
Mac Demarco
Guitar
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1- Shining / 2- Sweeter / 3- Phantom / 4- Nightmare / 5- Terror / 6- Rock And Roll / 7- Home / 8- Nothing At All / 9- Punishment / 10- Knockin / 11- Holy / 12- Rooster


Quel malheur a bouleversé la vie de Mac Demarco, l’extravagant chansonnier du Canada, pour qu’il se mettre à composer un nouvel album intimiste et mélancolique si pragmatiquement intitulé Guitar ? Sortie il y a quelques jours, sa nouvelle proposition est légèrement en rupture, du point de vue thématique, avec les précédents épisodes. Les amateurs peuvent se rassurer, il n’est pas question de révolution sonore dans ce changement de paradigme, l’artiste en profite simplement pour livrer une facette plus introspective de lui-même.
Bien que les relations humaines, amicales ou amoureuses soit un sujet que Mac ait déjà fréquemment abordé à travers sa discographie, c’est son rock n roll qui semble avoir changé de ton pour traiter le sujet. En fait, il semble bien ne plus y avoir de rock n roll du tout. Sauf peut-être dans le titre « Rock n Roll », bien loin du night-club, où Mac semble s’être isolé chez lui pour ironiser un peu, comme à son habitude, sur la musique qu’il compose. Cependant on retrouve à travers ce titre, comme sur l’ensemble de l’album, un soupçon d’amertume qui semble s’être immiscé à travers l’écriture du guitariste. Ce n’est peut-être plus seulement de l’ironie. Les choses dont Mac parlent pourraient l’avoir désabusé davantage qu’il écrivait autrefois son désir pour Annie ou réfléchissait aux enjeux de la vieillesse avec This Old Dog (2017), « Sweeter » et « Punishment » en sont de bons exemples mais surtout « Terror » et « Home ».
Il est vrai que l’adoption des rythmes ouverts à l’acoustique sur fond d’accords de septième n’est pas chose nouvelle pour le musicien, en revanche les atmosphères de réverbération caractéristiques de sa musique semblent être passés à la trappe. Moins d’éther, plus de nu. Sans son bassiste et son batteur, on croirait presque à un genre d’Elliott Smith jouant de la rumba. L’empreinte de son expérience instrumentale Five Easy Hot Dogs (2023) est encore bien présente, de la même manière que l’instrumentation incorpore une nouvelle fois des bâtons de pluie. Un détail qui rajoute de la douceur à ces ambiances déjà tranquilles parsemées çà et là de leads taquins.
Si les compositions du canadien et de ses quatre autres musiciens n’ont pas tant évolué ces derniers temps dans leur structure, ce nouveau florilège a le mérite de conserver une certaine pertinence au vu de la sincérité des questionnements qu’il exprime. En outre, même si objectivement Mac Demarco ne bouleverse pas les codes de son propre genre, ce dernier démontre une fois de plus sa capacité à inventer de belles mélodies qu’il sait parfaitement arranger avec l’aide de ses compères, sans avoir besoin de réinventer entièrement la recette. Quoi qu’il en soit notre showman, qui aime plaisanter à se faire appeler Daddy en concert, sera présent en décembre pour une date attendue à la Salle Pleyel où il aura l’occasion de défendre cet album. Affaire à suivre.