid


(15/05/1995 - Candlelight - Death metal progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- In The Mist She Was Standing / 2- Under the Weeping Moon / 3- Silhouette / 4- Forest of October / 5- The Twilight Is My Robe / 6- Requiem / 7- The Apostle in Triumph / 8- Into the Frost of Winter
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Une fleur du mal telle que vous ne l'avez jamais entendue"
François, le 03/03/2023
( mots)

Le tournant adopté par Opeth à la sortie d’Heritage et poursuivi depuis quatre albums, c’est-à-dire l’adoption d’une esthétique retro-progressive typée 1970’s et dépouillée de toutes les aspérités Death-Metal qui étaient jusqu’alors au cœur de l’esthétique du groupe, plaça le combo au cœur d’une polémique importante. Si les Suédois parvinrent ainsi à séduire un nouveau public hermétique au Metal extrême, ils s’aliénèrent par là même une partie de leur base originelle qui contesta ce choix. Notre rédaction illustre bien ce phénomène puisque seuls les quatre derniers albums ont été chroniqués et portés aux nues, alors que toute la première période d’Opeth a été, jusqu’aujourd’hui, négligée (à l’exception de notre Top 10 qui y fait écho). En effet, aucun rédacteur ne vient du public des scènes Metal les plus avancées, alors que le rock progressif plus classique rencontre ici plusieurs plumes attentives. Néanmoins, pour beaucoup d’entre nous, ces quatre albums ont été une porte d’entrée vers le reste de la carrière du groupe, et me voici à vous évoquer Orchid, le premier opus d’Opeth sorti en 1995.


Cette chronique souhaite remettre en perspective le débat autour du tournant esthétique d’Opeth réalisé dans les années 2010, et montrer que beaucoup de choses étaient déjà en germe. Point de fatalisme téléologique ici, nous avons conscience que rien n’était écrit, mais les grandes lignes de cette esthétique future étaient déjà présentes dès Orchid au point d’offrir une terre fertile qu’il convenait de cultiver. Bien sûr, l’autre enjeu est de mettre en avant un excellent album et d’inciter les non-initiés à découvrir la première période du groupe.


Pour cela, il me semble nécessaire de faire un petit détour historique et de replacer Opeth dans la scène rock de la Suède des années 1990. Le pays scandinave fut le berceau des musiques extrêmes, en particulier de la scène Death Metal qui s’y développa grandement et au sein de laquelle on a souvent inclus, à juste titre, Opeth – bien que sur ce premier album les ambiances comme le chant lorgnent davantage vers le Black.


Sauf que, la Suède fit également partie, avec les États-Unis et le Royaume-Uni (grâce au vrai décollage du néo-progressif dans les 1990’s), du renouveau progressif dans cette nouvelle décennie, qui faisait suite à des 1980’s assez dévastatrices pour le genre. La scène locale le fit sous une forme de revival 1970’s assez conservateur : les Flower Kings en sont la face la plus accessible, mais Anglagard, Landberk et Anekdoten représentent une dynamique vraiment jusqu’auboutiste. Inspirés par les grands noms de l’âge d’or dont ils empruntent les caractéristiques les plus ardues (King Crimson, Gentle Giant, Genesis ou Yes), ces groupes arborent également des aspects folks et froids issus du patrimoine suédois. Je pense qu’Opeth peut également être intégré dans cette histoire.


Tout d’abord, il faut souligner la forme que prend Orchid : à deux exceptions près, tous les titres atteignent voire dépassent les dix minutes et mordent presque le quart d’heure. Cela au profit de structures assez complexes, alignant des riffs et des atmosphères variés, même s’il faut avouer que les transitions sont parfois abruptes et que l’ensemble peut avoir un effet patchwork. Quoiqu’il en soit, la dimension Metal est bien présente, mais son corolaire progressif l’est tout autant.


Ainsi, "In the Mist She Was Standing" s’ouvre sur une introduction épique et mélodique en twin-guitars, bercée par l’influence d’Iron Maiden (voire du Power Metal) et plonge ensuite dans des passages clairement identifiés Metal extrême. Néanmoins, sa structure globale est belle et bien progressive, quant aux passages acoustiques (par exemple, le pont médiévalisant vers 11 minutes), inutile de les écouter très attentivement pour y entendre en germe, l’héritage du futur … Heritage. On pourrait dire la même chose des intermèdes de "Forest of October", un titre pourtant plus brutal par certains aspects, qui emploie des mélodies alambiquées qu’on retrouvera dans la version 2010’s du groupe. La meilleure illustration demeure l’introduction de "The Apostle in Triumph" : c’est presque du Jethro Tull sans la flûte, et ce jusqu’aux percussions, d’autant plus que les parties saturées mettent plusieurs minutes à s’imposer tandis que le titre reste très apaisé autour de son identité folk. On pourrait continuer avec l’excellentissime "The Twilight Is My Robe", terriblement mélancolique mais hypnotisant bien que décousu, où le chant clair accompagne des passages acoustiques quand il n’est pas remplacé par des lignes de guitare presque blues-rock. Terminons par les effluves atmosphériques de "Under the Wheeping Moon", planantes et éthérées, qui assoient définitivement la dimension progressive d’Opeth, à moins que ce ne soit la démonstration classicisante de "Silhouette" au piano … A côté de cela, on fera évidemment face à du growl, des riffs martelés, des passages plus speed et une batterie décomplexée – mais c’est une chose connue. L’association de ces deux aspects par contre, est ici mise en place avec une originalité rare pour l’époque, et tout se passe comme si le groupe avait voulu pousser ses deux substrats esthétiques le plus loin possibles tout en les tenants de front.  Le résultat est brillant.


Cette chronique est une invitation adressée à deux types d’auditeurs. Si, comme moi, vous avez découvert Opeth avec les quatre derniers albums et que vous pensez que tout le reste de leur carrière vous est inaccessible, ces quelques lignes devraient vous inciter à aller tendre l’oreille du côté d’Orchid. Si à l’inverse, vous êtes un puriste de la période Metal extrême (mais toujours prog’) du combo et que vous avez entendu avec beaucoup d’a priori les productions récentes, essayez de réécouter Orchid en vous disant que les traits esthétiques étaient déjà très présents dès la genèse du groupe, pour ensuite revenir à Heritage ou Sorceress. Par contre, si vous aimez Opeth du début à la fin, vous n’avez rien plus rien à apprendre …


À écouter : "In the Mist She Was Standing", "The Twilight Is My Robe" 

Commentaires
Steve, le 08/03/2023 à 09:41
Certainement l'album le plus opaque des Suédois. Notamment à cause de cet effet patchwork cité dans cette chronique (auquel fait référence Watershed, lui aussi peu avare en ruptures brusques et sonorités caressant l’auditeur à rebrousse poils). Et je suis d'accord avec cette chro, même sans le côté Death, Opeth reste Opeth, avec les riffs d'Åkerfeldt reconnaissables entre mille. Ma période préférée reste celle du triptyque Blackwater Park/Deliverance/Damnation (et pourtant, j'ai connu le groupe après), mais toute leur carrière est exemplaire.