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Critique d'album

Island


Feels Like Air


(06/04/2018 - Frenchkiss Records - Pop Rock atmosphérique - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Ride / 2- Try / 3- The Day I Die / 4- Something Perfect / 5- Interlude / 6- Horizon / 7- Moth / 8- We can go Anywhere / 9- God Forgive / 10- Feels like Air / 11- Lilyflower
Note de 4.5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Bouffée d'air frais imparable, à respirer à pleins poumons"
Maxime L, le 14/11/2020
( mots)

Les albums ne sont pas décidément pas tous égaux face à une froide première écoute. Si certains disques ont besoin de tourner trois, quatre, voire bien plus pour que l'oreille daigne s'accrocher à un début de mélodie ou un arrangement, d'autres sont comme habités de lumière, et se révèlent instantanément, non pas parce qu'on les a déjà entendus, mais parce qu'ils sonnent comme une évidence.


"Feels like Air " est de cette trempe là. Premier disque de 4 jeunes britanniques, bien nommés Island, même si ce patronyme finalement assez générique peut amener vos recherches internet sur d'autres formations homonymes, de rock progressif en Suisse, ou d'indie-folk au Québec. Rollo Doherty (chant, guitare), Jack Raeder (guitare), James Wolfe (basse), Toby Richards (batterie), là encore des noms on ne peut plus anglais, Londoniens originaires d'Oxford, nous livrent un premier vrai album après 2 EPs, "Girl" et "A place you like", sortis respectivement en 2015 et 2017.


Si les 2 EPs étaient tout à faits enthousiasmants, avec des compositions solides et oeuvrant quelque part dans la veine des Kooks (notamment grâce au timbre de voix de Doherty), rien ne les faisait forcément se démarquer du reste de la bouillonnante scène rock anglaise.


Les membres d'Island, pour ce "Feels like Air", se réfugient dans leur région d'origine, aux alentours d'Oxford et décident d'enregistrer 11 nouveaux titres, ne tombant pas dans la facilité de recaser ni vu ni connu un ou deux morceaux des EP précédents. L'idée du groupe est de tenter de retranscrire leur "énergie" live (énergie entre guillemets ici car à prendre au sens "vibrations"), en évitant l'écueil d'arrangements trop complexes ou de nappes de synthés impossibles à reproduire en concert.


Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette cohérence, cette cohésion, se ressent tout au long des onze pistes. Et si cela peut amener quelques bémols, nous y reviendrons, nous sommes dès la première écoute happés par l'ambiance du disque, que l'on commence par le titre inaugural "Ride", ou par le premier single de l'album "The day I Die", qui a bénéficié à sa sortie d'une (relative) exposition.


Dans les choses qui sont parfois complètement irrationnelles et qui nous font tant aimer la musique, il y a cette faculté qu'ont certains disques à évoquer une ambiance, marquée, palpable, voire une saison avec ses propres sensations et senteurs, le tout "juste" avec des instruments, des mots et une voix. Alors oui, l'artwork et le nom de l'oeuvre jouent peut être un rôle inconscient dans notre façon de visualiser des sons, mais oui ce "Feels like Air" est une incroyable bouffée d'air frais. Un air froid, mais qui n'est aucunement hostile. Une brise légère, vivifiante, des premières tombées de neige hivernale, de celles qui nous donnent envie de sortir, libres, goûtant à bouche que veux-tu les flocons tombant à la volée.


C'est cette sensation, douce et délicate, que l'on éprouve à l'écoute des premières chansons de l'album, entre volonté de respirer à pleins poumons les arabesques harmoniques de "Ride", et cette petite pointe de mélancolie, symbolisée par l'utilisation des effets de reverb et de delay (que certain·e·s trouveront peut être un peu trop systématiques) sur certains morceaux, leur donnant un aspect shoegaze qui serait très éthéré.


"Leur musique est à la fois explosive et atmosphérique. Des variations gigantesques se construisent émotionnellement avec du blues ambiant et une écriture captivante immersive", voici la traduction de la description présente sur leur site internet." Aucun doute pour l'aspect immersif et atmosphérique. Pour ce qui est du blues, voyons y plutôt une sorte de spleen polaire, qui sera plus en phase avec le décor global.


On arrive rapidement au premier temps fort de l'album, le single "The Day I die", ce titre étant d'ailleurs, et de loin, la pièce de choix du disque, avec ses lignes de guitares aériennes pleines de réverb et cette voix sur le fil, éraillée, rappelant ici davantage Liam Gallagher d'Oasis que Luke Pritchard des Kooks. Si le texte peut paraitre un peu simpliste et adolescent, difficile de ne pas mordre à l'ambiance générale, à la fois légère et grave, et qui saura à coup sûr, s'instiller durablement dans vos oreilles.


Si le chant de Doherty nous évoque Liam Gallaher, de par sa légère saturation, il sait nous transmettre bien plus d'émotions, et n'a pas l'aspect tête à claques désabusée du geignard de Manchester. Les chansons s'enchainent sans réellement de temps faible, et si on peut noter certaines redondances ("Something Perfect") dans les thèmes musicaux, c'est très bien exécuté et très bien produit, laissant chaque instrument prendre sa place tranquillement, au fil de l'eau.


On est davantage face à une pop éthérée septentrionale que devant un album de rock anglais. Ici point de bruine londonienne, mais toujours ce souffle d'air frais, presque nordique, laissant poindre des tentatives plus planantes, comme sur "Interlude", qui s'enchaine merveilleusement avec "Horizon", qui sous son intro aux faux airs de U2 est une autre excellente chanson, à la fraîcheur mentholée et qui fait la part belle à l'interprétation impeccable de Rollo Doherty. Percussions qui résonnent, accords de guitares qui s'envolent dans les nuages, voix lancinante qui s'élève au dessus du brouillard, la recette est souvent la même, mais elle fait mouche à chaque fois, que ce soit sur "We can go anywhere" ou sur la très réussie "God Forgive" et son ambiance Foalsienne. Island ne réinvente jamais la roue, mais ils ont le mérite de nous transporter, littéralement, 43 minutes durant, dans un périple à la fois glacial et solaire, et si on peut légitimement regretter une trop forte homogénéité (beaucoup de morceaux se ressemblent), avec "Feels like Air" on voyage, on vit et on vibre, au rythme de cette belle odyssée contemplative.


Le groupe s'est depuis fait assez discret, malgré un EP "When we're still" convaincant l'an dernier, et surtout une extraordinaire reprise de Crowded House, sans malheureusement montrer de signes d'un éventuel futur album. On espère en tout cas que l'expédition ne s'arrêtera pas ici, et que la prochaine escale sera au moins aussi intense que ce magnifique "Feels like Air".

Commentaires
DiegoAR, le 15/02/2021 à 09:16
Très belle chronique, dont je partage l'enthousiasme ! J'ai découvert grâce à toi et ai pris une grosse tarte meringuée dans la tronche... Y compris avec le premier EP que je suis allé écouter aussi ! Merci Maxime