Franz Ferdinand
Right Thoughts, Right Words, Right Action
Produit par
1- Right Action / 2- Evil Eye / 3- Love Illumination / 4- Stand on the Horizon / 5- Fresh Strawberries / 6- Bullet / 7- Treason! Animals. / 8- The Universe Expanded / 9- Brief Encounters / 10- Goodbye Lovers And Friends
Des années qu’ils ne nous avaient pas donné de nouvelles. Disparu de la circulation radicalement, Franz Ferdinand s’était fait la belle après un dernier album peu apprécié même si plutôt appréciable, Tonight en 2009. Après des rumeurs de séparation (les frontmen Alex Kapranos et Nick McCarthy n’ont jamais vraiment pu s’encadrer), on s’était fait à l’idée de ne plus jamais voir leurs trombines de jeunes premiers. Las ! On se voyait déjà réduits à ressortir de derrière la commode leur tube générationnel "Take Me Out" pour les fins de nuits (dansantes) et de soirées karaokés (chantantes donc) en manque d’inspiration. Car qu’on les aime ou non, les Franz Ferdinand ont le don de faire remuer les foules. N’ayant jamais eu la prétention de faire autre chose de toutes façons, le créneau de la bande à Kapranos c’est des musiques imparables, catchy, saupoudrées d’une distance cynique façon tartan. Profitant de l’année 2013, véritable année des come back musicaux, les écossais reviennent avec un album au nom à rallonge Right Thoughts, Right Words, Right Action et à l’artwork caractéristique de leurs débuts. Les nostalgiques seront ravis: dépouillée, sans chichis, allant à l’essentiel, c’est toujours la même recette qui est appliquée. Un réel retour aux glorieuses années 2004-2005 qui signaient aussi à l’époque le "renouveau" du rock avec des Bloc Party, White Stripes et autres Editors.
On ne va pas se mentir, on est tout de même un peu excités lors de la première écoute, à l’idée de renouer avec la bonne humeur immédiate de leurs ritournelles pop incisives. Aidé de plusieurs producteurs dont Joe Goddard de Hot Chip, le groupe est en quête de grand coup de frais, d’enthousiasme charmant de groupe débutant. Passés les deux titres déjà pré-diffusés avant la sortie de l’album ("Right Action" aux guitares à ressorts et "Love Illumination" au swing cuivré), se démarquent d’autres rouleaux compresseurs cochléaires. Pour exemple : le louvoyant "Evil Eye" avec le cri d'intro de coq égorgé (écho direct à "This Is Radio Clash" du Clash) qui se répercute aux sons de chœurs bien sentis et de tas d’effets percutants. Plus loin, "Bullet" est aussi transperçant qu’on bon vieux tir à la carabine -ou qu’un riff aigu des Strokes- et la preuve que ce quatrième album est un véritable miroir des succès du passé, puisqu' on a l'impression ici de ré-entendre "Cheating on You" (Franz Ferdinand). Idem pour "Treason! Animals" qui va piocher du côté de "Evil and a Heathen" (You Could Have It So Much Better). Du rock mitraillette qui fait s’enchainer les pistes comme un charme. Certains titres vont davantage chercher dans la retenue et la sensiblerie délicate rosbif: "Fresh Strawberries" (clin d’œil à leur "Elenor Put Your Boots On") qui rappelle les Fab Four, et même parfois Ash, parce qu’on rappelle qu’il est de bon ton de sonner 90ies ces temps-ci. Au niveau des paroles, point de surprise, ça veut toujours autant rien dire et c’est plein d’humour gouailleur: "But how can we leave you/To a Saturday night or a Sunday morning/ Good morning" ("Right Action"). Le tout jamais loin de Orange Juice et de Gang of Four pour un post-punk revival en bonne et due forme et qui démontre encore aujourd’hui son efficacité. Leur talent de musicien et de chanteur n’a pas beaucoup évolué, leur coiffure méchée non plus, mais force et de constater que les Franz Ferdinand sont invariablement sympas et font bien leur job même si l’ensemble de l'album est aussi droit et prévisible qu’une autoroute. Dix ans après leurs gimmicks imparables de "Take Me Out" et "Michael", le groove du groupe est inchangé, bien que plus précis. Le rock préserve certes mais n’empêche pas de vieillir, et une douce sérénité /maturité donne une teinte flatteuse à ce 4ème opus.
10 titres, soit 35 minutes. Après une si longue pause, on ne peut pas dire qu’ils se soient surpassés. Un peu fainéants mais finalement intelligents, Alex et son rock band ont su cependant garder une ligne directrice musicale honnête. Ils auraient pu virer électro, ils auraient pu virer disco, ils auraient pu virer bobo-cyclo (nouveau genre inventé). Bah non, rien de tout ça. Restant dans leur groove festif, le quatuor a réussi le louable tour de main de ne pas devenir une caricature de lui même, mais c’est pas passé loin. Ecouter le dernier album des Franz Ferdinand c’est comme manger le plat dominical réchauffé , c’est gouleyant mais pas renversant. Right sound, right boys, right album.